[HALF-LIFE] Sidelines

Année 18

La ligne régulière se cassa une fois de plus lorsque le crayon cassa. Kleiner ravala la malédiction qui n'aurait fait rougir que lui-même. Barney souriait juste à l'exclamation comme s'il était un enfant essayant d'être un adulte. Une telle attitude condescendante rendrait furieux n'importe quel autre homme, mais le Dr Isaac Kleiner n'était pas vraiment du genre à faire ce genre d'explosions émotionnelles.

S'il était honnête, c'était parce que toutes ces choses lui semblaient si petites. Même avant que le Combine n'envahisse et que le destin de la planète entière ne repose sur ses minuscules épaules, il ne s'était jamais senti particulièrement engagé avec le reste du monde. La science. C'était la clé. C'était, en fin de compte, à quoi tout se résumait. Les actions émotionnelles et les impulsions des autres étaient toutes dues à un mélange de produits chimiques et d'impulsions électriques. Même le Dr Breen et le Combine, malgré tout ce qu'ils avaient fait, pouvaient être justifiés par la science.

Chaque mauvais choix, chaque acte pervers… tout se résumait à la science.

Bien sûr, la science n'expliquait pas pourquoi sa main était si tremblante alors qu'il essayait de terminer le schéma ridiculement simple devant lui. Pourquoi avait-il des problèmes avec ça ? Il avait dessiné des diagrammes et écrit des équations bien plus compliquées en forme et en taille que cela. Et pourtant… il était là, sa main serrant trop fort le crayon, le pressant contre le papier jusqu'à ce que la pointe se brise.

C'était peut-être Barney qui le distrayait. Oui, cela devait être ça. Il était la seule chose qui était différente dans le labo. Il devait d'une manière ou d'une autre affecter le subconscient de Kleiner, le rendre nerveux, précipiter l'adrénaline, qui envoyait beaucoup trop d'énergie dans son corps pour l'opération délicate que sa main effectuait.

Se sentant un peu soulagé, Kleiner sourit et s'autorisa une pause dans son dessin. Inutile de continuer si son subconscient allait lui faire casser des crayons. Leur réserve de crayons ne débordait. Il avait fallu environ un an à Barney pour trouver un taille-crayon dans l'un des dépôts d'élimination des ordures du Combine. Tellement d'histoire de la Terre… Barney avait été particulièrement bouleversé par un coffret DVD détruit de quelque chose appelé " Les Trois Stooges ". Les bruits que Barney avait faits en essayant de lui décrire les personnages… Le Dr Kleiner était content que les DVD ne puissent pas être récupérés.

"Ok, doc. J'ai fini."

Il cligna des yeux et leva les yeux vers Barney, qui avait réussi à s'installer à la table à côté de l'entrée du laboratoire. Kleiner ressentit une pointe de culpabilité pour la façon dont il avait critiqué Barney pour avoir effrontément écarté tous les appareils qui avaient été minutieusement assemblés là-bas. Heureusement, rien n'avait été cassé.

Se poussant douloureusement hors de la chaise en plastique dur, le Dr Kleiner se dirigea vers l'agent de sécurité. Cela amusait le Dr Kleiner que quelqu'un qui avait les plus grandes prouesses physiques dans tous les domaines violents sache comment assembler et utiliser une machine à coudre, mais il y avait la preuve, juste devant ses yeux.

Exposé devant Barney comme un tailleur présentant une robe de mariée à une future mariée, se trouvait l'uniforme civil en jean que Kleiner avait vu tant de gens porter à travers les caméras de surveillance. Bien qu'il n'ait eu aucune idée qu'ils seraient si… sales. Le visage de Barney indiquait que Kleiner devait l'essayer. Soupirant, le Dr Kleiner prit le haut et le pantalon et se dirigea vers le laboratoire de téléportation, fermant le mur derrière lui.

Il ne lui fallut pas longtemps pour se changer, même si le regard inébranlable de Lamarr était quelque peu troublant. Même si les crabes de tête n'avaient pas d'yeux, il pouvait toujours dire quand il était regardé. C'était incroyable de voir à quel point on pouvait s'attacher à quelque chose après seulement quelques mois passés en sa présence. Ce qui avait commencé comme une simple expérience était devenu un compagnon.