Chapitre 5 : Par qui commencer ?

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Le Green Hill file à travers l'océan, bien qu'il n'aille nulle part : il attend les ordres de son capitaine. Or, le dit-capitaine est en train de tourner comme un lion en cage dans sa cabine. Il a demandé à être seul et a envoyé les princes ranger les affaires de voyage. Normalement, ils devraient tenir un mois à trois avec tout ce qu'ils ont emporté. 

Mais le voyage le rend nerveux : cinq ans sans naviguer, c'est long. Mais il est surtout terrifié de la mer les entourant : et s'il y a un problème ? Il sait que ce n'est jamais arrivé à Green, mais s'il se renverse ? Si Sonic tombe à l'eau, il mourra à coup sûr. Lui qui était excellent nageur, il a oublié comment nager, d'ailleurs, il ne veut même pas y penser. Mais l'inquiétude le ronge et la peur lui prend les tripes.

Il n'a jamais eu peur de mourir, il sait qu'avec le train de vie qu'il menait, il risquait de ne jamais connaître la vieillesse. Pendu, embroché, abattu, bref, il a toujours su qu'un jour, il passerait l'arme à gauche. Et il s'y est toujours préparé. 

Mais la noyade. La noyade, c'est autre chose.

Ce n'est pas le fait de mourir qui le terrifie, c'est comment il va mourir. Parfois, il ferme les yeux et sent le désir impossible d'inspirer un grand coup, reprendre son souffle, et lorsqu'il cède. 

L'eau. 

L'eau salée, désagréable, dangereuse, vicieuse, meurtrière. Cette eau-là lui pique la langue et s'immisce de force dans sa gorge, dans ses poumons. Et se débattre ne sert à rien : quand l'ennemi est à l'intérieur, on est déjà mort.

Puis il se réveille en panique et lutte pour retrouver de l'air.

Il secoue la tête : il doit vite régler cette histoire sinon, il va devenir fou ! Sonic réfléchit, il doit penser à autre chose. Se vider l'esprit, et les poumons par ailleurs. Par quoi commencer ? Ah oui ! Son équipage. Il n'a aucune idée de ce qu'ils sont devenus, ni même où ils sont. Mais Green doit le savoir : il est lié à chacun d'entre eux. Il s'apprête à l'interpeller mais s'arrête.

Par qui commencer ?

Son équipage n'est pas nombreux mais ils sont tout de même six, sans se compter lui. Il ouvre les portes d'un placard et hausse un sourcil à la vue d'une araignée et de sa famille qui le fixent. Le bleu lève les épaules : il a juste besoin d'un papier. Il prend l'araignée et ses petits dans ses mains et les pose sur le sol.


- (Sonic) Va vraiment falloir que quelqu'un nettoie...


Il attrape un papier roulé et replace les arachnides dans leur maison. Le capitaine s'assoit à son ancien bureau poussiéreux et déroule le document qui s'effrite un peu dans ses mains. Il râle avant d'observer le contenu. Il sourit, nostalgique.

Les surnoms donnés à tout son équipage par les marins. Il ricane aux appellations.


- (Sonic) C'est ridicule...


Le Capitaine, lui évidemment, est le Démon Bleu parfois surnommé Poséidon. Son second, la Fureur des Océans et le reste de son équipage : la Pieuvre aux Mille Talents, la Sirène Rose, le Fantôme, la Harpie et Barbe Brune. A la rigueur, le Fantôme et la Harpie, ça sonne bien ! Même Barbe Brune ! Mais alors la Fureur des Océans, la Sirène Rose et la Pieuvre aux Mille Talents ? C'est ridicule ! Il se souvient qu'aucun des trois n'avait rigolé lorsqu'ils l'avaient découvert.

La porte tremble sous quelques coups légers. Les orbes émeraudes se lèvent vers l'entrée qui n'est toujours pas ouverte. Ah oui, il oubliait : les princes sont des personnes polies.

A l'Abordage !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant