Chapitre 5 - Au revoir

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Une semaine plus tard...

Je m'endors. Je m'endors littéralement sous la voix soporifique du professeur Sartiaux. Ce cours d'histoire de la philosophie contemporaine est pourtant franchement intéressant. Mais cette voix monocorde... C'est juste un défi de rester éveillé en l'entendant. D'ailleurs, je ne suis pas la seule à piquer du nez, je vois bien que tout le monde est en pleine lutte. Comment est-ce possible que le professeur ne remarque pas qu'il endort tout le monde ? Il a plus de pouvoir dans sa voix que Morphée dans ses ailes.

Lorsque monsieur Sartiaux annonce que le cours est terminé, je mets un petit temps à réaliser que la délivrance est là, juste devant moi.

-       Tu bosses aujourd'hui ? me demande Aurore, une fille très gentille et studieuse à côté de qui je m'assieds dans la plupart des cours.

Je jette un œil à mon téléphone et soupire.

-       Oui, je commence dans une demi-heure, je vais encore devoir m'acheter une boisson énergisante pour me réveiller.

Aurore glousse. Bien qu'elle soit le genre très bonne élève, je l'ai également vue tenter de résister à la fatigue pendant le cours.

-       Je ne sais pas comment tu fais pour travailler autant et réussir comme tu le fais !

Bon, je sais que j'ai dit que j'adorais faire des compliments mais j'ai parfois un peu de difficulté à les recevoir lorsque j'ai l'impression qu'ils ne sont pas légitimes. Je n'ai pas le choix d'aller travailler si je veux pouvoir m'amuser un peu et ça me semble normal d'étudier et de tout donner dans mes dissertations. Je ne vois donc pas ce qui méritait un compliment là-dedans.

-       Je... merci, c'est gentil, bredouillé-je.

À nouveau, elle rigole, elle me connait bien et sait que je suis déstabilisée par sa gentillesse.

-       On fait le travail ensemble ?

Euh. Attendez...

-       Le travail ?

Elle rit de plus belle.

-       Oh, alors toi, t'as vraiment rien écouté, se moque-t-elle. On doit bosser sur un philosophe contemporain en se basant sur le contexte spatio-politique.

Je lève les yeux au ciel. Pitié, il ne manquait plus qu'un travail bien chronophage pour égailler ma semaine.

-       Ouais, ça serait top de travailler ensemble, merci.

-       On bossera chez moi après les cours les jours où tu seras libres ?

Si elle propose cela, c'est parce qu'elle n'a pas de voiture et qu'elle habite dans un logement universitaire sur le campus.

-       Ça marche ! Bon, je m'en vais bosser, à demain !

Elle me rend la pareille et je me dirige vers le night shop afin de commencer mon service du soir.

***

-       So you think you can stop me and spit in my eye. So you think you can love me and leave me to diiiiiiiie. Oooooooooooh, babyyyyyyyyy, can't do this to me, babyyyyyyy, Just gotta get out, just gotta get right outta here.

Oui, quand il n'y a pas de clients, je monte un peu le volume des enceintes et diffuse ma musique. Et comme maintenant, il m'arrive bien souvent de chanter. Surtout quand c'est Bohemian Rhapsody de Queen et qu'il m'est impossible de ne pas la réinterpréter à ma façon. C'est-à-dire comme une casserole. J'en profite, bien entendu, pour réassortir les rayons, car c'est beaucoup plus amusant en s'imaginant donner un concert privé pour les raviolis en boite.

Cœur solitaire ('Je veux tes yeux')Où les histoires vivent. Découvrez maintenant