𝐍𝐞𝐟𝐞𝐥𝐢𝐛𝐚𝐭𝐚

- 𝟑𝟓 -

« Oh oui, Jungkook. Comme au bon vieux temps »

Ils restèrent assis en silence pendant un moment. Jungkook pouvait entendre son pouls dans sa tête et il avait encore plus chaud que lorsqu'il avait couru. Il passa une main dans ses cheveux et s'essuya le visage. Il se sentait sale dans cette voiture. Tout était immaculé. La vie que Jungkook menait avec Taehyung n'avait pas sa place ici. Les choses dans sa vie étaient désordonnées, elles l'avaient toujours été, et son père n'avait jamais eu de temps pour le désordre.

« Tu as l'air en forme », dit Byungho en se tournant enfin vers lui.

« En forme ? Je porte mes vêtements de sport et il y a de la sueur qui coule sur mon front », dit-il avec un rire méprisant. C'était à la limite de l'hystérie. Il n'arrivait pas à contrôler une seule partie de son discours ou de son corps. Ses mains n'arrêtaient pas de jouer avec tout ce qu'il pouvait trouver, y compris les cadrans fantaisistes sur le côté de la voiture qui ajustaient l'éclairage.

« Je veux dire que tu as l'air en bonne santé. J'avais peur que ton état se soit détérioré depuis que tu nous avais quittés, que tu te sois tourné vers la toxicomanie »

« La toxicomanie ? Mon Dieu, tu ne m'as vraiment jamais connu », Jungkook secoua la tête.

« Nous étions inquiets. Quand j'ai vu ta photo et découvert que tu allais bien, ça a été un poids terrible en moins sur nos épaules. Quoi que tu penses de ta mère et moi, la perte de notre fils a été dure. Nous avons eu peur pour toi. Le chemin que tu avais pris... il y avait toutes sortes d'éventualités. La prison. La drogue. Tu peux comprendre notre angoisse. Te voir avec Kim Taehyung, un homme de son intelligence, dans un endroit comme ces lieux de remises de prix. Je ne peux pas décrire le soulagement que j'ai ressenti »

« Je me suis bien débrouillé tout seul, n'est-ce pas ? », marmonna Jungkook, mais son ton était hésitant. En l'entendant à voix haute, de la voix de son père, il ne pouvait l'ignorer. Ils s'étaient inquiétés pour lui. Ils s'étaient inquiétés pour lui. C'était peut-être l'émotion la plus forte qu'ils aient jamais manifestée à son égard. Il s'assit sur ses mains tremblantes pour s'empêcher de tripoter à nouveau la voiture.

« Je vois ça. Je suppose que tu n'as pas eu d'ennuis depuis que tu es parti ? »

« Des ennuis ? Non. Mon Dieu, non. Bien sûr que non. Je suis allé à l'université, j'ai eu de bonnes notes, j'ai trouvé un super boulot et je publie un roman. Des problèmes ? Tu as peur que j'aie un casier judiciaire ou quoi ? »

« Non, non, Jungkook. Non. J'étais juste inquiet. L'idée de te voir dans cette situation... »

« Je vais bien. Je me suis bien débrouillé », dit-il. Il fallut un moment pour que la tension se dissipe avant qu'il ne ferme les yeux et se calme. Une profonde respiration et il continua. « Tu t'es bien débrouillé toi aussi »

« Je suppose que tu le savais ? », dit tranquillement Byungho. « Tu savais que j'étais candidat à la présidence ? »

« Oui. Je n'ai pas lu grand-chose à ce sujet, mais mon meilleur ami me l'a dit »

« La route a été très longue, mais nous sommes dans le dernier tour maintenant. Cela a été dur pour ta mère, mais je lui ai toujours assuré qu'à la fin de tout cela, nous aurons une victoire plus douce que toutes les autres. La seule chose qui pourrait la rendre meilleure pour elle serait, j'en suis sûr, de la partager avec son fils unique »

Jungkook détourna le regard et regarda les rues familières défiler derrière sa fenêtre. Son coeur avait l'impression de convulser dans sa poitrine. « Ne dis pas ça »