Reality - Tome 1 - De l'autre côté du miroir (Terminé)

05 - Secretly - Part. 1

 J'adorais Drew. Elle était bonne vivante, gentille, le cœur sur la main, toujours pleine d'humour et de dynamisme... mais qu'est-ce qu'elle était pénible ! Elle me harcela littéralement pendant une semaine parce que je n'avais toujours pas répondu à Monsieur Tyler Edwards ! Sans rire, elle me soulait (et il n'existait pas d'autres termes !) à chaque pause déjeuner sur le sujet, sans compter le soir quand on se voyait. J'avais cru m'être débarrassée de son entêtement une fois la première réponse reçue, mais avec la découverte de la deuxième lettre de Tyler, son obsession avait repris le dessus.

Au début, je me défendais en lui rappelant que nous n'avions toujours pas eu nos excuses publiques, mais ce n'était pas ça qui la freinait. Bien au contraire. Elle eut même le culot de retourner la situation à son avantage en m'expliquant que je n'aurais aucune excuse de sa part tant que je n'aurais pas réécrit à la star ! Que de cette façon, elle me punissait de lui avoir caché la réception de la deuxième lettre. Et voilà, on était reparti pour un tour et tel un tourne disque rayé, ou une rengaine entêtante, Drew se répétait encore et toujours.

Elle avait beau argumenter en long, en large et en travers, ça ne m'atteignait pas. C'était même plutôt l'inverse en fait. Plus elle s'époumonait et plus je campais sur mes positions.

Zut quoi ! Je n'ai pas que ça à faire ! Il n'est pas la personne la plus importante à mes yeux !

Elle fut scandalisée de m'entendre parler ainsi et encore plus outrée quand je lui dis qu'il n'était qu'un inconnu pour moi et que je préférais faire des parties de billard avec mon cousin plutôt que d'écrire un stupide mail. Mais c'était la vérité, qu'elle le veuille ou non. Depuis mes retrouvailles avec Sam, il n'y avait un soir sans qu'on ne passe du temps ensemble. Je lui racontais ma journée et lui la sienne, on jouait ensemble, on écoutait de la musique et pour couronner le tout, Milly osait moins m'attaquer en sa présence. Je savais que ça ne durerait pas, car pour l'instant elle ne voulait pas se faire mal voir, mais, comme on dit, chassez le naturel et il revient au galop, et bientôt sa vraie nature referait surface. Je profitais donc de ce statu quo sans me prendre la tête outre mesure sur Tyler.

Toutefois, un soir, en attendant le dîner et tandis que j'avais fini toutes mes corvées, je finis par céder sous la pression. J'avais tenu plus de dix jours sous les remarques et autres menaces de mon amie, c'était assez honorable. Sans compter Nell qui ne disait rien mais dont les regards étaient plus qu'éloquents. Ce fut donc sans grande conviction que je m'assis à mon bureau et me lançai. De toute façon, qu'avais-je à perdre à part faire quelque chose de ma soirée ? Une fois l'adresse mail enregistrée, je mis quelques minutes à rassembler mes idées pour en faire quelque chose d'un peu cohérent.

« Tyler,

Je suis encore stupéfaite que tu m'aies répondu personnellement cette fois. Voir même sceptique. Je me prends sûrement la tête pour rien mais je me pose des tas de questions du coup. Pourquoi m'avoir donné ton adresse mail ? Pourquoi moi ? Surtout après les deux courriers plutôt incendiaires que je t'ai adressés ! De plus, je ne suis qu'une fille parmi tant d'autres et comme les autres...

Enfin... comme les autres c'est vite dit. Regarde, je me prends la tête sur une simple lettre alors imagine ce qu'est le reste de ma vie ! Je passe mon temps à réfléchir seule dans mon coin, à essayer de comprendre mes semblables et ça me paraît presque impossible. Même mes amies ne me connaissent pas si bien que ça au final. Ce mail, par exemple, elles ne sont pas au courant que je l'ai fait et je n'ai pas l'intention d'en parler. Pourquoi ? Parce que si elles savaient, elles m'empêcheraient sûrement de me poser des milliers de questions inutiles et je n'aurais pas besoin de te confesser ça...!

Mais je ne sais pas, peut-être un pressentiment stupide ou l'intuition féminine, appelle ça comme tu veux, mais je ne crois pas que quelqu'un doive savoir... bref...