Chapitre 4

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« Je vais sortir aujourd'hui. »

C'était un samedi lorsque Jeongin eu enfin un jour de repos bien mérité. Travaillant avec labeur chaque jour de la semaine, ses parents avaient enfin concédé à lui offrir un jour de congés pour qu'il puisse se reposer. Ce matin là, c'était Jeongwa et son père qui allait prendre le relais pour conduire les moutons aux pâturages. Lui s'était payé le luxe de dormir une heure plus tard avant de déjeuner en compagnie de sa mère qui nettoyait avec application la laine qu'ils avaient récolté la semaine précédente. Cette dernière se redressa en le voyant serrer sa besace autour de son épaule tout en enfilant ses chaussures.

« Tu vas aller quelque part en particulier ? » demanda t-elle en passant le revers de son bras le long de son front pour écarter des mèches de cheveux échappés de son chignon. Bien entendu que Jeongin allait quelque part : après plusieurs soirées de négociation, Hyunjin avait convaincu ses parents d'inviter le berger à déjeuner chez eux le midi. Les deux garçons avaient prévu de passer la matinée ensemble à l'atelier de peinture qu'avait aménagé Hyunjin avant de se rendre dans un coin isolé de la rivière l'après-midi, pour ne pas avoir à faire aux autres enfants du village. Mais tout ceci, sa mère ne le savait qu'en partie. Madame Hwang lui avait demandé si elle était au courant de ce que prévoyait de faire les garçons et sa mère connaissait vaguement les réponses.

« Oui, je vais voir Hyunjin. » répondit il en se redressant une fois ses chaussures lacées. Sa mère n'avait pas remis sur le tapis le sujet du mariage. Mais elle était une femme discrète et Jeongin craignait encore qu'elle ne lui sorte un plan bancal dont elle avait le secret pour le forcer à accepter l'idée de se marier.

« Mon fils... » commença t-elle, exaspérant d'avance le jeune homme. Il tiqua à peine alors qu'il se détournait d'elle pour s'éloigner de la maison. « Sois prudent mon garçon d'accord ? »

Surpris, Jeongin fit volte-face. Il était étonné de voir l'expression profondément inquiète de sa mère sur son visage. D'ordinaire, elle n'était pas si angoissée pour rien. Encore une fois, le berger se rendit compte de sa fragilité : sa mère n'avait pas 40 ans mais elle semblait déjà usée jusqu'à la corde. Son visage était tiré, ses cheveux étaient clairsemés de gris, et elle portait sur son visage les soucis qu'une mère pouvait avoir pour ses deux garçons.

« Je suis toujours prudent maman. » répondit alors Jeongin en esquissant un sourire pour apaiser sa mère. Celle ci hocha la tête avant de retourner à sa tâche avec labeur. La laine était difficile à laver et ça demandait énormément de travail. Jeongin culpabilisa un peu en voyant sa mère plier en deux à rincer encore et encore la laine d'eau claire mais c'était un de ses rares jours de congés. Il s'éclipsa sans demander son rester.

L'agréable chaleur qui envahissait sa poitrine était devenue une amie désormais. Elle ne le quittait plus : l'idée de voir Hyunjin entretenait cette flamme qu'il ne savait qualifier. Parfois, ils passaient des après-midi entières à parler sous le pommier, en se tenant la main ou non. De temps en temps, ils cherchaient des matériaux pour que le fils du professeur s'entraine à créer des peintures différentes. Mais toujours, ils restaient ensemble jour après jour, savourant leur présence plus que de raison. Jeongin esquissa un léger sourire alors qu'il gambadait le long du chemin jusqu'à la résidence des Hwang. Il n'allait jamais dans le village le matin, d'ordinaire c'était toujours lui qui emmenait les moutons. Les ruelles étaient encore vides lorsqu'il arriva à la maison de son ami où il toqua doucement à la porte. Le soleil était pourtant déjà levé depuis quelques heures : l'été était désormais bien entamé et les chaleurs se faisaient nombreuses.

Son cœur fit un bond dans sa poitrine lorsque la porte s'ouvrit sur Hyunjin lui même. Afin de palier à la chaleur, il avait attaché ses cheveux très haut sur son crâne ce jour là et avait cédé l'habit traditionnel pour une tunique de lin bleue, assortie d'un short de coton beige clair. Jeongin crut mourir d'embarras en sentant son regard tomber sur les jambes à peine dénudées de son ami, il l'avait vu très peu de fois sans durugami, mais c'était la première fois qu'il se sentait si affecté. Lorsqu'il releva les yeux vers le visage de Hyunjin, ce dernier avait ses habituelles joues rosées et son air si tendre qu'il froissait le cœur de Jeongin dans sa poitrine.

Sous l'ombre du pommier (𝐻𝑦𝑢𝑛𝐼𝑛)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant