Chapitre 25 - Mensonges

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Malone

À chaque fois que je me réveille, j'ai mal partout. Le soir même de la dispute, ma mère était à mon chevet quand j'ai ouvert les yeux. J'ignore comment elle a fait pour m'installer dans mon lit, mais le fait est que j'y étais. Elle s'est excusée de m'avoir fait aussi mal et a beaucoup pleuré en pansant mes blessures. Je dois bien admettre que ça m'a fait beaucoup de peine de la voir comme ça malgré ce qu'elle m'a fait. Je dois vraiment être cinglé, je ne vois pas d'autres explications. Mais c'est ma mère et je l'aime. Quand elle prend soin de moi, je redeviens un gosse fragile et peu sûr de lui qui ne peut être rassuré que par sa maman. C'est tellement pathétique que je me fais honte.

Ça fait maintenant quatre jours que c'est arrivé et les ecchymoses sont encore bien présentes sur mon torse, sans oublier la dernière, celle de mon visage, juste au-dessus de la joue. Voilà un beau coquard, pas du tout embarrassant à justifier. C'est d'ailleurs pour ça que je n'ai pas encore vu Marly, j'ignore totalement quelle excuse trouver pour expliquer les dommages évidents. Je lui ai à peine parlé au téléphone, je préfère limiter le nombre de mensonges. Jusque-là, j'ai dit que ce n'était pas la grande forme et que je voulais rester un peu seul pour me remettre. Elle a paru assez inquiète au téléphone, mais n'a pas insisté.

Voilà justement mon portable qui sonne à nouveau. Cette fois, je n'ai pas la force de décrocher. Une maladie qui dure plus de quatre jours, ça devient inquiétant et je ne sais plus quoi lui dire. Simultanément, des coups retentissent à la porte, c'est certainement ma mère qui vient s'assurer une énième fois que je me remets.

Je suis surpris de constater que ce n'est pas elle, mais bien une Marly au visage fermé et aux lèvres pincées qui se trouve face à moi. Je reste statique même si au fond de moi, c'est la panique. Encore plus lorsque son regard se pose sur ma joue endolorie et que ses grands yeux s'écarquillent. Ma copine fait un pas vers l'intérieur et je recule, lui laissant le passage. Quand je referme la porte derrière nous, je ne vois que la méfiance sur son beau visage.

-       Qu'est-ce que tu as fait ? murmure-t-elle comme si cela l'effrayait de poser cette question.

Voilà, c'est le moment où je m'en veux terriblement de n'avoir trouvé aucune bonne excuse. Je peux tout de même tenter quelque chose, mais ce n'est pas certain qu'elle y croit.

-       Accident de travail, j'ai un peu morflé, expliqué-je.

Non, ça ne passera définitivement pas à en juger par son regard tout à coup éteint.

-       Et pourquoi tu ne me l'as pas dit au téléphone ?

Bonne question.

-       Je ne voulais pas t'inquiéter, ce n'est pas si grave, ce n'est surtout pas beau à voir.

Elle hausse les épaules, visiblement peu convaincue.

-       C'est étrange puisque tu viens de dire que tu as morflé.

OK, ce petit jeu devient ridicule.

-       Physiquement, je voulais dire, tenté-je de me rattraper.

Ouep, je continue dans l'absurdité.

-       D'accord...

Je sens bien qu'elle ne me croit pas, mais j'ignore pourquoi elle laisse passer ça aussi facilement. Marly s'installe sur le bord du lit et m'observe attentivement. Je ne lui demande pas ce qu'elle désire boire et me contente de lui préparer un thé, je sais à présent ce qu'elle aime selon les heures de la journée. L'après-midi, c'est du thé à la menthe.

-       Alors, ton dernier exam ? m'enquiers-je.

L'atmosphère est hyper tendue, ça ne nous est jamais arrivé, je déteste ça.

Cœur solitaire ('Je veux tes yeux')Où les histoires vivent. Découvrez maintenant