Sa vie ou la mienne

Scène 9

 Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, mes pensées étaient agitées, tourmentées m'empêchant de trouver le sommeil. Le réveil n'a pas été de tout repos non plus, le bâtiment tout entier était en pleine effervescence, le bruit des machines en routes et des perpétuels crissement de métal entre eux, m'a obligé à sortir à l'extérieur afin de prendre l'air. La vue depuis le toit est imprenable, la cité à moitié en ruine en contre-bas donne l'impression qu'un mal sévit et s'infiltre de jour en jour, au loin à travers les nuages, derrière ce champ de force, on discerne les autres cités florissantes et scintillantes.

-Furie ! La voix grave d'un Zabraks me sort de ma contemplation. Le patron veut te voir. Ajoute-t-il en me dévisageant vulgairement alors qu'il rebrousse chemin.

Je soupire et desserre ma main du manche de mon arme, la nervosité m'envahit en ce moment. Sans perdre plus de temps, par peur de subir les foudres de Beldon, je descends par l'escalier de secours jusqu'au quartier principal. En arrivant devant son bureau, je chasse les mauvaises pensées de mon esprit et rentre promptement à l'intérieur.

-vous vouliez me voir ?

-oui, en effet. Commence-t-il d'un ton ailleurs, son attention occupée : par les données qui défilent sur l'écran devant lui. Le général se porte bien ? Me demande Beldon en se retournant vers moi, un maigre sourire au visage.

-il est à votre entière disposition. Je lui réponds avec le plus de sincérité dans la voix, maintenant le contact visuel, afin de cacher les soupçons qui naissent en moi.

Beldon replonge dans le flux d'informations, agissant comme si personne n'était dans la pièce avec lui. Il jure et murmure des phrases incompréhensibles, de là où je suis, j'essaie de lire ce qui peut bien le mettre dans cet état, mais en vain.

-ça sera tout ? Dis-je en me raclant la gorge, attirant son attention vers moi.

-une chasseuse de primes semble s'être mise en tête de nous débusquer, elle devient une menace pour nous, j'aimerais que tu te charges de la faire disparaître. M'annonce Beldon d'un ton énervé en me regardant droit dans les yeux en s'approchant de moi.

-ça sera fait.

Mon patron dépose dans ma main une clé, qui j'imagine, contient les informations qui me seront utiles pour ma traque. J'ai l'habitude des missions de ce genre, il s'avère que je sois assez doué pour cela alors trouver une chasseuse de primes sur la planète ne devrait pas poser de problème.

****

Au même moment

J'ai réfléchi toute la nuit, ce qui dans un sens ne pas tellement reposée, mais je sais désormais de quelle manière procédé. Premièrement, il va me falloir un nouveau moyen de transport, pour cela, on va se la jouer à l'ancienne malgré les risques que cela implique. Je me rends donc dans ce qui se rapproche le plus d'un débarras, là où sont stockés les vaisseaux engins volants en tout genre qui sont en attente de réparation ou bien à l'abandon. Sans me faire repérée, je passe les gardes en utilisant une bonne vielle technique de diversion, en traversant le débarras, je tombe sur des merveilles, mais, soit elles sont en piteux état soit elles ne correspondent pas à mes attentes. Je cherche un vaisseau qui puisse accueillir plusieurs passagers, mais qu'avec un seul pilote, qu'il soit assez puissant et furtif et évidemment en état de voler, je n'ai pas le temps pour des réparations.

-parfait ! Dis-je d'un ton enjoué en voyant, dans un recoin, exactement ce dont j'ai besoin.

C'est un Breon Dayvan en bon état, je n'avais pas vu ce genre d'engin depuis le débarquement de troupe républicaine sur ma planète. J'approche de la soute, faisant glisser mes doigts sur la carlingue jonché d'impacts de laser, je suppose que son propriétaire était du genre à s'aventurer là où il ne fallait pas. J'attrape les quelques outils qui traînent toujours au fond de ma sacoche et à l'aide d'un tour appris par mon père, je parviens à faire sauter les circuits causant l'ouverture de la soute. Je me dépêche de rentrer et de fermer derrière moi, je balance nonchalamment mes affaires sur le sol et m'installe derrière le poste de pilotage.

-ton propriétaire n'y connaît rien en pilotage.

Les manettes sont mal réglées, les commandes sont totalement incohérentes et je ne parle même pas des cadrans qui sont à l'ouest, ça ne m'étonne pas que tu aies fini ici. Une nouvelle fois, je court-circuite les systèmes afin d'avoir accès aux commandes de vol, j'enclenche les moteurs, mais, malheureusement rien ne se passe. Je jure et réfléchis d'où cela peut provenir, en observant les différents voyants, je remarque celui des propulseurs n'est pas correctement enclenché.

-aller mon beau... Dis-je à voix basse en fermant les yeux alors que je démarre une nouvelle fois les moteurs.

Le bruit fabuleux de ce type de vaisseau parvient à mes oreilles et un large sourire s'affiche sur mon visage. Ni une ni deux, je tire les manettes et fait décoller ce bijou laissé pour compte. Cela fait longtemps que je n'ai pas piloté sans avoir L8 à mes côtés, de retrouver ce silence ne m'avait pas manqué, toutefois, ce n'est que de courte durée. Je survole la cité et atteins le point d'extraction du champ de force, volant à présent à travers la couche nuageuse de Dastir. Ce matin, en me levant, j'ai allumé le traceur GPS qui émet depuis la plateforme 4, la cité de Sel'da alors c'est là-bas que je vais. Il n'y pas de contrôles à l'entrée, étant donné que la cité est presque à l'abandon et seulement quelques parias y vivent, cela ne me surprend aucunement que les séparatistes utilisent la plateforme comme leur base. Afin de ne pas me faire accaparer le vaisseau une seconde fois, je décide de stationner à l'intérieur d'un hangar abandonné, à l'abri des regards indiscrets en espérant le retrouver à mon retour.

La ville est si différente, si silencieuse presque hors du temps. Le traceur GPS clignote toujours, m'indiquant un point de l'autre côté de la cité, l'holo-carte me projette une image simplifiée des rues et bâtiments, je mémorise le trajet et m'enfonce dans les ruines.

****

Pendant ce temps

Enfin équipé, je sors du bâtiment en passant par les conduits souterrains, qui passent sous la majorité de la cité. Les contrebandiers les utilisent pour leurs trafics étant donné qu'ils ne sont pas cartographiés, toutefois certains de ces passages sont à éviter. Soit parce qu'ils mènent à des conduits bouchés par des parois effondrés, soit parce qu'ils sont le repère de certaines communautés d'espèces extragalactiques loin d'être pacifique. J'ai eu l'occasion d'arpenter ces conduits alors je connais le chemin pour me conduire directement sous la place du Vieux-Marché. D'après les informations récoltées par Beldon, qui sont assez peu nombreuses, cette chasseuse de primes était sur El'da, cependant, elle se trouve par chance ici même. Un vaisseau non identifié et volé a été repéré, si j'en suis la logique ainsi que mon instinct, c'est forcément elle.

Alors que je tourne à droite à l'intersection d'un autre dédale de conduit, des bruits étranges me font m'arrêter, je me glisse dans un enfoncement dans un mouvement rapide.

-il est passé par là. J'en suis sûr.

Plusieurs voix indistinctes se rajoutent les unes sur les autres, des flashs de lumières viennent éclairés les parois, non loin de là où je me trouve. L'écho de leur pas me fait perdre leur position, je ne saurais pas dire de quel côté ils viennent, mais je ne vais pas pouvoir rester là bien longtemps. En faisant le moins de bruit possible, je sors mon blaster et couvre mon visage de ma capuche avant de sortir de ma cachette. La trappe menant à ma destination n'est qu'à deux cents mètres environ, l'écho semble plus lointain, me laissant l'opportunité de sortir d'ici sans avoir à me battre.

-ici ! J'en suis certain.

Alors que je m'apprête à traverser, une nouvelle voix provenant de ma gauche m'arrête de nouveau. J'essaie de me fondre dans l'obscurité, rapprochant mon corps au plus près de la paroi, mais les flashs de lumières continuent d'avancer vers ma position, cette fois-ci, je n'ai plus le choix. J'attrape une mini-grenade sonique, l'enclenche puis je la balance dans la direction opposé, au même moment, je cours vers la trappe. Lorsque le compte à rebours se termine, l'onde sonique vient alerter les individus à ma recherche, me permettant de m'échapper. Enfin, à l'extérieur, je me faufile entre deux pans de murs et reprends mon souffle. À présent, il est temps pour moi de commencer ma traque.