You know I'll see you again,
I just wanna hold your hand.
*
Alors Katsuki patiente.
Allongé sur le dos à même le sol et les yeux rivés sur le ciel qui accueille déjà quelques étoiles dans sa noirceur, le cendré n'est pas vraiment attentif au monde qui l'entoure. Enfin ..., il l'est juste assez pour accourir à la première alerte, au premier hurlement qui s'élèvera dans les rues de Tokyo si jamais un vilain se décide soudainement à venir attaquer un civil. Même si en six ans aucun imbécile n'a à ce jour interrompu son petit rituel, n'a pour l'instant pas bousillé le seul jour de l'année où Bakugo se sent en harmonie avec lui-même, où son cœur se sent bien, apaisé et en paix avec sa conscience, le jeune héros reste tout de même en état d'alerte. Cette année aussi, il espère secrètement que personne ne viendra lui mettre de bâton dans les roues. Un jour de repos dans l'année, mine de rien peut être que héros comme vilain le mérite au même degré ?
Son esprit se laisse porter, met les vilains de côté. Il y pense suffisamment le reste de l'année pour que même aujourd'hui ces abrutis viennent lui pourrir son repos. Son dos meurtri le rappelle légèrement à l'ordre, le fait tressaillir et donne un nouveau sujet de réflexion à son esprit. Merde, il a encore oublié de prendre une couverture avec lui ou n'importe qu'elle autre douceur qui aurait pu le soulager. Ce matin encore il y pensait en ouvrant les yeux, hier aussi son esprit le lui a rappelé alors qu'il s'enroulait dans sa serviette après sa douche, et le mois dernier aussi ses yeux commençaient à se poser sur le plaid qui trônait dans son canapé. Mais ce soir en quittant la maison, il avait juste été trop pressé de se mettre en tenue et d'atteindre son point de rendez-vous pour penser à quoique ce soit d'autre – comme chaque année – alors il ne peut s'en prendre qu'à lui-même.
Dans son esprit il se fait une joie de débuter une liste de choses à ramener pour leur prochaine rencontre. Un plaid pour commencer, son dos soupire déjà de bonheur. Peut-être un vrai repas ? Quelque chose qui ressemblerait à un pique-nique romantique. Le cendré n'est pas très doué avec tout ça, mais Hanta est plutôt de bon conseil là-dessus et puis Mina se fera sûrement une joie de l'aider, avec son sourire de fouine et ses yeux pétillants de tristesse. Oh et puis il emballera aussi les vingt-quatre cadeaux qu'il a planqué dans un carton coincé entre les nombreux autres qui peuplent son grenier. Peut-être que tous les offrir d'un seul coup est une mauvaise idée ? Là aussi il ne sait pas trop. Chaque année il est tenté de les ramener mais lorsqu'il s'approche de sa cachette, comme un boulet, il se dégonfle. Denki devrait le savoir lui, alors il lui posera la question la prochaine fois.
Rien que tout cela lui semble déjà pas mal et puis, Katsuki est certain que la liste s'agrandira au cours de l'année qui arrive. Pas besoin d'y réfléchir jusqu'à s'en créer un mal de crâne.
— Katchan !
Deku, putain.
Un frisson lui traverse violemment le corps, de sa nuque jusqu'à ses orteils, en même temps qu'il esquisse un sourire léger et un tantinet niais sans pouvoir se contrôler. C'est plus fort que lui, chaque fois que la voix d'Izuku se fraye un chemin jusqu'à ses tympans, ses zygomatiques se mettent en mouvement. D'ailleurs, pendant longtemps le héros aux lourdes grenades a bien essayé de faire bonne figure, d'effacer à coup d'hurlement les actions de son visage lorsque le nerd est dans les parages ... Mais rien à faire, depuis le collège il n'a jamais pu contrer ce fait. Cela fait seulement deux ans qu'il assume. Deux ans qu'il a cessé de fuir ses sentiments et ses émotions. Deux ans qu'il a fini de fuir ses véritables envies. Du jour au lendemain, sous les ordres de son palpitant Katsuki a arrêté de vouloir masquer tout ce qu'un seul petit mot à le pouvoir de calmer en lui, à le pouvoir d'éveiller en lui, à le pouvoir de créer en lui.
Le héros cendré n'en a pas eu conscience, mais ses yeux ont fini par se fermer durant sa contemplation du ciel. C'est donc naturellement que sa paupière gauche s'ouvre lentement et que son iris carmin se pose sur le visage souriant et à l'envers de Deku, pencher juste au-dessus de son visage. Son deuxième œil, désireux de profiter du spectacle, s'ouvre dans la seconde suivante et le jeune homme a maintenant l'opportunité d'admirer entièrement le visage lumineux du héros aux cheveux verts et ses quelques tâches de rousseurs. Il n'a pas de mal à discerner le reste de son corps, pendu à l'un de ses alters. Izuku a des airs de Spiderman ainsi penché sur lui, le bras droit tendu entre ses cuisses repliées pour s'accrocher à son Black Whip qui prend sûrement appuie tout en haut du mur en brique. Et ... bon sang. Dieu seul sait à quel point le rôle lui va à ravir et à quel point Katsuki est raide dingue de ce héros. Chaque année, il attend toujours impatiemment qu'Izuku revienne à lui de cette façon.
— T'es en retard.
— Seulement de dix ridicules minutes. Une petite fille avait perdu ses parents dans la foule.
— Quel héros tu fais.
Depuis le lycée Izuku n'a pas changé. Le garçon qui clamait vouloir devenir le héros numéro du Japon l'est devenu. Le lycéen qui prônait vouloir sauver les civils avec le sourire, peut désormais le faire chaque jour qui passe. Le fan d'All Might désireux de devenir son égal, de suivre ses pas a tenu parole, à exaucer ses propres souhaits. Il n'existe pas de meilleur héros au Japon que Deku. Katsuki a au moins eu la chance de le voir évoluer, de l'observer de loin gravir les échelons, d'être présent à ses côtés lorsqu'il a été nommé héros numéro un tandis que lui s'offrait la deuxième place.
— Ne fais pas ton grincheux, Katchan.
Son surnom glisse des lèvres d'Izuku pour couler en lui avec une douceur qui lui manquera toujours, il n'est pas certain de pouvoir s'y habituer un jour.
— Tu sais ce qu'il te reste à faire, Deku.
Lentement, comme s'il avait peur de le faire fuir, le jeune homme se laisse descendre vers son visage pendant que leurs yeux s'accrochent pour ne plus se lâcher. Doucement, comme s'il avait peur de le briser d'un simple baiser, Izuku colle sa bouche contre la sienne, infiltre sa langue entre ses lippes. Avec appréhension, Katsuki glisse ses deux mains sur le visage de son ami d'enfance retraçant les contours de ce dernier, appréciant la douceur de sa peau malgré les quelques cicatrices vestiges de sa progression. La main gauche du héros pendu vient s'entremêler à celle de l'explosif, écrasant sa paume rugueuse contre sa joue.
En réalité, ce n'est pas ce baiser au goût d'amour inachevé qui le brise mais bien le jeune héros aux tâches de rousseurs. C'est la distance que le jeune homme instaure entre eux qui lui compresse le cœur. Ce sont ses sentiments bien trop longtemps contenus et son caractère d'imbécile qui lui broient le cœur. Tout simplement parce qu'il n'a pas laissé son cœur parler librement lorsqu'il en avait encore le droit et le pouvoir. Parce qu'il n'a pas osé retenir la seule personne qui comptait véritablement dans sa vie alors même que ce dernier lui en avait offert le droit. Si Katsuki avait écouté les battements effrénés de son cœur lorsqu'Izuku lui avait tourné le dos plutôt que les cris de guerre de sa fierté ... Alors aucun doute que la situation ne serait pas la même, aucun doute qu'ils s'embrasseraient au milieu du temple, déguisés de leurs kimonos horriblement ridicules mais joliment assortis.
— Tu m'as manqué, Katchan.
— Putain. Tu m'as manqué aussi, Deku.
Izuku s'éloigne de son visage et Katsuki reprend une bouffée d'air frais où plane une légère odeur de menthe.
— — — — — — — — — — — — — —
Hop !Il est plus court que les autres, mais je pense que c'est mieux comme ça. Si j'en avais fait plus, la scène aurait été trop et pfiou ça je n'aurais pas apprécié !
J'espère que la lecture a été à votre goût ? On se retrouve bientôt pour la suite !
PS. j'ai corrigé un maximum mes prochains chapitres et purée, je me suis émue toute seule ! (J'adore me lancer des fleurs !)
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𝐂𝐚𝐧 𝐰𝐞 𝐣𝐮𝐬𝐭 𝐠𝐨 𝐛𝐚𝐜𝐤 ? | 𝑘𝑎𝑡𝑠𝑢𝑑𝑒𝑘𝑢
FanfictionC'est le moment qu'il apprécie le moins. Le moment où les yeux rubis d'Eijiro, transpirent d'accusations et sont chargés de reproches muets. Le moment où les lèvres d'habitudes si joyeuses de Denki, se pincent si fortement qu'elles ne forment plus q...