Bonus 2 : Pov Moïra

48 2 0
                                    

Je m'éloignais de celle en qui je pensais avoir le plus confiance. Le cœur lourd face au récente révélation, je voulais faire le point.

Pourquoi ne nous en a t-elle pas parler? Nous étions là, avec elle depuis son arrivée, ici. Bon sang!!!

J'étais tellement énervée que je bousculai quelques élèves au passage et ne pris même pas la peine de m'excuser. Trop occupée à ruminer, je ne remarquai pas que j'étais déjà arrivée dans notre chambre. Salem était tranquillement allongé sur le lit, sa queue bougeant de temps en temps. Il ne pris même pas la peine d'ouvrir les yeux en m'entendant entrer. 

Je ne peux pas dormir, ici. Pas ce soir... Je risque de dire des choses que je vais regretter. 

Aussi pris-je quelques affaires de rechanges et mon nécessaire de toilette avant de me dirigeais vers la chambre réservée au préfet. Il y en avait deux, une dans chaque dortoirs. Cependant, je n'avais jamais compris pourquoi ma fonction devait m'octroyer le privilège d'avoir ma propre chambre. J'étais avant tout une élève, donc ce genre de faveurs me donnais le sentiment d'être une profiteuse. 

Quand j'arriva devant la porte,  je fit une pause, hésitante. Mais ma colère me fit l'ouvrir. La pièce était un peu poussiéreuse mais on voyait quand même que le ménage y était fait de temps en temps, par un des elfes du château. Dans le cas contraire, la poussière y serait beaucoup plus épaisse. 

Une forme diaphane flottait à côté de la fenêtre qui diffusait la douce lueur verte des eaux du lac. Elle se retourna doucement, révélant le visage émacié et la tenue maculée de sang du Baron Sanglant. 

Je ne pus m'empêcher de faire un pas en arrière. Ce n'était pas de peur. Seulement, je ne m'attendais pas à le voir dans cette chambre. Le regard vide du Baron me fixa un petit moment avant qu'il ne prenne la parole. Sa voix était grave et monocorde. Quand on connaissait un temps soit peu son histoire, son allure malheureuse et son ton neutre était compréhensible. 

- Mademoiselle Cormack... Il est rare de vous voir dans cette chambre. Auriez-vous un problème avec l'une de vos amies? 

- Bonsoir, Baron. Vous restez clairvoyant malgré les siècles qui s'écoulent. En effet, une de mes amies me posent des problèmes. Confirmai-je, la colère reprenant le dessus.   

Le Baron pouvait sembler effrayant au premier abord mais il était de bon conseils pour qui savait prendre le temps de l'écouter. Il lui intima donc de s'asseoir sur le lit. La préfète ne se fit pas prier. 

- Expliquez-moi.

Je commençais alors à raconter l'histoire au fantôme, qui acquiesça à de nombreuses reprises. A la fin de mon récit, il pris quelques minutes pour réfléchir puis se décida à me donner son point de vue. 

- Je comprend votre colère, mais Mademoiselle Silver n'est pas totalement en tort...

- Comment?!

- Ne m'interrompez pas! Me coupa t-il avant que je ne dise quoi que ce soit d'autre. 

- Excusez moi... Mais... Tentai-je de répliquer.

- Laissez moi finir ou je vous laisse vous morfondre dans votre ignorance. me menaça t-il. 

- ...

- Bien... Ou en étais-je? 

- Aileen n'a pas totalement tort. Indiquai-je, excédé. 

- C'est ça. Mademoiselle Silver a perdu sa famille. Elle a du partir de son école et laisser toutes les personnes qu'elle aime derrière elle. Imaginez-vous devoir faire ce sacrifice?  De plus, les ennuis l'ont suivit jusqu'ici alors qu'elle commençait tout juste à créer des liens avec vous, mademoiselle Merchant et les jumelles Whitby. Elle a eu peur de vous perdre aussi. Arrivez-vous à voir ce que je veux vous expliquez? 

- Elle nous a menti pour nous protéger mais surtout pour se protéger elle-même.

Le baron soupira. Je savais qu'il voulait m'aider mais je n'étais pas prête à lâcher du leste.  

- Non, elle vous a menti pour ne pas vous impliquer dans ses problèmes. L'ignorance est souvent la meilleure des protections. Elle a porté le blâme des accidents pendant des mois pour démasquer les intrus elle-même sans impliquer l'école. Je pense qu'elle voulait vous parlez mais que cette peur de vous perdre l'a empêcher de le faire.  Elle a préféré la difficulté à la facilité en ne prévenant personne. Tu ne peux donc pas la blâmer pour avoir prise ce genre de décision. 

- On était là pour elle tout le temps. La moindre des choses aurait était de nous mettre au courant que nous étions peut être des cibles. 

- Peut-être... Mais sur le moment, elle n'y a tout simplement pas penser. Conclu le Baron.

- Et bien, elle aurait du. Insistais-je.

Le Baron secoua la tête, résigné. 

- Réfléchissez  sur ce point cette nuit. Mais ne tardez pas trop, il serait triste de vous retrouvez à l'infirmerie pour manque de sommeil. 

Sur ses mots, le fantôme quitta la pièce en traversant l'un des murs, me laissant seule. Je réfléchis longuement sur la question, même après avoir enfilé ma chemise de nuit et m'être lavé les dents. Le seul avantage que je trouvais à cette pièce était sa petite salle de bain. Moi, qui ne voulait pas croiser Aileen par hasard, cette avantage m'arrangeait. 

Je repensais à ses derniers mois, à l'arrivée remarquée d'Aileen. Je m'étais d'abord dit que cette fille voulait faire son intéressante. Mais la dispute qu'elle avait eu avec Rosier et le reste de la bande de Tom m'avais montré que cette fille avait du caractère et de la volonté. Ses deux traits de caractère l'avait faite remonté dans mon estime. Le fait de l'avoir comme colocataire avait confirmé nos affinités. Une amitié était née entre nous deux. 

Quand les attaques avait commencé, je lui avais apporté mon soutien, l'avait consolée quand j'avais vu sa carapace se fissurer face aux regards inquisiteurs des autres élèves. J'avais été choqué par la capacité qu'avait Aileen pour garder la tête haute et affronter chaque nouvelle journée avec le sourire. Même si ce dernier n'était qu'une façade, il a trompé son monde jusqu'à ce soir. 

Des révélations de cette soirée, le fait d'apprendre qu'Aileen n'ai pas pu donner des funérailles décentes à son père, m'avait profondément touchée. Je ne pouvais pas imaginer la douleur que devait ressentir Aileen en repensant à ses parents. Et la pensée que si Aileen avait été avec ses parents quand ils s'étaient fait enlever, nous ne nous serions jamais rencontré, m'effleura l'esprit. Je serais alors passée à côté de tout ses moments de complicité, de rire et de partage. Je n'aurais jamais adressé la parole aux sœurs Whitby et je serais resté dans ma bulle. 

Il devait être près de 3 heures du matin quand le sommeil se décida à l'envelopper. Sa dernière pensée avant de sombrer fut. 

Quelle idiote je fais... Il faut que j'aille lui parler demain matin. 

................................................................................

Ceci signe la fin des bonus. J'espère qu'ils vous auront plu. Et vous auront permis de cerner Moïra au passage. 


Les Chroniques d'Aileen Silver : Partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant