Derrière la fiction

6: Polo

J'essaie de me calmer et de ne plus regarder vers la fenêtre puis, décide donc de m'éloigner de la classe. J'apporte mon regard sur mon téléphone, la période avance tranquillement. J'entends la poignée de la porte et me retourne vers la source du bruit. Un mec au cheveux foncé et aux yeux bleus en sort avec une expression vide et fade. Un autre que je devrai faire sourire et pleurer. Je le regarde approcher, pas par pas, un pied à la fois, le regard bas. Juste en le détaillant, je peux remarquer que ça vie n'a pas l'air simple

Je le salue, mais il ne fait que monter son regard vers moi

- Je peux comprendre que tu ne sois pas alaise, nous sommes pas obligé de parler. Tu peux retourner en classe si tu le souhaites

- Non non, ça va aller

Il s'assoit au sol et je m'assois à ses côtés

- Quel est ton nom ?

- Polo

Il regarde devant lui, les bras autour de ses jambes qu'il a ramenées vers lui

- As-tu envie de discuter ou tu préfères attendre ?

- Je n'aime juste pas me dévoiler à n'importe qui

Il est froid, vide, aucune émotion ne s'affiche sur son visage, il a l'air détruit

- Prends ton temps Polo

Je le regarde en détail, pendant cinq longues minutes, silencieuses. On a terminé par seulement se regarder sans gêne ni malaise. On s'est observé pendant ces cinq minutes-là avant de terminer par se sourire. J'avoue que dit comme ça, ça paraît un peu psychopathe

- Tu sais, j'ai commis beaucoup d'erreurs dans ma vie

Finit-il par m'avouer

- Je suis resté traumatisé par certains événements de ma vie et ça vague toujours dans mon esprit, ça me hante. Ils m'ont pardonné, mais moi, je ne me pardonnerai jamais

Je le regarde ne comprenant pas ce qu'il essaie de me dire, mais je le laisse continuer

- Tu vois, lorsque je me regarde dans un miroir, je vois un monstre. Je n'est plus envie de rien, j'ai perdu goût à la vie. Pendant trois ans, j'ai vécu l'enfer. Ne pas être aimé par personne, le rejet, la solitude. J'ai essayé de me suicider, et même là, je n'ai pas réussi à cause que l'on m'a sauvé. Je ne sais même pas pourquoi, je ne le mérite pas. Je n'est plus la force de pleurer, de rire ou de ressentir quelque chose en général, tout ce que je sais faire, c'est de détruire. Alors ne t'approche pas de moi Brook, tu risques de souffrir...

Il me prend la main et plante ses yeux bleus dans les miens

- Ne me laisse pas te faire du mal, tu as l'air d'une personne tellement gentille, douce et souriante. Je ne veux pas te retirer ton bonheur et ta joie de vivre, tu mérites beaucoup mieux que ça. Je ne te demanderai rien sur toi, sinon, je vais vouloir te connaître d'avantage et ça ne va que me faire encore plus mal

Il m'observe tristement pendant quelques secondes

- Tu sais Polo, je crois que tu te sous-estimes beaucoup. Je ne sais pas ce que tu as fait et si tu ne veux pas me le dire, je vais comprendre. Sache que si tout le monde t'a pardonné, c'est qu'ils ont tournés la page, ils ne sont pas restés prisonniers aux chaînes du passée. Tu devrais faire pareil, car souvent, le passé gâche notre présent et notre futur. Juste le fais que tu sois conscient de tes erreurs te rend meilleur, toi aussi tu as l'air vraiment gentil. Juste le fais que tu veux t'éloigner de moi pour mon bien démontre que tu as de la gentillesse en toi et que tu n'es pas une mauvaise personne

Je lui souris aussi

- Sache que je serai toujours là et je ne vais pas t'abandonner Polo. Je sais qu'on se connais depuis seulement quelques minutes, mais je vois déjà en toi un coeur brisé et une âme abîmée. Je ne te laisserai sûrement pas tout seul dans ta tristesse, au contraire, je vais essayer de la faire partir pour que tu retrouves ta joie de vivre. D'ailleurs, ce soir, il y a une fête chez Rebeka j'espère que tu vas venir

- Je ne sais pas trop Brook...

- Il n'y a pas de non, tu es obligé et en plus, tu devras t'habiller en nana, ce sera magnifique

Il sourit et prend un petit moment pour répondre

- Merci infiniment, je ne sais pas comment te remercier...

- Viens à la soirée et ce sera parfait

Je lui fais un clin d'oeil et le serre dans mes bras avant de voir la porte s'ouvrir. Il me regarde tristement avant de retourner en classe. Parfois, ça me rend triste comment les gens se voient. La confiance en soi, c'est la base de la vie. Ce mec a vraiment besoin qu'on le remet sur pied et je serai là pour l'épauler