Cœur solitaire ('Je veux tes yeux')

Chapitre 21 - Contre-coup (TW)

Malone

Quand ma mère débarque dans la chambre d'hôpital que j'occupe, c'est le drame. Elle fonce directement dans ma direction sans même prêter attention à Marly. Cette dernière recule prudemment et m'adresse un petit signe de la main dont je lui réponds par un clin d'œil. Je sais que ma mère m'a vu, je sais aussi qu'elle fait royalement semblant d'ignorer les sentiments que j'ai pour Marly. Oui, parce qu'hier, ça m'a frappé comme une évidence. Pendant tout ce temps, j'avais pensé que Marly occupait juste une place spéciale, à part des autres, qu'elle était trop bien pour moi et que c'est pour ça que je m'y accrochais. J'avais en tête que l'amour était quelque chose de compliqué, de brutal, de douloureux. Et ça l'est bien, en quelque sorte. Quand j'ai découvert qu'elle était toujours plus ou moins engagée avec son ex, ça m'a fait tellement mal que j'ai réalisé que cette douleur provenait directement de mes sentiments. Rétrospectivement, j'ai compris pas mal de choses. Je suis attiré par Marly depuis la première seconde où je l'ai vue et je suis tombé amoureux d'elle à l'instant où j'ai posé mes lèvres sur les siennes. Je ne comprends pas comment je n'ai pas pu réaliser ça plus tôt. Enfin, c'est peut-être parce que je m'étais fait une image trop précise de ce à quoi ça devait ressembler. Je pensais que l'amour se cultivait et naissait avec le temps. Force est de constater que les coups de foudre existent. Je ne parlerai pas d'âme sœur car je trouve le concept un peu dépassé, avec sept milliards d'êtres humains sur terre, ça me semble un peu stupide de ne penser qu'une seule de ces personnes nous correspond, mais en tout cas, je n'en ai jamais douté, Marly est faite pour moi.

Mon frère et mon père entrent ensuite dans la pièce et une fois que le premier est rassuré en constatant que je me porte à merveille, il attrape par le bras ma copine qui tentait de s'échapper.

- Reste avec nous, lui dit-il.

J'aperçois les grands yeux un peu flippés de ma petite amie et acquiesce pour l'encourager. Tant pis si maman le prend mal, il faudra qu'elle s'y fasse, de toute façon. Si mon frère, à son âge, est capable d'accepter Marly aussi facilement, sans la voir comme une intrusion dans leurs vies, elle devrait pouvoir en faire autant. Je le paierai peut-être plus tard, cependant. Ce n'est pas grave, Marly en vaut largement la peine.

Comme je m'y attendais, maman n'accepte pas très bien l'invitation de Lyam. Papa se présente à ma petite amie : « Daniel Lacombe, ravi de faire ta connaissance ». Je suis soulagé qu'il se montre aussi sympathique même si je n'avais pas de raison d'en douter venant de lui.

J'entends ma copine en faire de même : « Marlène Favre, mais je préfère qu'on m'appelle Marly », souligne-t-elle. Je souris en la voyant aussi timide et polie, je ne me gênerai pas pour la charrier plus tard sur ce point.

- C'est à cause d'elle que tu es ici, Malone ? demande ma mère d'un ton plus que tranchant.

Franchement, je commence à me demander pourquoi je me donne autant de mal pour lui plaire alors qu'elle n'est jamais satisfaite de moi. Sauf de mon physique, ça, heureusement, ça lui convient toujours.

- Nan, grondé-je. C'est... ma faute, à moi seul.

Tout à coup, je ne suis pas hyper à l'aise. Comment va-t-elle réagir si je lui raconte toute cette histoire ? Est-ce qu'elle jugera qu'il y a prescription ? La peur tire sur tous les organes de mon ventre, je me sens terriblement mal. Ça doit certainement se voir parce que Marly parait tout à coup plus inquiète en m'observant. Je vois que son regard passe de ma mère à moi dans une moue interrogative. Il ne faut pas qu'elle comprenne. Surtout pas.

- Ta faute ? répète maman, surprise et dubitative.

Je ne veux pas que Marly voit les réactions de ma mère, je ne veux pas qu'elle relie certains évènements dans son esprit, qu'elle comprenne, qu'elle s'inquiète. Ma relation avec maman de la regarde pas et je désire à tout prix l'écarter de ça.