Chapitre 3 : Les yeux de la bête

133 16 160
                                    

- " C'était tôt le matin, et il était trop tard. "

- La veille, à l'aube -

Je m'éveillais dans un sursaut, les tempes perlants de sueur et le souffle coupé. Le temps de réaliser que je n'avais fait qu'un cauchemar, j'avais déjà tâtonné tout autour de moi à la recherche de mon fidèle arc, en vain.

- " C'est ça que tu cherches ? "

Je me tournais machinalement, encore tout enlisé par mon sommeil agité, et constatais qu'un de mes camarades attendait sur le pas de la porte. Il avait mon arc en main, et semblait préoccupé.

- " Thaliūu, il se passe quelque chose ? "

Il leva ses yeux rieurs jusque dans les miens, puis l'éclat dans ses prunelles s'éteignit comme lorsqu'on souffle sur la flamme d'une bougie. Il vint me taper l'épaule lourdement tout en me donnant mon arc :

- " Deux de nos soldats ont disparu. Le temps presse, Legolas. Peut-être qu'ils se sont seulement perdus, ou que le Mal a croisé leur chemin..."

Me relevant, je lui fis comprendre de m'attendre dehors, et quelques minutes plus tard je le rejoignis devant mon père, Thranduil. Je sentais que le stress lui rongeait les os.
Apres nous avoir considéré du haut de son trône, il se décida enfin à parler :

- " Comme vous le savez, deux de nos elfes sont portés disparu. Et une odeur de mort plane sur toute la forêt... "

- " Ils sont peut-être tombés sur une araignée coriace ! " Clama Thaliūu, fier de son hypothèse.

Le Roi se leva, menaçant :

- " Ne fais point le sot avec moi ! Une araignée occupe un elfe guère plus d'une dizaine de minutes...cela fait maintenant huit heures qu'ils sont partis. "

- " Y en avait p't-être deux alors... " Marmonna Thaliūu sans que Thranduil ne l'entende.

Il se rassit avec légèreté et, prestement, nous fit la requête d'aller chercher les deux soldats perdus en forêt. C'est comme ça que nous nous sommes retrouvés, dans la candide chair de l'aube, à bouger chaque broussaille à la recherche des disparus.

Je me cramponnais à une branche d'arbre, et me hissais tout en haut de la cime pour mirer les parterres. Autour de moi s'élevait des ramages presque entièrement nus, me donnant vu sur une canopée squelettique ; cendrée et mélancolique.

Elargissant mon champ de vision, je consultais Thaliūu pour être au courant de l'avancée de ses recherches :

- " Tu trouves quelque chose toi ? "

Silence. Puis deux haies se mirent à bruire et une réponse me parvint.

- " Non ! - A nouveau un silence, et des crissements - Si... "

D'un coup, je descendis le tronc en glissant et sauta à ses côtés. La curiosité me gagna et l'air circonspect de Thaliūu ne put que renforcer mon attention. Il était soudain comme...terrifié.

- " Qu'est-ce qu'il y a ? Où sont-ils ? "

Thaliūu se recula et adressa une prière dans le vent en murmurant :

- " Mon ami, c'est la première fois de ma vie d'Elfe que je désire plus que tout au monde être né aveugle... "

Je me pressai d'écarter les buissons et tombe face à face...avec deux corps. Leurs membres sanguinolents étaient comme découpé en deux, dans toute la longueur. Leur tête n'était plus qu'un amas de chair, de roc, et de fleurs mortes.

- " Saintes étoiles... "

Je manquais de faire tomber mon arc et de m'écrouler à terre, mais de l'agitation entre les arbres me rappela à l'ordre. Je pris alors une flèche dans mon carquois et me positionna, aux aguets.

Et je ne suis jamais rentré... T.1 - Astalos le vaillant -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant