Adrien était Chat noir. Marinette était Ladybug. Rien ni personne ne pouvait se mettre entre eux deux.
C'était ce que leur avait appris Maître Fû.
Marinette et Adrien étaient liés. Destinés à être ensemble. Complémentaires comme la création et la destruction.
Et puisqu'ils portaient les bijoux sacrés de l'équilibre, le Miraculous de la Coccinelle et la bague du Chat noir, leur destinée à être ensemble avait pris un autre niveau.
Leur destinée à être ensemble correspondait aujourd'hui au sort du monde.
Parce que l'univers était fait ainsi, parce que le monde était composé de deux moitiés de cœur destinées à se combler, Marinette et Adrien devaient être ensemble.
Parce qu'elle était Ladybug et parce qu'il était Chat noir. Parce qu'ils étaient un garçon et une fille porteurs de bijoux magiques qui se complétaient parfaitement, et parce que cet équilibre répondait à celui de l'univers.
Parce que c'était comme ça.
Chacun était rentré chez soi avec ces fragments en tête. On ne sait comment une telle symphonie, avec un effectif musical aussi imposant et une morale si tranchante, pouvait accomplir la prouesse de tenir dans de si jeunes corps.
A l'intérieur de Luka, elle avait passé sur ses jardins en fanant toutes les fleurs. C'était comme si la tempête qui soufflait dehors était entrée en lui. Il était dans sa cabine, sur son lit. Le hublot ne projetait que de la nuit et des bruits infernaux de pluie dans la pièce. Luka était dans le noir, et il ne voulait allumer aucune lumière. C'était parfait comme ça. Il était dans un endroit qui ressemblait à son cerveau et c'était très bien. Il pouvait réfléchir à loisir sur sa situation.
Il pouvait penser. Rejouer dans sa tête tout ce qui s'était passé aujourd'hui. Confronter le baiser échangé avec Adrien l'après-midi et les paroles de Maître Fû le soir.
Et en pleurer.
Il se crispa ; un prince de Clèves... C'était les mots qui résonnaient en lui. Un prince de Clèves. Un second rôle. Un second rôle qui n'a pas sa place aux côtés de son amour, parce qu'il vise trop haut. Un second rôle gênant qui complique une relation prédestinée, qui entrave un amour sacré.
Un prince de Clèves. Un second rôle. C'était tout ce qu'il était dans cette histoire. C'était tout ce qu'il avait été et tout ce qu'il restera. Il avait aimé, oui, il avait aimé, mais où allaient à présent ces sentiments ? Et où étaient-ils toujours allés ? Vers l'impossible ! Il avait aimé, deux fois, à s'en casser le front contre le mur, à risquer à chaque réveil la perte de sa raison et l'amour de lui-même, et voilà qu'on lui apprenait qu'il ne devait pas aimer ! Qu'il n'aurait jamais dû aimer ! Qu'il s'était, depuis le début, depuis l'aube des pulsions, depuis le commencement des sentiments, condamné à aimer dans le vide ! Cela non pas une, mais deux fois.
Mais était-ce sa faute ? Enfin, avait-il fait exprès de tomber amoureux ? Les avaient-ils voulu, ces assujettissements à d'autres âmes que la sienne ? Non ! Il ne les avait pas médités, jamais : c'était venu à lui comme ça. Ses sentiments pour Marinette étaient survenus comme le malheur dans une vie, c'est-à-dire de façon impromptue, exactement comme l'amour qu'il éprouvait aujourd'hui pour Adrien. Qu'y avait-il alors à accuser ? Rien, sinon la vie, qui lui avait mis Marinette et Adrien sous les yeux. Mais que peut-on tirer d'une colère contre la vie ?
Luka se tenait la tête entre les mains. A bouillonner de pensées comme ça, il sentait sa conscience s'égarer dans un flot de réflexions trop intenses pour lui. Cependant, eh bien, quelle importance puisque l'akumatisation était impossible, puisque la tempête annulait les pouvoirs des Miraculous ? Il pouvait souffrir à loisir, se disait-il avec un sourire cynique, et il pouvait pleurer comme les nuages dehors, sans retenue, sans obstacle. Personne n'allait utiliser sa souffrance pour faire le mal.
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Dans la langue de Mozart - Lukadrien (MLB)
FanficMarinette a rejeté Luka, Ladybug a rejeté Adrien. Les mots sont décidément un langage bien cruel. Peut-être que ce qu'il leur faut, c'est la langue de Mozart. Une langue que les deux garçons semblent parler avec passion.