𝐍𝐞𝐟𝐞𝐥𝐢𝐛𝐚𝐭𝐚

- 𝟒𝟐 -

« Vous pensez que le stress a fait des dégâts ? »

Jungkook tripotait les bracelets en argent de sa main gauche. « Peut-être. Oui. C'est juste que parfois, j'ai l'impression de tout faire tout seul ». Cette pièce était le seul endroit où il pouvait parler ouvertement, partager ses pensées intérieures qu'il ne pouvait pas partager avec Taehyung, et qu'il ne voulait pas partager avec Jimin et Hoseok. Des peintures d'arbres bordaient le mur à sa gauche, dans un style abstrait, et ses yeux étaient attirés par elles chaque fois qu'il parlait. Il avait toujours du mal à maintenir le contact visuel.

« Est-ce que Taehyung peut vous aider ? »

Il secoua la tête. « Pas vraiment. Il est fermé. Ce n'est pas qu'il ne veut pas aider, mais je pense que ça lui fait peur. Je veux dire, il veut cette maison, il aime l'idée de vivre dans cette maison avec moi, mais il ne veut pas non plus quitter son ancienne maison. C'est comme s'il serait plus heureux si on pouvait vivre dans les deux. La dépression dans laquelle il se trouve dure depuis... vous savez... des semaines, et je ne veux pas le pousser à faire quelque chose qui le mette mal à l'aise tant qu'il est dans cet état »

Il jeta un coup d'œil au bureau et croisa son regard. Sa thérapeute était une femme autoritaire en termes d'attention, mais assez discrète en termes de discours. Jungkook se retrouvait toujours à parler pendant au moins quatre-vingt-dix pour cent du temps lors de leurs rendez-vous. « Comment trouvez-vous cela ? »

Jungkook baissa les yeux. « C'est... difficile ». Le dire à haute voix le faisait se sentir comme traître. Ces mots ne devaient jamais quitter cette pièce. Même les dire à voix haute à ses amis était impossible. Avouer que la vie avec Taehyung pouvait être difficile était ressenti comme une terrible trahison. « J'ai l'impression d'être un monstre en le disant à voix haute. Il fait tellement d'efforts et j'ai l'impression... d'être complètement fourbe, de venir ici et de dire ça derrière son dos »

« Vous êtes en sécurité ici, Jungkook. Tous vos sentiments sont valables et vous n'êtes pas un monstre pour en avoir exprimé un. Que pensez-vous que Taehyung dirait si vous lui disiez ce que vous ressentez ? »

« C'est ce qu'il y a de pire. Il dirait que vivre avec lui est difficile, et il le dirait de la façon la plus horrible et autocritique qui soit, et ce n'est pas du tout ce que je veux dire. Je ne suis pas... ce n'est pas qu'il me frustre, Dieu sait que je n'ai jamais ressenti ça. Je n'ai jamais eu ne serait-ce qu'une fraction de seconde de colère dirigée vers lui. C'est dur parce que je suis en colère contre les gens qui ont créé ces angoisses pour lui. Tout ce qui concerne cette maison rappelle son ex et à chaque fois que j'essaie de lui faire quitter ce lieu, la colère revient, car cela signifie que je pense à lui. Pas à Tae. Ça n'a jamais, jamais été à propos de Tae »

Elle hocha de la tête. « Donc vous comprenez les schémas de pensée qui vous ramènent à ces sentiments ? »

« Oui, je sais », il soupira. « Je sais »

« La semaine dernière, nous avons parlé de l'endroit où vous vouliez être dans six mois, et de ce qui vous rendrais heureux. Vivre dans ce nouvel endroit avec Taehyung était en tête de votre liste. Ce processus que vous endurez maintenant, c'est parce que vous faites des choix positifs »

« J'aimerais juste que ce ne soit pas si dur, putain », murmura-t-il, en se frottant les yeux en se penchant en avant. « Ou j'aimerais être plus fort. Je ne sais pas »

« Le premier », dit-elle doucement. « La situation dans laquelle vous vous trouvez, Jungkook, est difficile. Vous traversez une période difficile. Vous et votre partenaire devez faire face à des circonstances compliquées, Taehyung gère ce qui peut être une maladie mentale débilitante, vous avez été projeté aux yeux du public et vous déménagez, ce qui est déjà assez stressant sans tout le reste. Ce n'est pas une question de force. Et ce n'est pas votre faute si cela commence à vous épuiser »