NEUF

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Le soudain bruit de la porte rebondissant contre le mur blanc de la salle dans laquelle Natasha et moi sommes, me retire un petit sursaut. L'espionne russe a tout juste le temps de se lever dans un bond instinctif et de s'écarter d'à peine un mètre de moi, que la longue tignasse brune de Wanda apparaît dans l'encadrement. Sans une once de délicatesse et d'intimité pour nous deux, elle pénètre dans la pièce et scrute les alentours de ses yeux verts emplis d'impatience. Un sourire s'est déjà dessiné sur son visage, rosissant et étirant ses jolies pommettes, encore plus haut qu'elles ne le sont à l'origine :

- Oups, s'excuse-t-elle d'un ton joyeux, j'ai peut être ouvert la porte un poil trop fort.

Son regard passe alors directement sur le corps, maintenant éloignée, de Natasha, qu'elle a du apercevoir proche du mien, puis à moi même, qui n'a pas eu le même temps de réaction. J'ai l'air bête, assise les bras presque ballants et la mine déconfite, sur cette table à la surface froide et métallique, à laquelle j'étais attachée quelques minutes auparavant. Le sourire de la magicienne se fait alors plus malicieux à mesure que de longues secondes gênantes s'écoulent, durant lesquelles, aucune de nous ne fait un mouvement. Les yeux de Wanda se mettent alors à pétiller au moment où elle nous pose d'une voix claire et un tantinet trop guillerette pour la situation, la question, qui, je le sais, lui brûle les lèvres :

- Je vous dérangeais peut être, les filles ?

Son long index nous désigne simultanément toutes les deux dans un mouvement circulaire et au même moment, son nez se froisse dans un retroussement que j'aurai pu trouver adorable dans d'autres circonstances. Sa moue, si appréciée dans ma propre réalité, traduit de façon excellente sa curiosité et son engouement. Ce n'est absolument pas l'atmosphère qui règne dans cette sorte de salle d'interrogatoire, dont chaque particule, chaque atome qui se déplace autour de nous, est lourd et pesant.

La question posée par la brunette tombe finalement dans le silence lourd plombant, réduisant alors à néant la lueur solaire qu'elle avait pu apporter. Ni Natasha, ni moi ne prenons l'initiative de répondre à cette interrogation un peu trop indiscrète. Surtout que, me concernant, je ne connais pas réellement la magicienne. Enfin, tout ce que je peux savoir d'elle me vient de l'univers cinématographique dans lequel elle réside : je n'ai jamais pu lui parler, avoir une vraie conversation avec elle. Comment pourrais-je me confier sur ce qui vient de se passer ?

Et puis, les films ne doivent sûrement pas tout retransmettre de sa personne, de qui Wanda Maximoff est réellement. De la même manière, ceux-ci ne montraient pas les couloirs menant à la salle à manger de la Tour. Ici, je suis dans une réalité qui n'a pas les limites de la caméra. Je vais pouvoir dépasser le cadre dans lequel est enfermé le tableau du MCU, entrer dedans et l'explorer à ma guise. Je vais pouvoir apprendre à en connaître son univers, et surtout, ses personnages d'une manière plus convenable, plus agréable. Je vais les redécouvrir complètement. A cette pensée, un sourire me titille les lèvres : j'apprécie tellement cette idée, moi qui ait pu vivre à travers les Avengers, moi qui les chérit et les adore.

Plutôt que de donner suite à la question de Wanda, je me tourne sans un mot et avec appréhension vers Natasha. Ma bouche est close, mais cela ne lui empêche pas de trembler, presque imperceptiblement, de nervosité. Je préfère me la mordre, afin d'arrêter ses petits mouvements que je n'arrive pas à arrêter de moi-même.

Lorsque mes yeux rencontrent le corps sculpté de la Widow, le souvenir de notre récente proximité me percute, entraînant alors le rougissement de mes joues, et l'augmentation soudaine de la chaleur de mon corps : c'est tout juste si je ne levais pas la main pour pouvoir éventer de façon frénétique mon visage bouillant. Tout ça pour un stupide rapprochement qui ne signifiait rie du tout. Je dois voir Natasha comme une collègue, voire une amie. Ce souvenir qui me martèle l'esprit et le corps va devoir disparaître de ma mémoire.

SHIFTING | Natasha Romanoff x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant