SEPT

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A mes oreilles, me parviennent des petits murmures, un son aussi simple que faible. Ce sont des chuchotements indistincts appartenant à des voix que je ne pourrais reconnaître. Peu à peu, je m'extrais de ce cocon dans lequel je m'étais reposée. J'y étais bien : sans espace, sans temps, sans réelles pensées. Un sommeil profond et sans rêves. Mais pas réparateur.

La douleur revient, elle aussi, progressivement. Tout mon corps me lance, me fait mal. Je sens pratiquement tous les bleus que m'a infligé chaque coup, chaque blessure, chaque chute. Et puis, mon système entier est lui aussi épuisé. J'ai beau m'être reposée, je sens que toute mon énergie est partie et ne s'est pas renouvelée d'elle même. Il me faudra sûrement des jours, voire des semaines pour m'en remettre.

Derrière mes paupières lourdes et fermées, des formes se dessinent et dansent. Elles apparaissent pour disparaître aussitôt. Elles n'ont aucune précision et sont juste floues, formant juste une sorte de forme ovale. Les voix s'accentuent, leurs volumes aussi. Elles bourdonnent constamment dans mes oreilles : c'est agaçant, ça fait mal. Mais je ne comprends toujours pas ce qu'elles disent. Je note seulement, à présent, que certaines sont profondes comme celle d'un homme, et d'autres plus aigues et mélodieuses.

Un gémissement m'échappe tandis que la douleur se fait soudain trop forte. Je sens que mes vêtements sont moites, surement de sueur. J'ai chaud et j'aimerais le préciser. J'essaie donc d'ouvrir un premier œil, le gauche je crois, le seul que je parviens à ouvrir sans que son pair fasse de même. Il faut que je fasse une effort pour que cela puisse fonctionner, et dès que je parviens à le faire, une lumière crue et blanche me l'agresse. Je tente, instinctivement, de porter ma main au visage pour me le protéger, mais un lien m'y empêche. Je tire plus fort, pensant m'en défaire facilement, mais mes deux poignets sont emprisonnés.

Je ne me soucie alors plus de la lumière qui pourrait me blesser les rétines et sens la panique me submerger d'un coup. J'ouvre d'un seul coup les deux yeux, et m'agitent dans tous les sens. J'ai beau me tortiller de tous côtés, je ne parviens pas réellement à bouger. Malgré mon mal de tête, je parviens à relever mon cou afin d'avoir une vue d'ensemble sur tout mon corps : mes mains et mes pieds sont attachés sur les côtés d'une table rectangle métallique, par des menottes en fer. Ma taille est enchevêtrée par une sangle de cuir qui maintient mon tronc collé à la surface. Je sais que cela ne changera rien, mais je continue d'essayer de m'en libérer en tirant de toutes mes forces mes membres vers moi : rien à faire. Je suis toujours prisonnière, et avec ça, je ne réussis qu'à me blesser encore plus, le fer me pénétrant peu à peu dans la peau et me la rongeant douloureusement.

Ma respiration se fait plus forte et des sanglots commencent à se créer dans ma gorge, ne demandant qu'à être extérioriser. Je suis allongée, attachée, en sous vêtements, sur une table d'opération, comme un rat de laboratoire. Au moment où j'allais crier, une large main s'abat sur mon ventre nu. La brutalité, la force et l'instantanéité du geste me plaque en plus contre la surface métallique et me permet de me calmer aussitôt.

Je tourne la tête vers son propriétaire, et fait face à Banner, ses lunettes rectangulaires posées sur son nez et ses cheveux poivre et sel en bataille. Dans ses yeux passent un éclair de colère, mais avec plus d'attention, je peux aussi y lire une certaine peine et compassion. A l'aide de son autre main, il remonte ses lunettes et se racle la gorge.

Derrière lui, je remarque la silhouette de Natasha, adossée contre le mur. Habillée d'un pantalon moulant noir, d'un débardeur gris et avec un fin trait de crayon sous chaque œil, sa main est près de son couteau, attaché à sa jambe par une lanière de cuir, prête à s'en emparer. Je la fixe et remarque au bout d'un temps qu'elle aussi le fait : mais son regard est méfiant et surtout, il n'appartient pas vraiment à celui de la femme à qui j'ai pu dire bonjour ce matin. Adieu les paillettes qui avaient pu apparaître au moment de notre rencontre. Elle a enfilé sa casquette d'espionne, celle qui est prévoyante et agressive. Mon cœur sombre lentement dans ma poitrine face à cette observation.

SHIFTING | Natasha Romanoff x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant