Venuste | jjk x kth

22. Tendre

Taehyung n'avait pas osé rester trop longtemps chez Monsieur Jeon : le lieu était tel qu'il ne se sentait pas tout à fait à sa place, bien que Jungkook trouvait que le doré se fondait parfaitement dans le décor. À vrai dire, tout était très joli, très fleuri, très à l'image que se forgeait peu à peu Taehyung de son patron. Cependant, son esprit ressassait en boucle la mine tiraillée de In-Soon lorsque le châtain s'était trouvé trop près de Jungkook au goût de la brune. Il réentendait en permanence les mots qu'elle avait crachés au visage du noiraud, avec une hargne presque féroce, un mépris soudain pour Taehyung.
Alors le doré ne cessait de se dire qu'il n'était pas à sa place ici, bien qu'il aurait aimé croire à cette délicieuse illusion. Mais peut-être qu'elle avait sa place dans ce somptueux appartement, aux chaleureux côtés de Jungkook et dans la chaleur de sa tendresse.

Tendresse que le doré avait rencontrée une fois de plus le jour-même : il avait été touché d'apprendre que Jungkook avait lui-même préparé le petit-déjeuner pour lui. De plus, il était si rare pour le châtain de se réveiller avec tant de choix pour se nourrir au petit matin que de petites étoiles scintillaient dans ses prunelles, faisant pétiller son regard.
Et s'il était rare pour le miellé de recevoir autant d'attention particulière à son égard, il était tout aussi rare pour le noiraud d'adopter un comportement si tendre à l'intention d'un de ses employés (si ce n'est à présent d'un ami).

Le noiraud s'était plu à remarquer chaque sourire de Taehyung. Il avait apprécié sa douce compagnie, lui qui habituellement ne se trouvait qu'en la très agréable et réconfortante présence de Gribouille et la musique qu'il appréciait écouter pour dissimuler le tonitruant silence qui régnait souvent chez lui.  

Ainsi, il s'était délecté des rires de Taehyung, de ses sourires, de ses jolis yeux en amande et de cette manie de toujours s'inquiéter pour son prochain. Le doré n'avait cessé de lui demander s'il allait bien, si personne ne s'en était pris à lui la veille et si le porter n'avait pas été trop douloureux.
Toute cette bienveillance aveuglait Jungkook, le faisant oublier qu'il s'agissait tout de même de son employé, d'un garçon qui devait rester loin de ce monde mauvais et manipulateur.
Et brutalement, le rire cristallin de Taehyung ramenait Jungkook à la réalité : celle dans laquelle le miellé et lui étaient totalement opposés et pourtant si semblables.

Celle dans laquelle sa génitrice l'avait appelé, à l'affût de la moindre faute, du minime déséquilibre.

Celle dans laquelle elle était persuadée qu'In-Soon et lui formaient un bienheureux couple.

Réalité totalement erronée.

Ainsi, lorsque Taehyung eut quitté l'appartement de Jungkook, le noiraud refit face au silence, au vide soudain qui le prenait. Un vide qui lui rappelait celui ressenti la veille et qui le rongeait d'une peur troublante, d'une inquiétude dévorante.
Celle de voir Taehyung s'éclipser, sans être certain de pouvoir veiller sur lui.

Et une question semblait déchirer l'esprit du noiraud, assécher ses lèvres et brûler sa gorge. Elle persistait à comprendre, vaine de trouver une réponse à cette interrogation affolante.

Pourquoi, alors qu'il n'était à la base que son employé, Taehyung devenait-il l'étoile au centre-même de son monde ?

Et lorsque la sonnerie de son portable sonna pour la seconde fois, Jungkook retarda une fois de plus l'inconcevable réponse qu'il s'évertuait de trouver et fit face au silence qu'il désirait pourtant apaiser.
La question avait laissé place à une nouvelle et troublante interrogation, qui peu à peu alarmait Jungkook : pourquoi diable Madame Jeon persistait-elle à le joindre ?

Un pas après l'autre, Taehyung montait les marches des escaliers de l'immeuble qui menaient à son petit appartement séoulien. Le jeune homme avait mis de côté l'ascenseur, se disant que non seulement marcher un peu lui ferait le plus grand bien mais également car cela lui permettrait d'établir une transition plutôt lente entre ce qu'il venait de vivre et où il s'apprêtait à rentrer.