Chapitre XXVII ~ Un vieux bouquin décrépit

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Hermione respirais un air nouveau, un air de printemps. Les oiseaux chantaient et des fleurs naissaient ici et là, répandant un parfum suave et délicieux.
Nous étions un dimanche de mars, et elle devrait bientôt rejoindre Malefoy dans la Salle sur Demande. Hagrid étant parti en Allemagne il y a peu, le Trio d'Or avait donc été chargé de s'occuper de sa "petite" protégée. D'ailleurs, Ron et elle revenaient de la Forêt Interdite ; ils avaient lancé maladroitement quelques pièces de viandes crue à la chimère, qui semblait apprécier ses victuailles puisqu'elle les dévorait avec appétit en ne laissant que les os. Harry n'avait pas pu venir à cause de la retenue qu'il s'était pris en DCFM, qui consistait à astiquer la classe de fond en comble.

La Gryffondor repensa à la première fois que leur trio avait pénétré dans l'enclos de fortune et aperçu la curieuse bête. Les garçons avaient d'abord écarquillé les yeux, puis avaient tenté de la caresser en tendant des mains hésitante vers elle. Quand Dandelion avait émis un rugissement méfiant, ils n'avaient curieusement plus jamais retenté l'expérience.
Leur intérêt pour l'animal n'a cependant jamais diminué : ils avaient de moins en moins peur d'elle et se plaisaient même à lui lancer des os - vestiges un précédent repas - à l'autre bout du terrain, qu'elle rapportait joyeusement dans sa gueule en se prenant au jeu. Il semblait que la créature à présent âgée de cinq mois se méfiait un peu moins, elle aussi. Dandelion avait d'ailleurs commencé, depuis quelques temps déjà, à voler de ses ailes de chauve-souris. Elle se débrouillait de mieux en mieux, prenant chaque fois un peu plus d'altitude. Harry, qui avait déjà volé sur le dos d'un hypogriffe, avait même réussi à monter sur son dos au bout d'un onzième essai. Dandelion était une créature naturellement méfiante, même avec ceux qu'elle avait l'habitude de voir. Mais une autre de ses particularités était la gourmandise, et Harry avait trouvé la technique : lui jetant une grosse pièce de viande, il avait profité de ce qu'elle soit en train de le déchiqueter pour lui sauter sur le dos par surprise. Dandelion était aussitôt partie au galop et avait finalement pris son envol. Elle allait à une vitesse fulgurante et exécutait toute sorte d'acrobaties, comme pour se debarrasser de son cavalier qui se cramponnait tant bien que mal à sa crinière en poussant des cris mêlés de rires. De retour sur la terre ferme, Harry avait l'air secoué, la tête qui tournait, le sourire jusqu'aux oreilles, le visage rouge et les cheveux encore plus ébouriffés que d'ordinaire.
« À côté, Buck est doux comme un agneau ! » s'était-il exclamé.

Arrivée devant l'emplacement de la Salle, Hermione tourna en rond trois fois en pensant à Drago. Ça faisait déjà plus d'un mois qu'ils s'étaient réunis pour la première fois dans la pièce ensorcelée et elle n'avait toujours pas trouvé d'explication au fait qu'ils puissent invoquer la pièce précise où quelqu'un d'autre se trouvait déjà. Il lui semblait pourtant que, quand Harry avait essayé de découvrir la pièce ou Malefoy réparait l'armoire à disparaître, en sixième année, il n'y étais pas parvenu parce que le blondinet en question était déjà à l'intérieur. De quoi remuer les méninges de notre Gryffondor préférée.

En entrant dans l'habituelle salle au teint vert, Hermione constata que le Serpentard n'était pas encore arrivé. Elle décida de l'attendre au coin du feu.

Depuis leur premier cours particulier, la jeune fille n'avait remarqué aucune amélioration chez son "apprenti" : un mois entier à imaginer toute sorte d'exercices, à se renseigner sur le sortilège en question, à s'entraîner, s'entraîner et s'entraîner encore... Aucun résultat.
Malgré sa détermination de fer, Hermione ne pouvait s'empêcher de sentir le désespoir la gagner. Mais elle avait fait une promesse, et une bonne Gryffondor tenait toujours ses promesses, quoique ce serait plus une qualité liée à Poufsouffle.
Ce qui l'inquiétait, c'était la mine de Malefoy en enchaînant échec après échec, jour après jour : sa mâchoire se serrait, ses poings se contractaient sur sa baguette capricieuse, ses yeux s'assombrissaient et il se retenait visiblement de ne pas exploser devant elle, pour ne pas dévoiler toute la honte, la rage et la faiblesse qui tournoyaient furieusement en lui à le rendre presque fou. Mais la jeune fille voyait bien qu'il avait de plus en plus de mal à garder ce visage impassible, à rester fièrement la tête haute comme si ça n'avait pas d'importance, comme s'il l'avait fait exprès ou que sais-je encore. C'était évident qu'il supportait très mal le ridicule de la situation.

Au départ, cela l'amusait fortement et elle affichait un sourire narquois en le voyant se rater lamentablement, mais plus le temps passait et moins cela la faisait rire. Elle comprenait ce sentiment d'impuissance et ne savait plus trop quoi faire pour lui.

Durant ces quelques semaines passées à ses côtés, elle avait appris à le connaître un peu mieux. Contrairement à ce que la brune avait redouté, ils ne se disputaient presque plus et il arrivait même qu'il rient ensemble à la lueur des torches. Tout cela était très nouveau pour elle mais curieusement elle avait envie de s'y habituer, et cette facette du Serpentard qu'elle commençait tout juste à connaître n'était pas vraiment pour lui déplaire.

Une fois seulement Malefoy avait réussi : afin de lui montrer comment bien effectuer le geste, elle lui avait maladroitement pris la main qui tenait sa baguette pour le mimer en même temps que lui. Elle n'avait jamais compris ce qui l'avait poussé à faire ça, quoiqu'il en soit il ne s'était pas brusquement dégagé comme elle l'avait redouté : il s'était simplement laissé faire sans la quitter du regard, une totale incompréhension au visage. Et l'instant d'après, un puissant éclair orangé jailli de sa baguette, atterrissant sur l'armure de chevalier qui servait de cible. Leur joie avait cependant été de courte durée car il n'obtint plus ce résultat par la suite. Mais c'était déjà à-peu-près encourageant.

Une main délicate posée sur son épaule la ramena à la réalité. Elle se retourna et sourit au blond qui se dressait devant elle. Il essaya de lui rendre, pas très crédiblement cependant.

- Quelque chose ne va pas ? interrogea-t-elle.
- Oh, absolument rien, rien du tout, simplement un minuscule détail, ridiculement insignifiant, vois-tu... répondit-il d'un ton qui laissait clairement deviner le contraire.

Ça ne me dit rien qui vaille...

Il y eu un moment de silence assez lourd où il la regardait gravement. Puis il fit un signe de tête en direction d'une table ; elle compris qu'il l'invitait à s'asseoir, ce qu'elle fit. Elle sentait étrangement qu'il valait mieux obéir.

Il pris place en face d'elle, la transperça du regard comme il cherchait à lui faire comprendre quelque chose. Puis il soupira et sorti un grand et vieux livre poussiéreux qu'il abattit sur la table avec une violence qui fit sursauter Hermione. En observant, elle remarqua que c'était un grimoire de sortilège.

- Granger.
- Ou... Oui ?

Il avait les mains croisées devant son visage, les coudes appuyés sur la table, la fixant d'un regard qui ne laissait transparaître aucune émotion.
C'est d'une voix monocorde qu'il lui ordonna :

- Granger. Fais-moi l'immense plaisir d'ouvrir ce vieux bouquin décrépit à la page 867 et me lire ce qu'il y a d'écrit, je te prie.

De plus en plus perplexe, elle obtempéra toutefois.

Je ne sais pas à quoi il joue mais la situation a l'air d'être grave.

- « Le sortilège Illusio est un sortilège qui sert à illusionner son adversaire à l'aide d'une illusion... » Si c'est pour me dire que tu as trouvé le livre le plus répétitif au monde, tu peux le ranger d'emblée, c'est une des choses que je déteste le plus.
- Continue. dit-il sèchement.

Moi qui voulais détendre l'atmosphère, c'est peine perdue.

- « Ce sortilège produit un éclair orangé... Blablabla... Ci-dessous une illustration du geste à effectuer, etc etc. » Malefoy, tout cela je le sais dé...
- Je sais que tu le sais. Continue.

Si ce petit manège commencait à l'agacer, Hermione s'exécuta quand même. Elle ne voyait pas où il voulait en venir mais pour le savoir, elle n'avait d'autres choix que de faire ce qu'il demandait. Elle lut donc le texte, puis arrivée à sa fin, elle remarqua une inscription au bas de la page, un peu à la manière du Prince de Sang-Mêlé :

- « Note : Si la personne est incapable de croire en ses rêves, espoirs, son imagination, son idéal, ses ambitions, convictions etc... elle sera incapable d'exécuter ce sortilège. »

Qui suis-je, Granger ? (Dramione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant