Reality - Tome 1 - De l'autre côté du miroir (Terminé)

17 - Secret - Part. 2

A trois heures trente pétantes, Tony entra dans la chambre, frais comme un gardon et, dois-je le préciser, sans frapper... évidemment ! Il nous trouva allongé face à face en pleine discussion et nous fit, une fois de plus, sursauter par son entrée soudaine. Lorsque je me redressai pour le regarder, je m'aperçus qu'il n'avait même pas une cerne...

Incroyable ! Encore un mystère le concernant ! Sérieux ? Comment fait-il ?

Personnellement, si je n'avais pas au moins 6 heures de sommeil, j'étais défoncée toute la journée, alors là, je n'osais imaginer ma tête !

- C'est bon, je suis prêt ! S'écria-t-il en battant des mains comme un enfant.

- On y va ! Approuvai-je en me levant d'un bond.

Dix minutes plus tard, nous étions tous en route pour Stonehenge. J'étais euphorique ! Un de mes rêves était sur le point de se réaliser ! Encore un beau souvenir obtenu grâce à Tyler et une bouffée de gratitude m'envahit. Cet homme était vraiment parfait ! Pour preuve, il avait insisté pour prendre un thermos de café, un coussin et une couverture. Et maintenant, j'étais confortablement installée à l'arrière, sous la couverture et sur le coussin, en mode bien être, regardant défiler le paysage. Je ne pouvais pas nier que les campagnes anglaises avaient du charme. Je pris mon téléphone pour prendre une photo qui allait devenir mon fond d'écran. Je m'aperçus que je n'avais pas beaucoup de batterie et, comme une idiote, je n'avais pas pris mon chargeur voiture.

Oh ! Tant pis ! Si ma mère veut me joindre, elle a le numéro de Tyler !

Et puis, je lui avais envoyé mon rapport quotidien un peu plus tôt dans la soirée, donc il n'y avait aucune raison pour qu'elle ne m'appelle...

Ami-chemin, n'en pouvant plus à force d'être bercer par la voiture, je laissai finalement la fatigue l'emporter. Je rêvai de Merlin et de son « Ballet des Géants ». Ce qui me parut ne durer qu'un quart d'heure dura en réalité plus d'une heure. Tyler me réveilla doucement en me caressant la joue et je constatai, un peu étonnée, que nous étions déjà arrivés. On avait bien géré le temps, le soleil ne devait commencer à apparaître que d'ici une demi-heure.

- J'arrive, marmonnai-je en m'étirant.

J'attrapai mon appareil photo et sortis de la voiture. La température était fraîche mais supportable grâce à mes nombreuses couches de vêtements. Tyler me tendit la main et nous partîmes tous les trois à la recherche du meilleur emplacement pour admirer le lever du soleil. Une lampe de poche à la main, nous avançâmes dans la pénombre. Le site était bien plus grand que ce que je m'étais imaginée. En tout cas, le résultat en valait la peine. Nous nous assîmes sur une pierre, la couverture sur les genoux et une tasse de café à la main, prêts à admirer le spectacle.

Bientôt, le soleil commença à pointer à l'horizon. Le ciel changea de couleur, passant des tons froids aux tons chauds, progressivement. La lumière perça entre les énormes blocs de pierres. Plus le soleil s'élevait face à nous, plus nous avions la sensation d'être tout petits. Le silence qui régnait nous donna l'impression d'être seuls au monde. La notion du temps qui passe était incontestable tandis que nous observions la progression du soleil dans le ciel, cependant, j'étais incapable de déterminer combien de minutes s'étaient écoulées depuis le commencement de ce fabuleux spectacle. Il n'y avait plus que la nature, les blocs de pierre et leurs mystères et mon appareil photo qui comptaient. Ce spectacle n'éblouit d'ailleurs pas que moi. Je ne pus m'empêcher de prendre à la sauvette une photo des garçons qui contemplaient le ciel avec des yeux d'enfants.

Si je devais définir ce que ressentis à cet instant, je choisirais lachanson d'Emma Townshend We Can Fly Away. Les paroles collaient parfaitement à la situation. Je me laissais porter par sa magie. Oui, je me sentais capable de voler...! «Maintenant il n'y a plus de tempêtes devant nous» raisonna avec une force de conviction qui me poussa à lever de nouveau les yeux vers Tyler. En effet, pourquoi m'obstiner à mettre autant de distance avec lui ? Après tout, il avait respecté sa part du contrat et j'avais découvert quelqu'un qui me correspondait, qui me plaisait de plus en plus et qui avait fait l'effort de faire 150 bornes uniquement pour me faire plaisir... peu de gens pouvaient se targuer d'avoir cette chance.