Reality - Tome 1 - De l'autre côté du miroir (Terminé)

14 - With Or Without You - Part. 1

La nuit fut particulièrement pénible. Après avoir ramené Tyler chez lui, j'avais décidé de rentrer chez moi. Je n'avais pas envie de rester à New York alors que je ne comptais pas le revoir dans l'immédiat. Il fallait que je fasse le point avant. La route m'avait parue interminable malgré la musique qui m'avait accompagnée tout du long. Toute une palette de sentiments aussi contradictoires les uns que les autres m'avaient assaillis et j'étais toujours aussi perdue en arrivant à Wilston.

J'arrivai chez moi vers 4h du matin, donc pas couchée avant 5h et une insomnie avait agrémenté le tout, ce qui ne m'avait pas aidé. Les paroles de Tyler ne cessaient de me hanter. En effet, il fallait bien reconnaître que même s'il avait été parfois méchant, les vérités qu'il avait édictées n'en étaient pas moins réelles. Faisais-je le bon choix en l'écartant de ma vie pour m'axer sur Will ? Ne misais-je pas trop sur un cheval dont je ne connaissais pas même les dents, pour parler crûment ? Ne regretterais-je pas mon choix ? D'un autre côté, le secret de Tyler n'était-il pas trop lourd pour mes pauvres épaules ? Et pourquoi devrais-je lui faire confiance alors que lui, vraisemblablement, n'était pas sûr de moi ? Voilà un petit panel des questions prises de tête qui me tinrent éveillée jusqu'à plus de 7h30, là où l'épuisement eut finalement raison de moi.

En ouvrant les yeux vers 15h, je constatai que j'avais reçu deux nouveaux messages. Le premier était de Nell. Elle voulait savoir comment s'était passée ma soirée. Le second était de Tyler. Il me demandait si j'étais bien rentrée et comment je me sentais. Estimant que c'était un message bienveillant, je lui répondis immédiatement, mais en restant concise et froide. J'appelai ensuite Nell qui devait attendre de mes nouvelles avec impatience.

Elle ne va pas être déçue du voyage !

Dès mon « allô »,  elle sentit que quelque chose clochait. Elle souligna avec tact mon humeur qui devait sans doute la surprendre. Elle essaya également de me faire parler, mais le sujet était bien trop important, il fallait que je lui explique tout ça de vive voix. Du coup, la communication dura moins d'une minute. Nell et moi avions nos habitudes et nos codes lors de telles situations de crise : rendez-vous sur le balcon de sa chambre. Mais jusqu'à présent nous n'avions jamais eu à traiter de cas aussi compliqués et aussi intimes. Un quart d'heure plus tard, après avoir donné quelques explications à ma mère sur la raison de mon retour précipité, je filai chez mon amie. Elle m'attendait sur le perron et m'observa avec beaucoup d'attention.

- Ça va ? Demanda-t-elle, inquiète, alertée sans doute par ma mauvaise mine.

- J'ai connu mieux, répondis-je avec un petit sourire.

- Monte directement, j'apporte le café, me proposa-t-elle avec sollicitude.

La maison semblait vide. Il n'y avait aucun bruit. C'était d'ailleurs le seul point de repère pour savoir s'il y avait quelqu'un ou pas ici. Contrairement à nous, les Jones avaient compris l'utilité d'un garage ! Le balcon de Nell n'était pas très grand mais suffisamment pour contenir une petite table et trois chaises. Pour un sujet comme celui que j'allais aborder, il était vraiment agréable de pouvoir se confier à l'air libre surtout en cas de crise d'angoisse.

Je m'installais à peine que Nell arriva avec un plateau chargé de tasses à café et de petits gâteaux maison. Elle savait particulièrement bien gérer les situations délicates. Elle s'assit en face de moi et me demanda de tout lui raconter. Elle écouta avec attention le début de mon récit, mais bien vite elle ne put s'empêcher de me couper pour réagir, tant ce qu'elle l'entendait l'étonnait.

- J'hallucine ! Il t'a embrassé ! S'écria-t-elle si fort qu'elle risquait d'ameuter tout le voisinage. Quelle chance !

- Oui, mais chut ! Tentai-je de la calmer. De toute façon, très rapidement, j'ai eu la confirmation que j'avais eu raison de me méfier.