Chapitre 13 : Soleil de mes yeux

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Adrien ferma la porte de sa chambre derrière lui. Plus de musique autour d'eux à présent. Cependant, en quittant l'étage, Luka et Adrien étaient montés sous une mélodie naturelle au ciel, celle d'une pluie diluvienne, dont leurs oreilles avaient perçu dans l'escalier la danse des gouttes qui cognait le toit.

- Je ne me souvenais pas que la météo avait prévu une averse pour aujourd'hui, avait dit Luka.

Adrien avait répondu d'un air plus songeur :

- Moi non plus.

Dans l'immense chambre, le grand mur vitré d'Adrien leur présentait l'intégralité du spectacle de cette grosse pluie : ils avaient l'image avec le son. C'était une averse lourde, très sombre, sans vent, qui projetait sa noirceur dans l'ensemble de la chambre.

Mais étrangement, Luka s'en désintéressa plutôt vite. S'il était dans sa chambre, il n'aurait sûrement pas quitté cette belle pluie des yeux ; mais dans la chambre d'Adrien, il y avait tant à observer que cela prenait tout son esprit.

Il se souvenait être déjà venu une fois, le jour de l'akumatisation de Trouble-fête, pour la "petite" fête entre garçons qui avait fini par prendre des proportions de fièvre du samedi soir. Cette fois-là, énormément de gens étaient là pour remplir l'espace de la chambre. Il y avait de la musique pour couvrir le silence et des rires pour la décorer.

Mais pas aujourd'hui. Luka découvrait la chambre d'Adrien telle qu'elle était tous les jours. Et son atmosphère n'avait rien à envier à celle du reste de la maison. Elle passait pour un endroit de rêve, avec son étage implanté, ses grandes bibliothèques de jeux vidéos, ses ordinateurs, son babyfoot, son mur d'escalier, son spacieux canapé et l'écran plat, mais tout ce luxe avait un air d'enfant seul, tout trahissait un sentiment de solitude. La présence de ces divertissements témoignait d'une absence : celle d'un père, d'une mère peut-être, et surtout de compagnons de jeux, qui était sans doute la principale absence que la pièce essayait de combler.

- Fais comme chez toi, dit Adrien en le laissant circuler dans la pièce.

- Merci beaucoup.

Luka levait la tête pour contempler l'étage suspendu.

- Ta chambre est toujours aussi impressionnante.

- C'est ce que tout le monde dit, remarqua Adrien. Mais si mon père m'avait laissé le choix, j'aurais une chambre qui ressemble à la tienne.

- Une chambre où ton seul canapé est ton lit ? plaisanta Luka en se tournant vers lui.

- Tu sais quoi ? Exactement, répondit Adrien qui, pour marquer son propos, s'assit sur le bord de son lit d'un mouvement décidé. Une chambre où mon seul canapé est mon lit. Une chambre normale comme tout le monde.

Luka sourit. Il se mit devant lui.

- Il y a une place pour moi sur ton canapé ?

- Évidemment.

Le collégien millionnaire s'écarta pour lui laisser une place. Luka s'assit. Ils se regardèrent et se sourirent mutuellement. On pouvait lire le même message dans leurs yeux :

- Dommage qu'on n'ait pas nos instruments.

Jouer ensemble aurait été idéal pour couvrir le bruit que faisait la pluie dehors.

Cette abondante pluie faisait un bruit d'enfer. Les gouttes s'écrasaient en trombe contre les vitres, comme si elles voulaient les briser. C'était de véritables trompes d'eau.

Et depuis sa place, Adrien commençait à surveiller son mur vitré avec inquiétude. Le bord du lit le mettait face à son mur vitré : il avait devant lui ce théâtre d'eau. Il surveillait le vent. Il n'y en avait pas, ou peu. C'était une averse qui recevait de temps en temps la caresse d'une brise, mais celle-ci mourait aussitôt et ne réapparaissait qu'après de longues minutes après avoir soufflé. Ce n'était pas les rafales incessantes de la dernière fois.

Dans la langue de Mozart - Lukadrien (MLB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant