Le vieil homme prestant dominait en taille tous les Hobbits des environs. Gandalf s'avançait, là, ses yeux luisants sous la lumière des astres. Tant son aura était emplie de sagesse, que le monde semblait s'arrêter à chacun de ses pas. D'un coup, son bâton frappa le sol, soulevant poussières et feuilles mortes.
Astalos était comme pétrifié, mais pas par la peur ; il était abasourdi par la venue du magicien. Celui-ci, se rapprocha de la petite scène sous les étoiles. L'elfe était tout tremblant, comme un enfant prit en flagrant délie lors d'une bêtise. D'un coup, un rayon de lune éclaira le visage jeune et frêle d'Astalos ; Gandalf monta sur le promontoire et se tourna vers l'elfe rêveur :
- " Es tu suicidaire mon enfant ? "
Le magicien tâta la joue de l'albinos en le regardant étrangement.
- " Nullement, monsieur Gandalf. "
Il retira rapidement sa main.
- " Alors tu es sot ! "
Les Hobbits se mirent à protester vivement, mais quelque uns rigolaient entre eux. Astalos ne savait plus trop quoi penser... C'est alors que Nhinny, avec ses grands yeux bruns, se mit à défier Gandalf du regard et cria, comme il avait l'habitude de faire :
- " Gandalf, c'est son choix après tout ! "
Une mère, ses enfants aux bras, le supporta :
- " Oui, et il va nous aider ! Il va nous débarrasser des bêtes rodant aux abois des forêts ! "
Mais le magicien ne voulait rien entendre :
- " A-t-il dit, de sa propre voix, avec ses propres mots et sa propre âme, qu'il allait tuer ces bêtes ? Ne pensez-vous pas qu'il ait été influencé ? Vous jouez avec ses sentiments pour obtenir confort et protection...il n'est que gamin et vous voulez l'envoyer faire ce que vous-même redoutez ! Alors, pensez-vous qu'il parlait de sa propre volonté ? "
Personne ne savait quoi répondre. Tous tournaient alors la tête, comme pour chercher une réponse convenable, mais en vain...Il est vrai que l'elfe n'avait jamais rien dit à propos de ces fameuses bêtes avant qu'ils se mirent tous à clamer ce mot. Peut-être même qu'il en ignorait complètement l'existence jusque là.
Astalos regardait les étoiles, il cherchait indubitablement un moyen de s'évader. Devant tout le monde, il avait l'impression de bouillir de honte comme de rage. Il voulait rugir, prouver à tous sa valeur. Mais aussi mugir...ses motivations n'avaient plus la même ampleur. Il était là, comme funambule, balancé entre deux destinées, entre deux idéaux. Vivement, ses yeux se perdirent dans le néant des foules. Le méli-mélo de bouclettes, de tissus et de pieds nus, s'enlisait dans son regard et ne formait plus qu'une source d'ennuis.
Astalos pleurait. Il ne savait plus pourquoi il était parti.
Son corps fatigué, ses cheveux décolorés ; tout se figea sous les étoiles et il tomba à genoux. Un feulement parmi la foule éveilla alors l'esprit de l'elfe qui sombrait peu à peu dans ses souvenirs. C'était Lotallia.
- " Il suffit ! Arrêtez de bavasser inutilement et regardez-le - Elle monta, elle aussi, aux côtés d'Astalos - il est complétement perdu, déboussolé...donnez-lui au moins un peu de calme, qu'il puisse se concentrer ! "
- " Je...je... " Bafouillai l'elfe, les larmes dégoulinantes le long des joues.
Il vit Legolas s'avancer parmi les Hobbits, ils se poussaient pour le laisser accéder au promontoire. Le cœur d'Astalos s'apaisa, son ami ne parlait pas pour tous, mais pour lui seul.
- " Tu es sous ma protection ; où que tu ailles, je serai là. - Legolas lança un regard vers Gandalf, qui vous fixait toujours - Tu n'es ni un suicidaire, Astalos, ni un sot. Tu es un héros. "
Astalos s'avança vers l'elfe et déposa pitoyablement son front contre son torse.
- " Mais que doit faire un héros comme moi, Legolas ? "
Il réfléchit un instant, mais le blond lui dit seulement, d'un ton presque paternel :
- " Ce que tu as toujours fait. - Astalos lui lança un regard interrogateur - Ce qu'il te semblait juste... - Il s'arrêta, puis repris plus doucement- Tu apprendras avec le temps. Tu verras, ce n'est pas " être ", mais " devenir " ".
Les étoiles déployaient leurs bras au firmament.
Legolas se retira élégamment aux côtés de Gandalf et laissa le jeune elfe s'exprimer clairement. Les cheveux du mentor s'envolaient au vent. La nuit est fraîche mais le soleil viendra bientôt.
- " Je... - Repris Astalos - Je...Nous allons vous débarrasser de cette bête dont vous parlez tant ! "
Nhinny s'extasia, ses joues devenaient rouges de plaisir :
- " Oui ! Bien dit monsieur l'elfe ! "
Le brouhaha reprit, mais Legolas, voyant qu'Astalos voulait encore s'exprimer, sorti son arc. Il tira une flèche dans les cieux, et elle atterrit en plein milieu d'un tonneau de vin. Aucune goutte ne se déversa, mais la flèche avait belle et bien été stoppée net par le bois cornu.
Le garçon reprit alors :
- " J'ai dit des inepties tout à l'heure. Je ferai tout pour être vivant jusqu'au bout de ma quête. Un héros se doit de...vivre longtemps pour sauver le plus de personnes que possible... "
Il scruta les yeux de chaque Hobbits, ils semblaient tous emplis de fiertés. Sauf quelques vieilles paires un peu agacées. Une voix s'éleva, les nuages cachèrent la lune :
- " Dans tous les cas, tu es un elfe. A quoi bon parler de vie lorsqu'on est immortel ! "
Le poing d'Astalos se serra dans l'obscurité naissante. L'amertume le rongea d'un coup :
- " Vous vous trompez... - Il se mordit la langue, réticent à continuer sa phrase, mais elle sortie d'un coup - mon père est humain. Ma mère...elle, je ne sais plus... Et...J'ai beau vieillir au ralenti, je suis bien capable de mourir. Tous comme les étoiles, j'ai beau en avoir l'air, je ne suis pas éternel... "
Un sentiment long, froid, et gluant, enveloppa son corps entier. C'était comme le câlin d'un défunt, ou plutôt...la disparition de son déni. Astalos se rendait compte que sa vie était précieuse. Enfin, ce n'était que le début.
Soupirant encore, le jeune tenta de reprendre sa fougue avec lui. Il prit le poignard que Legolas lui avait lancé la veille, et le braqua vers les cieux. Son mentor le rejoignit dans son geste, un glaive au bout du bras. Lotallia vint poser ses petites mains sur celle du jeune elfe, ses yeux toujours aussi mystiques. Elle murmura à son oreille pointue :
- " Tu vengeras mon fils... "
La nuit commençait à montrer son bout, ou peut-être ce n'était qu'une illusion ? En tout cas, Astalos ressentait l'aurore le choyer de sa douceur. Gandalf décida de finir, de sa voix claire et pleine de sagesse :
- " Très bien petit, alors qu'il en soit ainsi. "
VOUS LISEZ
Et je ne suis jamais rentré... T.1 - Astalos le vaillant -
FanfictionUn beau jour, Astalos est parti de chez lui. Sans même un au revoir le jeune elfe a quitté ses terres natales pour entreprendre un long voyage, passant d'enfant choyé à mendiant égaré. Malgré sa poussée de "pseudo-héroïsme", il n'était qu'un garçon...