Scène 2

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Mes pas sont rapides tandis que mon esprit échafaude d'ors et déjà, un million de plans qui s'offrent à moi. Le Lazarus, mon vaisseau, que j'ai acquis en marchandant avec des contrebandiers il y a de cela 5 ans, m'attend avec allure sur la piste d'atterrissage. Cet achat faisait partie d'un échange équitable, 4 caisses de Coaxium contre ce bijou qui devait finir à la décharge. Ce n'était qu'un vieux tas de ferraille qui pouvait à peine voler jusqu'à l'autre bout de la ville, sans que des pièces se détachent. Toutefois, étant fille de ferrailleur, j'ai pu lui apporter un nouveau souffle de vie, en y faisant des réparations ainsi que des améliorations. J'entre à l'intérieur et m'assure que personne ne me suit avant de refermer la soute, qui remonte lentement dans un grincement de métal agaçant. A présent dans le calme, je retire mon casque, le déposant d'un geste prudent sur son présentoir. Puis, je grimpe les quelques barreaux de l'échelle qui me permettent d'accéder à l'étage supérieur. J'aime sa structure particulière. L'espace d'en bas est consacré à la partie technique, comprenant la salle des machines où l'on retrouve le système de survie, un générateur de gravité et d'atmosphère. Tandis que celle supérieure, rassemble le poste de pilotage, la salle de repos ainsi que ma couchette.

-L8 allume les moteurs. Je demande d'une voix ferme à mon assistant, tout en prenant place sur mon siège.

Installée confortablement sur le siège dédié au seul et unique pilote, mon regard parcourt les écrans annonçant de nombreuses données. Je m'assure que tout fonctionne correctement, le radar bip faiblement, la carte holographique du système solaire affiche ma position, et la console centrale qui regorgent de boutons et d'interrupteurs indique que tout est ok. J'ai toujours aimé piloter, j'ai l'impression d'avoir l'univers rien que pour moi et de pouvoir aller où je veux. En mettant mon casque avec lequel je peux communiquer avec le Lazarus, je remarque que mon pendentif porte-bonheur est tombé. La pierre qui orne ce collier provient d'un astéroïde gravitant dans notre système, c'est le seul souvenir que j'ai de mon père. Je le ramasse et le raccroche à sa place, sur un bout de métal ressortant de la paroi. Avec le temps, j'ai pu apporter ma touche personnelle, de cette façon, je me sens un peu chez moi sans vraiment y être. L8 existait déjà le jour où j'ai eu le Lazarus, il était l'intelligence artificielle installée dans le système interne du vaisseau. Cependant, ces compétences étaient restreintes alors j'ai décidé de lui faire une mise à jour puis une reprogrammation de ses systèmes de bases. Cela n'a pas été aisé, toutefois, je suis parvenue à lui donner une conscience. Malheureusement, L8 possède toujours son caractère quelque peu agaçant, il est d'une franchise à toute épreuve et il a un humour qui laisse à désirer. L8 m'assiste, désormais, dans mon pilotage et surtout dans des manœuvres périlleuses que j'ai à faire lors de combats acharnés dans les confins de l'espace. Le fait d'avoir une présence avec moi, même si elle n'est que virtuelle, me permet d'avoir des « conversations », je devenais folle à parler seule.

-où allons nous? Sa voix robotique me sort de ma torpeur alors que les bruits sourds des moteurs remplacent le silence.

Sans attendre, j'entre dans le navigateur le nom de la planète sur laquelle je dois me rendre puis laisse les commandes à L8, qui se charge de faire décoller le vaisseau. À travers les vitres, sales et ternes, j'admire la ville rétrécir puis ne devenir plus qu'un petit point dans la vaste étendue verte de ma planète. On quitte le champ d'attraction de Echo-5, pendant quelques infimes instants on reste en survol dans le vide intersidéral jusqu'à ce que L8 enclenche le saut hyper-vitesse. D'après les données de l'ordinateur de bord, Dastir se trouve à exactement 36 parsecs, j'ai donc le temps de réfléchir à un plan. Je me lève et descends dans la soute afin de nettoyer mes armes et vérifier le système d'aération. J'en profite pour consulter de nouveau mon contrat, je le sors puis le pose sur l'étagère où sont rangés des babioles, d'un geste hésitant, je l'allume.

-bordel... Je murmure ces mots d'un ton accablé, frottant mes yeux essayant de faire disparaître ce qu'ils voient.

Malheureusement, c'est bien réel. Tout se bouscule dans ma tête, je ne parviens pas à réfléchir avec cohérence. Qu'est-ce que je suis censé faire? Deux options s'offrent à moi, cependant, aucune d'elles n'est vraiment meilleure que l'autre. J'ai le choix d'accepter ce contrat, de mettre la main sur le fugitif et d'être enfin libre ou alors je décide de ne pas accomplir cette mission, mettant en péril ma vie. D'un mouvement remplie de colère, j'éteins l'hologramme et frappe violemment dans des caisses entassées dans un des coins de la soute. Je jure et retiens un gémissement de douleur ainsi qu'un cri de rage, ce n'est pas le moment de déraper.


Sa vie ou la mienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant