A monoceros' tale

Chapitre 1

- Xiansheng, en six mille ans, vous avez déjà baisé non ?

Malgré toute sa contenance, son élégance et son raffinement, Zhongli ne put que recracher maladroitement son thé à cette question impromptue. Tartaglia, Onzième Exécuteur de la Tsaritsa, agent en chef des Fatui, venait de lui poser cette question le plus simplement possible. Ils prenaient une collation sous ce beau soleil de tout début d'automne quand cette interjection sortie de nulle part, le laissa pantois. Reprenant contrôle de lui-même, il reposa la tasse puis se tapota la bouche avec sa serviette.

- Cette question m'a pris par surprise, Tartaglia.
- Xiansheng, venant de vous, je préfère être appelé Childe. Et je suis vraiment curieux, je veux savoir.
- D'accord... Childe.

L'Exécuteur sentit un doux frisson en entendant l'autre prononcer son nom. Enfin, ça n'était pas son nom de naissance, mais quand même. Zhongli soupira profondément puis croisa ses mains sur la table, faisant briller les bagues à ses doigts.

- Puisque cette question semble te tenir à cœur, pour une raison que j'ignore, oui j'ai déjà eu des relations charnelles par le passé.
- Aw mon espoir que vous soyez resté vierge jusqu'à maintenant tombe à l'eau.
- Et en quoi cela t'aurait-il importé ?
- Parce que j'aurais pu la clamer.

Son ton était, pour une fois, vraiment très sérieux. Et le consultant du Funérarium Wangsheng en fut le premier étonné. Un léger sourire ourla ses lèvres et il ne put s'empêcher de surenchérir sur cette conversation surréaliste.

- Oh. J'ignorais que j'étais intéressant à ce point. Ou est-ce parce que les Fatui ont besoin de venir chercher du réconfort auprès d'un Archon qu'ils ont persécuté ?
- Ca n'a rien à voir avec les Fatui, Xiansheng... Et tout à voir avec moi.

Il posa sa propre main gantée sur celles de son vis-à-vis avec un sourire charmeur. Zhongli ne réagit pas vraiment, que ça soit positif ou négatif. Et cela ne convenait pas à Childe, qui décida de caresser la ligne de peau entre le gant et la manche de l'autre. Zhongli se raidit mais n'enleva pas ses mains, se contentant de froncer les sourcils.

- Childe. Dois-je en déduire que tu es intéressé par moi ou c'est l'une de tes plaisanteries ?
- Zhongli, je ne mentirais pas là-dessus.

L'utilisation de son nom et pas de ce titre ridicule qu'il aimait employer le prit au dépourvu, tout autant qu'il n'y avait aucune lueur d'amusement sur ce visage toujours rieur et moqueur. Le brun prit une profonde inspiration et décida de se lever, reprenant ses mains. Childe le regarda d'un air dépité mais reprit de suite espoir quand l'autre l'invita à le suivre.

La maison de Zhongli se trouvait au-dessus de la Terrasse Yujing, un peu à l'écart de la ville mais la surplombant discrètement. C'était une maison de style liyuéen classique, majoritairement en bois et avec des tuiles vertes. A l'intérieur il faisait bon, il put sentir une odeur de boiserie vernie, de thé et celle, omniprésente, de Zhongli lui-même. Il laissa ses chaussures à l'entrée comme le propriétaire des lieux et le suivit à la trace, étrangement silencieux lui qui était d'habitude si volubile. L'ancien Archon se rendit dans sa cuisine et commença à préparer du thé, sortant une vieille, mais très bien conservée, bouilloire ainsi qu'à pot à feuilles de thé et deux tasses en terre cuite. Lui tournant le dos, il l'enjoignit à parler.

- Dis-moi la vérité, qu'est-ce qu'il en est Childe ? le ton était si tranquille, presque indifférent.

Childe ne se laissa pas démonter, ici, à l'abri des oreilles indiscrètes, il était prêt à déballer tout ce qu'il avait sur le cœur.

- J'ai rencontré d'autres Archons, Xiansheng. La Tsaritsa bien entendu mais aussi Barbatos, ou Venti comme il aime se faire appeler. Et ils ont une senteur particulière, un parfum très fort et entêtant. Etant le plus ancien de tous, je m'attendais à ce que la vôtre soit plus puissante encore, enveloppante. Mais ça n'a pas été le cas. Vous sentez bon, ça oui, mais pas comme eux. Beaucoup plus doux, trop doux.
- Où veux-tu en venir Childe ? demanda-t-il en dosant les feuilles aromatiques dans l'eau chaude, toujours calme.
- Vous êtes un Oméga. Si on me l'avait dit je ne l'aurais jamais cru, j'aurais parié sur Barbatos. Il a le physique de l'emploi. Vous, Xiansheng, par contre vous êtes l'Archon Geo, Dieu de la Guerre, des Contrats et que sais-je encore, le tout puissant Rex Lapis. Qui aurais pensé ça de vous ? Pas moi.
- Je te remercie d'admirer mes exploits au-delà de mon type génétique. Mais en quoi cela te concerne ?
- Zhongli. Je vous ai senti, ça ne vous interpelle pas ?