Chapitre 27 - Malentendu

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Cinq mois plus tard... (on est donc en octobre, ça fait presque deux ans que Marly et Malone se sont rencontrés, si vous avez fini par perdre le fil...)

Je suis hyper stressée !

Quelle idée j'ai eue de me lancer dans l'enseignement. Je suis diplômée en psychologie depuis le mois de juin et c'est la première école qui me contacte pour un remplacement. Inutile de vous dire que j'ai déjà remis tout mon petit-déjeuner, c'est beaucoup trop de pression pour moi.

-       J'espère que tu t'es bien brossé les dents, Marly. Ça craint, l'odeur de gerbe dans l'haleine, se moque ma meilleure amie.

Mais que serait une journée angoissante sans la douce intervention de Kadie ?

-       Tu ne dois pas te préparer pour ton taff, toi ? l'attaqué-je alors qu'elle semble déguster sa tasse de café matinale.

-       Siiiiii, bien sûr que siiiii, mais en fait, comme je suis normale, bah je ne m'y rends pas une demi-heure à l'avance, s'amuse-t-elle.

Elle a trouvé un travail dans un petit laboratoire et à l'inverse de moi, elle n'est pas du tout stressée. Il faut dire qu'elle y travaille depuis deux mois maintenant.

Je vérifie que j'ai bien tout ce qu'il me faut : clés, portable, ordinateur, paquet de mouchoir et déodorant. OK, tout est bon, tout est bon. J'inspire et j'expire un grand coup avant d'attraper mon blazer beige et de filer.

-       Montre-leur qui est le patron à ces merdeux, braille Kad avant que je ne referme pas la porte.

Je secoue la tête en riant, cette nana est tarée. Tarée et fiancée. Oui, elle se mariera le mois prochain avec Laure. Je suis si heureuse pour elles que j'en oublie presque que je suis célibataire depuis maintenant plus d'un an. Sans trop entrer dans les détails, mon vagin n'a vu le loup que trois fois afin de vérifier que mon hymen ne s'était pas reformé. Ouep, désolée pour cette information.

J'arrive à l'école avec un peu d'avance, mais pas autant que je ne l'avais escompté, la circulation était très dense ce matin. Je sens mon cœur battre jusqu'à mes tempes. Si je ne me contrôle pas un peu mieux, je risque de devoir vomir dans les toilettes de l'établissement, ça ne le fait pas trop comme première présentation aux collègues.

Fort heureusement, j'étais venue sur les lieux hier pour signer mon contrat et je suis donc capable de me repérer jusqu'à la salle de détente des professeurs. Les couloirs sont grands, les plafonds hauts, c'est une très vieille bâtisse. Ce collège prestigieux abrite en son sein depuis plus d'un siècle l'élite montoise. Cette idée me rend encore plus nerveuse. Je m'imagine être face à de petits intellectuels qui chercheront la moindre faille dans ce que je vais dire. J'ai peur de commettre des erreurs de langage, de dire un mot de travers.

Lorsque j'arrive face à mes collègues et les salue poliment en me présentant, ils semblent à peine me calculer. Gé-nial.

-       Est-ce que l'un d'entre vous peut m'indiquer où se trouve le local 22 ? tenté-je.

Je pense que mon expression de biche apeurée fonctionne, car un collègue masculin se dévoue et décide de me répondre, non sans avoir balayer du regard mon corps tout entier. Brrrrrrrrouuuuuaaaaah, je déteste ça. Même si cet homme est plutôt pas mal, j'ai déjà donné dans les mecs trop sûrs de l'effet qu'ils font aux femmes. Et puis si je dois être honnête, c'est toujours le même qui occupe mes pensées.

Bref, je m'égare.

-       C'est au premier étage sur la droite, m'explique-t-il d'une voix assurée.

Cœur solitaire ('Je veux tes yeux')Où les histoires vivent. Découvrez maintenant