Chapitre 4 : La Déchéance

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« Il faut qu'on parle ». Ces mots avaient résonné en moi comme une sentence avant mon exécution. Me croyait-il coupable d'une telle infamie ? Non, jamais ! Et pourtant, le doute s'encra en moi. Et s'il me châtiait de la pire des manières ?

Alors que mon esprit était accaparé par des pensées macabres, je ne me rendis pas tout de suite compte que j'étais seule avec lui. Les portes s'étaient refermées et sans y avoir fait attention, mes pieds me guidèrent vers lui. Il me rappela une deuxième fois de la manière la plus douce possible mais encore une fois, ses mots me faisaient mal avant même de connaître la raison de ma présence.

Il se leva et quitta son piédestal pour rejoindre le monde des mortels ici-bas. Auguste s'approcha doucement et prit mes mains dans les siennes. Elles n'avaient plus rien de chaleureuses. Seule la froideur et la rugosité ressortaient. Jamais je n'aurais pensé en avoir peur et les redoutées un jour. Mes yeux fixant toujours le sol depuis mon arrivée dans la pièce, je n'avais pour l'instant pas eu le courage de le regarder. La panique me gagna et dans un élan incontrôlé, je m'éloignai de lui. Je l'entendis soupirer.

- Ne m'en veux pas... Je sais que tu n'as rien fait mais tu le sais aussi bien que moi que si tu restes, après cet épisode, ta vie deviendra un enfer ici.

Ça y est, le moment est arrivé. Je savais que je le quitterais un jour ou l'autre. C'est vrai qu'au début je restais par pur égoïsme pour que ma famille ne manque utde rien mais avec le temps j'ai appris à le connaître et sincèrement, je me demande comment je ferais sans lui.

Mes larmes se mirent à couler telles une cascade les jours pluvieux d'automne. Une boule s'était formée dans ma gorge et mes poings étaient serrés. J'étais partagée entre la colère d'être traitée de la sorte et la déception de ne pas pouvoir me défendre sur cette erreur.

- Je ne veux pas prononcer ces mots alors je t'en supplie, dis moi que tu comprends et que tu ne m'en veux pas.

Ça se sentait dans sa voix que cette situation le peinait et bien sûr je ne lui en voulais pas à lui mais à elle, à eux. Je savais qu'Auguste n'avait en rien décidé de mon sort. J'avais déjà entendu Livia et les sénateurs parler de moi et des façons de me faire quitter les lieux. Mais je ne pensais pas qu'ils seraient capables d'aller jusqu'à inventer une histoire de toutes pièces. Ma petite vie à la cour m'aura au moins appris à n'avoir confiance qu'en soi-même. Et maintenant, qu'allais-je devenir ? Ma famille comptait sur mon soutien, l'argent, la renommée pour survivre. Ils allaient être déçus... Et mon anniversaire !? Il était dans moins d'une semaine et il m'avait promis une soirée. Mes 18ans devaient être une grande étape. Seule l'idée de le passer en famille me réconfortait.

- Dit quelque chose, n'importe quoi je t'en conjure.

- Je suppose que je n'ai pas d'autres choix ?

- Tu sais que je ne voulais pas que ça se passe comme cela.

- Alors pourquoi ne fais-tu rien ? Tu sais que je n'aurais jamais volé ce bijou !

Je ne lui en voulais pas alors pourquoi criais-je ? Peut-être me sentais-je coupable ? Mais pourquoi, je n'avais rien fait. Pour qu'Auguste me croit ? Sûrement. Pourtant, je savais qu'il était de mon côté.

Enfaite, je leurs en voulais.

- Malheureusement, te croire ne suffira pas et le Sénat souhaite te voir partir. Je sais que c'est ce qu'il attendait, mais cette fois je ne peux faire l'aveugle devant ce crime.

Je tournais la tête honteuse de lui laisser apercevoir mes larmes. Il souffla un bon coup comme lassé de mes enfantillages et de ma rébellion. Puis, il lança comme si cela ne l'atteignait nullement :

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