Chapitre 1

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 Hermione se concentra une énième fois pour jeter le sort complexe de réparation, bien qu'elle le connaissait par cœur à force de l'employer à longueur de journée. Aussitôt, les gravats s'envolèrent dans un concert de craquements sourds pour reconstituer un des milliers de murs de pierre de Poudlard. D'un geste souple du poignet, la jeune femme pointa de sa baguette le reste de pierres fracturées amassées au pied du dernier pan de mur de ce couloir. Comme les dizaines d'autres qu'elle avait réparé, ce mur avait repris la forme qu'il possédait avant l'attaque de Poudlard, deux mois auparavant. Cet évènement tragique qui avait coûté la vie à de nombreux sorciers dont le frère de Ron et avait failli causer la mort de Harry. Le roux et sa famille, ainsi que de nombreuses autres, s'étaient retirés pour faire le deuil de leurs proches. Le brun quant à lui, était très occupé avec la fin de la guerre dont il avait été le pilier. Hermione se retrouvait donc seule, sans famille, à aider les infirmiers qui avaient installé un hôpital de fortune dans les ruines de l'école ou à reconstruire ce qui en restait.

Elle ne voulait pas penser. La mort de ses proches, les traumatismes de la guerre, ses parents qui l'avaient oublié... Cela l'avait atteint trop profondément. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était de noyer sa peine dans le travail, s'arracher ses dernières forces et les offrir pour aider les autres pour qu'elle n'ait plus à réfléchir. C'était beaucoup plus facile comme cela, c'était bien plus simple. Aider. Encore et encore. Elle savait le faire, elle l'avait toujours fait : c'est sa zone de confort. Mais plus que de l'altruisme, c'était à ce moment-là un moyen de panser ses plaies, d'amortir l'impact mental de cette tragédie sur elle. C'est pourquoi elle se donnait, corps et âme, du matin au soir et du soir au matin, dans ce travail fastidieux.

Trois heures passèrent où Hermione fit glisser sa baguette de gravât en gravât, répétant inlassablement le même sort, reconstruisant une dizaine de couloirs, ne s'accordant que de courtes pauses lorsqu'elle était trop fatiguée pour puiser dans sa magie un énième sort de reconstruction. Elle s'assit enfin, presque satisfaite, alors qu'il était bientôt 18 heures. La poussière colla à son corps dégoulinant de sueur mais elle était trop exténuée pour y prêter attention. Elle ferma les yeux un instant, profitant de la relative fraîcheur du lieu. La jeune femme apprécia le calme de son esprit fatigué. C'était tout ce qu'elle cherchait. Quelques minutes passèrent où elle ne fit rien d'autre que profiter du calme et se reposer, puis elle ouvrit les paupières lentement. Elle saisit sa baguette et se releva à l'aide du mur. Elle s'épousseta sommairement par réflexe ; ce ne fut pas réellement utile. La Gryffondor parcourut le dédale de couloirs pour arriver à la Grande Salle. Traversant l'hôpital de fortune, elle fit attention à ne pas marcher sur les nombreux lits de camp installés les uns contre les autres pour gagner un maximum de place. L'hôpital Sainte Mangouste était saturé, c'est pourquoi des infirmeries s'étaient improvisées dans les espaces qui le permettaient, comme ici, et compte tenu du nombre de blessés, il fallait économiser de la place. Cependant, après deux mois, ces espaces se désengorgeaient petit à petit. La jeune femme parvint enfin à la porte qui donnait sur une pièce moyenne, au fond de laquelle trônait une cheminée. Celle-ci, ainsi que 3 autres, avaient été construites pour faciliter les déplacements entre Sainte Mangouste et Poudlard, car de toute manière les défenses de l'école n'avaient pas été remises en place, n'étant pas la priorité. La brune s'approcha de la cheminée et se saisit d'une poignée de poudre de cheminette et s'installa dans le foyer.

- « Hôpital Sainte Mangouste ! » dit-elle.

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Elle se dirigeait vers le premier étage, sa serviette sur ses épaules, recueillant les gouttelettes d'eau qui ruisselaient de ses cheveux séchés à la va vite. Hermione avait utilisé les douches communes de l'hôpital et s'était changée. Elle portait toujours son sac sans fond qui ne la quittait plus, attaché à sa taille grâce à une ficelle de fortune. Dans sa main se trouvait une boîte de biscuit à thé. La jeune femme toqua à une des portes du couloir à l'aide de sa main libre. Elle n'attendit pas la réponse et l'ouvrit sous le soupir exaspéré de l'occupant.

Sauvés [SLOW UPDATE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant