- 𝟒𝟑 -

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« Prends tout le temps dont tu as besoin », dit Jungkook.

Avec un hochement de tête, Taehyung prit son visage en coupe et déposa un doux baiser sur ses lèvres. Tenir son monde dans ses mains faisait vibrer les forces de gravité autour de lui. Jungkook se blottit contre lui, en tournant ses lèvres contre sa paume. Taehyung laissa son baiser l'effleurer un moment avant de se tourner vers l'avant de la maison. Les larges fougères qui avaient autrefois flanqué la porte d'entrée avaient disparu, en équilibre sur le siège avant de la voiture de Yoongi deux heures plus tôt.

Il regarda la maison.

Celle-ci le regarda en retour.

Après une minute d'observation, Taehyung fit un pas en avant et poussa la porte d'entrée. Cette coquille vide, cette carcasse vidée, se dressait devant lui avec une dernière poussée d'indignation. Le couloir était large, plus large qu'il ne l'avait jamais été, maintenant qu'il était débarrassé de ses livres. En effet, alors qu'il marchait sur le parquet et touchait les murs du bout des doigts, il se demandait si cet espace avait toujours existé ou si la maison s'ouvrait comme un piège à mouche Vénus prêt à l'attraper une dernière fois dans son étau mortel.

Un pas à droite dans le salon et il toucha à nouveau le mur, la douce peinture jaune sur laquelle Jungkook avait passé tant d'heures. Adorable Jungkook. Il avait rafistolé les fissures dans le plâtre juste assez longtemps, pas des fissures visibles mais de terribles cicatrices que Taehyung voyait sur chaque mur à travers la lentille de ses propres souvenirs. Si Jungkook ne l'avait pas fait, il était sûr que la maison l'aurait rendu fou bien avant qu'il ne trouve le courage de la quitter.

Certains éléments de leur vie ici étaient restés. Le canapé, la table basse, certaines des étagères branlantes. Son fauteuil préféré avait disparu, ainsi que tous les livres qu'il avait décidé de garder, enfermés pendant la nuit dans un camion de déménagement froid où il ne pouvait pas les garder en sécurité. Ses photos n'étaient plus sur les murs mais il avait retouché les clous, plantés par Jungkook, qui dépassaient encore. Quelques bons souvenirs traînaient dans cette pièce. Regarder Jungkook dormir sur le canapé, boire du vin avec Seokjin et Namjoon, être pris à part par Jimin pour se faire sermonner sur les bons soins à apporter à son Jungkook, si tous deux devaient entamer une relation.

Cela le fit sourire. Rien ne le faisait plus sourire que d'autres personnes qui partageaient sa préoccupation et son dévouement envers Jungkook.

« Peut-être que tu n'étais pas si cruelle après tout », murmura-t-il à voix haute à la maison.

Dans la salle de lecture, il regarda le jardin. Il était toujours envahi par la végétation, jamais vraiment apprivoisé par son petit ami, mais lorsque Taehyung ouvrit les fenêtre, il respira un air familier qui, il en était sûr, ne pouvait être égalé nulle part ailleurs dans le monde. Au lieu de se détendre, cependant, sa poitrine se resserra, et il referma les fenêtre. Ses pas dans la cuisine étaient plus rapides, une main glissant sur le plan de travail nu. Il n'y avait aucun signe de la cafetière de Jungkook ou de leurs casseroles brûlées.

Ce rez-de-chaussée de la maison était inondé de pensées de Jungkook, de la peinture jaune aux bons souvenirs. Quand il se dirigea vers la chambre qu'ils partageaient, son cœur lui fit mal et il dut poser une main sur le mur pour se stabiliser. Les os nus du lit étaient restés, l'encourageant à traverser la pièce et à s'asseoir avec précaution sur le cadre. Le bureau de Jungkook avait disparu, ainsi que tous ses vêtements, mais Taehyung pouvait encore sentir sa présence ici. Il croyait fermement que l'on ne pouvait pas quitter une maison sans y laisser une partie de son âme pour toujours.

Chaque maison contenait l'esprit de ses anciens résidents. Une partie de son âme vivrait ici avec celle de Jungkook. Mais cet endroit abritait aussi les esprits des autres, et c'est ce qui poussa Taehyung à se détourner de la pièce. Sa peau était soudainement froide. Il frotta ses mains sur son pantalon pour essayer de les réchauffer mais le froid semblait être dans l'air. C'est à pas rapides qu'il marcha jusqu'aux escaliers.

𝐍𝐞𝐟𝐞𝐥𝐢𝐛𝐚𝐭𝐚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant