CINQ

367 24 44
                                    

TW : agression avec une arme

De la vitre teintée du taxi, je regarde le paysage qui défile à toute vitesse sous mes yeux. Des immeubles, ou plutôt, des gratte-ciels, qui comme leur nom l'indique, sont comme perdus dans le vaste au-delà. J'ai beau me tordre le cou, je n'en vois même pas le bout. C'est d'un ennui profond, toutes ces constructions grises et rectangles : rien à voir avec la campagne de la France aux teintes colorées et joyeuses. Tout est presque monotone à New-York : à la fois une ville sans vie, creuse et triste, mais qui peut aussi s'avérer agitée et trop peuplée.

Après avoir fini mon petit-déjeuner, Tony m'a commandé une voiture pour "me ramener chez moi". Chez moi qui n'existe finalement pas. Avec Peter, on a tenté de chercher les vêtements que je portais la veille, mais ils avaient comme disparus, ce qui a suscité quelques ricanements de la part des hommes qui ne croient toujours pas à notre nuit-sans-sexe. Bien évidemment, si rien n'a été trouvé, c'est parce que je me suis réveillée en sous-vêtements -ceux mis la veille- dans une autre réalité que la mienne. Natasha a eu la gentillesse de me prêter de quoi m'habiller : un débardeur noir, basique, un jean de la même couleur, et surtout, une veste qu'elle m'a passé avec un demi-sourire. "Il commence à faire froid" m'avait-t-elle dit. "Tu devrais la prendre".

Je passe une main sur les vêtements, tandis que ses mots, prononcés avec cette voix à la fois cassée et douce, flottent dans mon esprit. D'un geste prudent, j'amène mon bras à mon nez pour y sentir la manche : une légère odeur de vanille associée à une senteur un peu plus masculine. Au final, elle est à l'image de l'espionne russe : déterminée, franche et autoritaire. Je ne voyais de toute façon pas Natasha porter du parfum floral.

Les au revoir ont été d'une efficacité sans pareil. J'ai remercié tout le monde, un pincement au cœur, pressé les mains de Peter et suis partie. Les larmes ont commencé à rouler dès que le moteur de la voiture avait démarré : je venais à peine de rencontrer une poignée de mes personnes préférées que je devais leur dire adieu.

J'appuie ma tête contre la paroi froide de la voiture et soupire, créant un cercle de buée sur la vitre. Lorsque le conducteur m'a demandé une destination, je n'ai pas vraiment su quoi répondre, alors dans la panique, j'ai dit la première chose qui me venait à l'esprit : Central Park. J'ai prétendu à Peter que je retournai chez mon cousin Matt, mais je ne peux pas. Ce membre de ma famille n'existe pas, n'est qu'une fiction de ma part, comme tout el reste de mon histoire pour eux. Ce soir, je n'ai pas de toit sous lequel dormir : je serai livrée à moi-même dans les rues de cette vaste ville. Je ne pourrai pas non plus manger : je n'ai pas de monnaie sur moi. Vais-je vraiment devoir commencer à voler ?

Est-ce que ce soir, si je m'endors, le lendemain je me réveillerai dans mon lit, chez moi ? D'un côté, je l'espère sincèrement : errer dans la rue, sans argent ni nourriture ni habitat- Non, je ne pourrai pas. Mais d'un autre, je me demande aussi comment je pourrais perdre cette chance que j'ai, d'être dans le même univers que les Avengers. Je n'ai jamais été aussi proche d'eux qu'aujourd'hui ! Et qui sait si ce "shifting" pourrait se reproduire ?

Avant même que je ne m'en rende compte, le taxi s'arrête devant l'entrée de Central Park. Le temps est passé plus vite que prévu. Le conducteur déclare que nous sommes arrivés et me laisse ouvrir la portière avant de détaler dans un strident crissement de pneus. Je regarde la voiture typiquement jaune s'éloigner et devenir un petit point sur la route, avant de m'en détourner et de faire face au grand portail. Me voilà maintenant seule, sans valise, sans aucune information sur cet endroit. Je suis complètement perdue.

Tandis que le vent me fouette le visage et fait valser mes cheveux noirs derrière moi, je pénètre dans le parc avec un soupir. Au final, je visiterai quand même ce lieu typique de New York City. Je lève la tête et contemple les arbres aux couleurs jaunes, oranges et rouges qui m'entourent. Le souffle de l'air compose une jolie mélodie de bruissements de feuilles, et quelques unes desséchées et tombées de leurs branches dansent autour de moi. Cela réussit à me soutirer un petit rire mélodieux.

SHIFTING | Natasha Romanoff x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant