02 - Si la vengeance est un plat qui se mange froid... - Part. 1

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« Bonjour et bon début de semaine à nos chers auditeurs. Aujourd'hui, il fera humide et venteux toute la journée sur l'ensemble de l'État. Les températures n'excéderont pas 5°C. Pull bien chaud et parapluie seront de rigueur aujourd'hui... »

Satané réveil ! Je détestais le lundi ! En fait, soyons honnête, je détestais tous les jours de la semaine. Je détestais la fac en réalité. Du moins, toutes ces personnes aussi hypocrites que futiles qui avaient le don de me hérisser le poil et qui évoluaient dans cet antre du savoir. Et oui, j'avais fait la triste découverte, en intégrant l'université, que les mêmes poupées superficielles sévissaient ici comme au lycée, mais sous forme de sororités ainsi que leurs congénères sous stéroïdes qui préféraient taquiner les haltères ou le ballon plutôt que se muscler le cerveau, dans les fraternités.

Avec une pointe de jalousie de ma part, je devais avouer que je ne comprenais pas comment les filles populaires faisaient pour être toujours au top, et ce, quelles que soient les circonstances. Ce jour-là, par exemple, il faisait humide. J'allais donc perdre 45 minutes dans la salle de bain pour essayer de faire quelque-chose d'à peu près correct avec mes cheveux, et comme la météo était injuste avec moi, tous mes efforts seraient vains au bout de 10 minutes. Ça ne me laissait même pas le temps de prouver un peu aux chères « sœurs » de Milly que je savais ce qu'était qu'un lisseur ! Non pas que mon apparence m'importait, mais il fallait bien que je me plie un minimum aux règles de la société dans laquelle je vivais. Après tout, la fac nous formait pour l'avenir, non ?

« Le cabinet conseil des avocats associés vous a présenté la minute juridique... »

Et zut, j'étais à la bourre maintenant !

Il ne manque plus que ça !

Je devais réfléchir à ma problématique capillaire sous la douche sinon j'allais louper la moitié du cours. Non que ça me pose problème, mais si je ne voulais pas louper mon semestre, je n'avais pas le choix. Et il était hors de question que je repique mon année... plus vite j'en aurai fini avec cette période de ma vie, mieux je me porterai.

Tandis que j'ouvrais les robinets, je fermai les yeux et me laissais porter par le bienfait de l'eau chaude sur ma peau. Hum... de l'eau chaude... hum... les vacances... soleil... tropiques... plages immenses... détente et silence... maillot de bain... MAILLOT DE BAIN ? Pourquoi fallait-il toujours qu'il y ait un élément négatif, même dans mes propres fantasmes ? Je ne supportais pas de me montrer à demie nue. Rien que l'idée de déambuler sur une plage aussi couverte qu'en sous-vêtements, et même devant des inconnus, me faisait trembler de tous mes membres. Alors pourquoi penser à ça ? Devenais-je maso ?

Je sais, beaucoup de gens pourraient penser que j'abuse, mais à vrai dire pas tant que ça. En fait, ma timidité et ma pudeur me gâchaient la vie tant elles étaient maladives. Je n'assumais pas du tout mon apparence, mon corps autant que mon visage. J'avais l'impression que toutes les filles autour de moi étaient bien mieux que moi et le fait que jamais un garçon ne pose son regard sur moi ne m'aidait pas à me rassurer. En même temps, comment leur en vouloir ? En sortant de la douche, j'évitais d'ailleurs soigneusement mon miroir en pied que j'avais relégué au fond de ma chambre. Les frayeurs matinales, merci bien, mais très peu pour moi ! Je ne savais même pas pourquoi je l'avais encore ce maudit miroir alors que je ne me regardais jamais dedans ! A l'occasion il faudrait que je songe à m'en débarrasser.

Bref, revenons à nos priorités, j'avais quoi déjà comme matière ? OH !! NON !! Natation ! Je me sentis tout à coup oppressée, comme si une main invisible me serrait la cage thoracique. Si mon semestre n'était pas en jeu, je crois que j'aurais pu me porter pâle sans me forcer pour éviter cette épreuve. Mais quelle brillante idée j'avais eu d'accepter de prendre cette option avec Nell ! Son argument de points supplémentaires sur la moyenne semestrielle était bon, mais pas suffisant pour que j'affronte mes démons une fois par semaine. Voilà, de fantasme gâché, le maillot de bain venait de faire irruption dans ma journée pour me pourrir ma réalité ! Super ! Le lundi était véritablement mon enfer sur terre ! En tout cas, une chose était sûre, l'option piscine disparaîtrait de mon emploi du temps l'année prochaine, que Nell le veuille ou non ! Je me sentais de toute façon incapable de continuer.

Reality - Tome 1 - De l'autre côté du miroir (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant