𝐍𝐞𝐟𝐞𝐥𝐢𝐛𝐚𝐭𝐚

- 𝟒𝟖 -

« Je pense qu'il serait bon de t'avoir au centre de la promotion. Tu es très jeune, beaucoup plus jeune que ce que l'on attendrait d'une œuvre de cette qualité, et très attirant visuellement. Si nous t'envoyons dans des festivals, les gens achèteront ton livre rien qu'en te regardant », Chaeyoung parlait avec animation autour d'une salade, sa fourchette en plastique s'agitant dans l'air car elle ne pouvait jamais rester immobile. Ses cheveux blonds décolorés se balançaient au gré de ses mouvements, rebondissant sur ses épaules.

« Attirant visuellement ? Merci », dit Jungkook en riant, un peu embarrassé. « Les festivals, par contre ? Je ne sais pas... Je ne veux pas m'éloigner de Taehyung pendant trop longtemps. Pas plus d'une nuit, vraiment »

« Ce n'est pas grave », dit-elle brillamment. « Nous pouvons nous arranger. Je sais que rester à ses côtés est la chose la plus importante pour toi. Il y aura beaucoup de promotions en ligne dont tu pourras discuter avec l'éditeur. Je sais qu'ils voudront en profiter ». Pour démontrer le sens de ces propos, elle fit un geste vers son visage et Jungkook se surprit à secouer à nouveau la tête. Il n'avait jamais imaginé que son apparence physique serait considérée comme un tel atout dans le monde de l'édition.

« Si je disais que je préférais rester à la maison et m'en tenir à mes livres à l'abri des regards, cela poserait-il un gros problème ? », demanda-t-il, nerveux à l'idée de faire ce genre de demande avant même la sortie de son premier livre.

Chaeyoung le regarda. Elle était toujours audacieuse, toujours effrontée, et Jungkook aimait qu'elle lui dise les choses telles qu'elles étaient sans aucune hésitation. Et il appréciait que leurs réunions ensemble impliquaient toujours de la nourriture, généralement à l'extérieur, car les bureaux n'étaient pas son truc. Aujourd'hui, dans un manteau rose duveteux, elle attirait les regards des gens qui les croisaient dans la rue. La brise de fin de printemps ébouriffait leurs cheveux. « Si c'est ce qui te convient, alors bien sûr, je le leur dirai », dit-elle. « Je ne fais que penser tout haut. Ne te sens pas obligé de signer quoi que ce soit. C'est toi qui es aux commandes »

« C'est juste qu'avec tout ce qui s'est passé cette année avec les médias, je ne suis pas sûr de vouloir inviter de la publicité dans ma maison. Pas à cause de moi, mais à cause de Tae. Il va tellement bien en ce moment, je préfère que les choses restent comme elles sont. Pas de placardage de mon visage partout »

« Je comprends parfaitement », acquiesça-t-elle. « Mais je peux toujours travailler avec eux pour la soirée de lancement, pas vrai ? »

« Oui », dit-il en riant et en prenant sa nourriture. « Taehyung est très enthousiaste à ce sujet. Mais pas trop de presse, s'il te plaît. Nous voulons que ce soit surtout des amis proches »

« Absolument. Je veux qu'elle ait lieu dans une librairie. Vous serez tous les deux plus à l'aise là-bas et c'est agréable et subtil ; les quelques journalistes de confiance que nous inviterons en parleront agréablement. Je ne veux pas que tu penses que je te pousse, Jungkook, parce que je te promets que ce n'est pas mon intention. Je veux juste que ce roman ait tout le succès qu'il mérite »

« Je sais », il lui adressa un sourire rassurant. « Merci. Tu as fait un travail formidable. Tu sais combien coûtent ces chaussures ? C'est ce que je peux acheter grâce à tes talents de négociatrice », il sortit sa botte de sous la table pour faire bonne mesure, montrant les bottes noires à la semelle épaisse.

« Je fais de mon mieux », dit-elle en riant. « Tu veux aller boire un cocktail pour la happy hour ou tu es super occupé comme toujours cet après-midi ? »

« Super occupé. J'ai boxe à quatorze heures »

Ces jours-ci, l'emploi du temps de Jungkook commençait à ressembler à celui de l'université : il était surchargé. Entre la boxe, la thérapie, l'accompagnement de Taehyung à ses nouveaux cours de photographie, la course à pied, la rencontre avec Chaeyoung, les sorties avec Jimin, les sorties avec Hoseok et le début du travail sur son deuxième roman, il avait peu de temps pour respirer. Mais plutôt que de se sentir étouffé, il se sentait bien. C'était ainsi que Jungkook s'épanouissait. Cela ne lui laissait pas le temps de s'attarder sur des choses plus sombres.