Chapitre 8

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Le pire cauchemar que le berger avait pu imaginé était entrain de se dérouler.

À peine était il arrivé à la demeure familiale que sa mère entra dans la maison, suivi par Jeongwa qui avait les joues écarlates et l'air honteux. Jeongin ne décocha pas un seul mot : sa course folle pour rattraper son petit frère lui faisait presque siffler la poitrine tant il prenait de profondes inspirations. Il se sentait nauséeux, à deux doigts de vomir, lorsqu'il suivi sa mère et referma la porte derrière lui.

Comme d'habitude, son père n'était pas là. Il était encore au champ avec les moutons. Jeongin ne savait pas si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Dans la maison, l'ambiance était lourde, le silence pesant. Les seules choses qui se faisaient entendre étaient les respirations des deux garçons qui reprenaient peu à peu pied. Jeongin voulait dévisager son frère : il lui en voulait profondément. Dire qu'il s'était inquiété pour lui après son départ. C'était stupide. Au moins, il n'allait avoir aucun scrupule à quitter le village, sa famille. Tout allait être plus simple. Sa mère avait ses deux mains appuyées sur la table de la cuisine, les épaules voûtées et la tête penchée en avant.

« Est ce qu'ils savent ? »

La voix de sa mère était si stable, si froide, que malgré l'étouffante chaleur de l'été et sa course effrénée, Jeongin sentit un frisson parcourir son échine. Il déglutit péniblement. La sueur coulait le long de ses tempes, il mourait de chaud et de peur. S'il se moquait bien de ce que sa mère pouvait dire sur lui, il n'allait supporter aucune remarque envers Hyunjin. Il espérait sincèrement que son aîné avait regagné sa maison sans encombre, en sécurité.

« De quoi tu parles ? » demanda t-il, un ton de défi dans sa voix encore sifflante.

« Est ce que les parents Hwang savent ? » demanda t-elle plus précisément, sans se retourner, le regard rivé sur leur table de cuisine.

« Je ne sais pas de quoi tu parles. » rétorqua Jeongin en dévisageant son petit frère, qui avait le regard vissé sur le sol. Ses oreilles étaient rouges de honte.

Un léger rire se fit entendre de la part de leur mère. Inquiet, le berger tourna le regard vers elle. Elle avait redressé la tête et tourné sa tête vers lui : il y avait tant de colère et de haine dans ses yeux qu'un filet de sueur froide perla dans la nuque du garçon.

« Ne me prends pas pour une idiote. » pesta t-elle d'une voix venimeuse. « Je me doutais bien qu'il s'agissait d'une immondice de ce genre. Ton frère a eu raison de venir m'en parler. »

Le mot immondice accolé à l'amour incommensurable qu'il éprouvait envers Hyunjin donna à Jeongin un sentiment de rejet profond. Il détestait sa mère plus que tout à cette seconde. Incapable d'accepter un terme pareil, il crispa ses poings le long de son corps.

« Tu ne veux pas simplement admettre que je suis heureux comme ça ? Qu'on soit heureux comme ça ? » demanda t-il le plus calmement possible, même si sa voix tremblait.

« Arrête tes stupidités mon fils ! » lança t-elle en se redressant et en se tournant entièrement vers lui. « C'était l'histoire d'un été, il va partir et c'est tant mieux !! Tu dois oublier tout ça, je suis d'accord pour faire semblant de ne pas avoir entendu et de ne pas en parler à ton père si tu arrêtes de le voir dès maintenant ! »

« Non. »

Il avait presque craché le mot tant il était chargé en émotion. Jeongin sentait le bout de ses doigts crépiter, il avait trop d'énergie, trop de colère en lui. Il fallait qu'il s'exprime, qu'il crie, qu'il hurle. Il aimait Hyunjin, il était son tout et il ne voulait que lui. En quoi c'était si difficile à comprendre pour elle ? Pourquoi sa mère refusait à ce point son bonheur ? Pourquoi voulait elle lui voler ce qui le rendait si heureux ? C'était ridicule. L'air mauvais de sa mère se déforma sous la rage qu'elle éprouvait elle aussi.

Sous l'ombre du pommier (𝐻𝑦𝑢𝑛𝐼𝑛)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant