Reality - Tome 1 - De l'autre côté du miroir (Terminé)

Prologue

Décidément, l'alcool et moi ne faisions pas bon ménage ! Lorsque j'ouvris les yeux, ce matin-là, la barre qui m'enserrait le crâne et ma langue pâteuse me le rappelèrent bien sournoisement. Je m'assis tant bien que mal, au milieu de mes draps et mes couvertures emmêlés, preuve de ma nuit difficile. Je me sentais vaseuse, légèrement nauséeuse et l'estomac en vrac. Au-delà de mon état désastreux dut à la traîtrise de Drew, je n'étais à peu près certaine que d'une seule chose : hier soir, j'avais fait quelque chose d'inhabituel... mais quoi ? Ça...

La tête dans le brouillard, tout en pestant une fois de plus contre Drew et ses soi-disant bières sans alcool, je traînai ma pauvre carcasse vers la salle de bain pour mon miracle du matin, ma douche ! Je ne rêvais plus que d'une chose, me purifier en me débarrassant une bonne fois pour toute de cette impression de lourdeur qui m'empesait.

Tandis que l'eau chaude coulait sur ma tête, me réveillant peu à peu et chassant les derniers affres de ma gueule de bois, mes idées s'éclaircirent petit à petit. Alors que je me savonnais avec énergie, je me redressai d'un seul coup, la mémoire m'étant enfin (hélas ?) revenue. Je sentis mes joues s'empourprer toutes seules.

Mais qu'est-ce que j'ai fait là ?! Me lamentai-je en me tapant le front du plat de la main, ce qui provoqua une onde de choc qui m'irradia jusqu'à la nuque.

Non seulement l'alcool n'était pas mon amie, mais en plus elle m'était mauvaise conseillère ! Ce que j'avais fait la veille tenait du grand n'importe quoi et honnêtement, j'aurais préféré ne pas m'en rappeler. Je finis de me doucher tout en fulminant contre moi-même et ma faiblesse. Comment avais-je pu accepter de participer à ce pari débile ?

Bref, maintenant c'était fait, je n'y pouvais plus grand chose. J'avais écrit une lettre à la mégastar du moment, Tyler Edwards, pour l'incendier à moitié et pour calmer les ardeurs de Drew. Je me sentais si ridicule, si stupide. J'avais pourtant (et largement !) passé l'âge de ces bêtises ! Et pourtant...

Je sortis de la douche en mode zombie, m'habillai en vitesse et descendis prendre mon petit déjeuner en tentant de me rappeler des mots exacts que j'avais inscrit sur le papier, sans grand résultat hélas.

Attablée devant ma tasse de café, un cachet d'aspirine en train de fondre doucement dans un verre d'eau posé non loin, je sursautai presque quand la sonnette de la porte d'entrée retentit et raisonna désagréablement dans ma tête. Pas besoin de bouger un seul bout de fesse, je savais exactement qui était derrière la porte. Trop flemmarde pour aller ouvrir, j'envoyai un sms pour inviter mes deux amies à entrer. Quelques secondes plus tard, Nell et Drew s'installèrent à mes côtés, l'air aussi défoncé que moi.

Je jetai un regard noir à Drew tout en buvant non sans une grimace l'aspirine qui avait fini de fondre. Nell, sur la même longueur d'ondes que moi, lui jeta le même mais notre amie haussa les épaules avec désinvolture avant de se servir une large tranche de pain de mie. Visiblement aucun remords ne la tourmentait de nous avoir menti délibérément et à moitié soulée ! De toute façon, les reproches avaient déjà été fait et là-dessus non plus, on n'y pouvait rien, alors autant laisser tomber. Je n'avais pas la force de me lancer dans une nouvelle joute verbale. Tout en servant le café dans les tasses posées devant mes amies, je leur posai LA question qui me taraudait depuis mon réveil.

- Les filles, demandai-je tout à trac. On a vraiment fait ce que je crois ?

- Quoi donc ? Demanda Nell sans l'air de comprendre.

- La lettre... on a vraiment écrit à Tyler Edwards ou la bière me fait avoir des hallucinations ? M'enquis-je en croisant les doigts pour que ce soit en effet le cas.

- Oui, TU as bien écrit une lettre à Tyler Edwards. Me confirma Drew tout en mordant dans sa tartine.

Je me sentis tout à coup découragée. Immature en plus d'être inutile et médiocre... je n'étais vraiment pas gâtée par la nature moi. Devant ma tête déconfite, Drew soupira, l'air blasé.