Chapitre 7 - Prendre les choses au sérieux

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Une semaine plus tard...

Marly

J'avale une dixième poignée de chips dont les miettes parsèment mon pull à capuche, affalée devant la télévision. J'observe avec dédain le candidat qui vient de gagner vingt mille euros pour la troisième fois consécutive. À chaque fois que je vois les gagnants de cette émission, je me dis qu'il serait peut-être temps d'apprendre les paroles de chansons françaises par cœur et de participer à « N'oubliez pas les paroles ». Mais à chaque fois, quand je tente d'écouter attentivement les paroles d'une chanson, mon esprit divague et c'est fichu.

-       Tu es courant qu'il y a plus de chips sur ton pull que dans ton estomac, se moque Kadie.

Je lui jette un regard blasé et reprend ma déprime solitaire.

-       T'as pas un travail à rendre demain ? insiste-t-elle.

-       T'as pas quelque chose d'important à faire ? réponds-je.

Elle lève les yeux au ciel et range le bazar que j'ai laissé dans mon sillage. Au bout de cinq minutes, elle craque et se poste devant moi, me bloquant la vue de l'écran de télévision.

-       Ton père n'est pas vitrier, lancé-je.

-       Celle-là, elle est bien bidon, se marre-t-elle.

Elle attrape la télécommande et coupe mon émission préférée.

-       Fini de te lamenter et de pleurnicher sur ton sort.

-       Ça va, ça ne fait qu'une semaine. Toi, au bout de cinq minutes sans Laure, tu nous fais une dépression nerveuse.

Elle hausse les sourcils comme si je disais une absurdité mais je vous jure que c'est véridique !

-       Non, ça ne fait pas une semaine, ça fait presque cinq mois.

OK, celle-là, je ne l'avais pas vue venir. Mais je n'entrerai pas là-dedans parce que ça n'a aucun sens. Je ne peux pas justifier ce que je ressens alors, autant ne rien en dire.

-       Ah ouais ?

Je prends mon air de sale gosse impertinente, je sais qu'elle déteste ça. Comme de fait, je la vois contracter la mâchoire. Je pense qu'elle a envie de me gifler quand je « fais mes airs » comme elle dit.

-       Ouais. Arrête un peu tes conneries maintenant et ressaisis-toi, si c'est ce gars que tu veux, alors, va le chercher, bouge tes fesses.

Elle s'agite toute seule comme si son énergie allait faire décoller mes fesses du canapé. Elle peut toujours espérer.

-       Je ne comprends pas de quoi tu parles.

Elle part dans un rire presque hystérique qui me fiche un peu la trouille.

-       À d'autres mais pas à moi, Marly ! Je te parle de ce gars dont on ne peut même pas murmurer le nom sans que tu deviennes barge. Tu évites tout ce qui pourrait te mener à penser à lui depuis des mois, tu n'empruntes même plus ma voiture ! Je ne comprends même pas pourquoi tu ne l'as pas choisi, lui. Ça en devient ridicule, tu sais !

Là, c'est trop, c'est beaucoup trop pour moi, je bondis sur mes pieds à la vitesse de l'éclair et me plante devant elle.

-       Oui, c'est ridicule ! C'est justement pour ça que je n'en parle pas ! Tout ça n'a aucun sens, nos lèvres se sont touchées deux fois et je ne peux même pas prononcer son nom sans en avoir la respiration coupée. Je suis tombée folle amoureuse d'un homme après lui avoir parlé trois fois, alors, oui, j'évite le sujet parce que ça témoigne bien du fait que je suis complètement cinglée ! Et pourquoi je ne l'ai pas choisi ? C'est bien simple, Kadie, parce qu'il ne voulait pas de moi, il ne voulait pas d'une véritable relation alors j'ai décidé de sauver la seule qui me restait ! Voilà ! m'écrié-je.

Cœur solitaire ('Je veux tes yeux')Où les histoires vivent. Découvrez maintenant