9 | Chapitre

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La foudre fendit les nuages, découpant les silhouettes décharnées des arbres nus sur le ciel orageux. Une pluie diluvienne s'était abattue sur Poudlard, empêchant les entraînements de Quidditch et les cours de vol. Les équipes râlaient de tout leur cœur mais au fond l'envie de jouer sous un temps pareil égalait celle de boire de la pisse de troll. Le tonnerre grondait avec force, faisant trembler les murs. On aurait dit qu'un géant du ciel avait décidé de se défouler sur le château. Les trombes d'eau noyaient chaque mot qui s'échappait de la bouche d'une tierce personne.

A ce moment, on sut l'identité de chacun. Qui aurait cru que le grand balèze de Serdaigle était atteint d'une brontophobie aiguë. Personne. Lui qui connaissait pourtant leur origine, leur fabrication et leur composition était actuellement blotti dans les bras de sa petite amie qui lui frottait le dos pour le rassurer. Celle-ci, lassée, foudroyait chaque personne qui osait jeter un quelconque regard moqueur à son copain.

Dans la tour des rouges et or, quasiment tous les Gryffondors s'étaient enfermés dans leur dortoir après avoir petit-déjeuné. Seules Lily et Dorcas étaient dans la Salle Commune. Les deux jeunes filles révisaient leurs cours et s'interrogeaient mutuellement. Les Maraudeurs avaient disparu du château, personne ne parvint à leur mettre la main dessus.

- Quel est la créature qui annonce la pluie ?
- L'augurey.

Lily approuva, cocha une case et passa à la question suivante.

- Qui a inventé le sortilège d'Alégresse ?
- Félix Labeille

Les Gryffondors continuèrent ainsi pendant plus d'une heure jusqu'à ce que leur ventre crie famine. A la Grande Salle, Lily et Dorcas retrouvèrent Mary et Marlène. Un vent de malaise balayait les deux jeunes filles qui ne pipaient mot. Marlène scrutait avec attention le visage de la Gryffondor comme si elle voulait la mettre à nu. La discrétion n'étant pas le fort de la Serdaigle, Mary reflétait une tension qui transparaissait dans ses gestes secs, jetant quelques coups d'œil inquisiteurs à Marlène. Lily lança un regard interrogateur vers Dorcas qui haussa négligemment les épaules.

Le week-end, la plupart des élèves déjeunaient dehors, au bord du lac. Mais avec toute cette pluie, il en était hors de question. D'un geste de la main, Dorcas invita ses amies à les rejoindre. Mary se leva en signe d'assentiment tandis que Marlène refusa poliment et s'éloigna en direction de la tour d'Astronomie. Attrapant un sandwich au vol, elle grimpa quatre à quatre l'escalier. De là-haut, elle avait une vue imprenable sur le lac et la forêt.
Croquant avidement son repas, elle écrivait aussi vite qu'elle pouvait la dissertation sur les révoltes gobelines qu'elle devait rendre pour demain. Le professeur Binns avait assuré que si elle se permettait encore de ne pas travailler, ce serait la retenue et des points en moins. Elle ne pouvait pas se permettre de faire perdre des points à Serdaigle, Kirell, la préfète de Serdaigle, avait été claire : elle devait se reprendre en main. Sa maladresse avait envoyé trop de personnes à l'infirmerie ; en espérant que le dernier en date se remettrait de l'attaque surprise de l'hippogriffe.

Vouloir lui faire peur par derrière s'était avéré être une mauvaise idée. Le professeur Brûlopot l'avait envoyée en retenue, s'occuper des dodos. A savoir que laver ces créatures étaient d'une pénibilité accrue, les foutus oiseaux avaient l'affreuse manie de se téléporter un peu partout, ce qui avait fait enrager Marlène.

Emmeline Vance, sa meilleure amie avait piqué un fou rire en la voyant revenir, les cheveux en épis, décorés de crottes de dodo et de plumes. Son visage avait souvent été la cible des becs pointus et des griffes mais Mme Pomfresh était experte dans son travail. Chaque griffure disparaissait derrière le passage de sa baguette. Elle ponctua sa dissertation d'un point qui perça le parchemin. Un soupir s'échappa de ses lèvres.

Guardian AngelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant