Chapitre 4

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—MAYA—

"Cette petite abeille porte le nom de Maya
Petite oui mais espiègle Maya!
Qui n'a vraiment peur de rien
Qui suit toujours son chemin
Venez donc découvrir la malicieuse Maya
Petite oui mais espiègle Maya!
Tout le monde aimera Maya"

Générique de Maya L'abeille.


Cachée dans les toilettes du bar depuis un moment, je fais un décompte mentalement avant de devoir sortir de mon bunker.

Soudain, quelqu'un toque à la porte en bois et je maudis intérieurement la personne qui ose venir me déranger.

«-Occupé !

Le silence me répond et je n'ose plus bouger ni respirer. Si c'était Maxime ? Je veux juste qu'il parte, qu'il ne me remarque pas. En fait, je veux juste que personne ne me remarque.

J'aimerais éteindre la lumière, dans le noir personne ne pourrait me voir, je serais invisible.

« Maya ? Je sais que tu es là, sors s'il te plait.

Je reconnais presque instantanément la douce voix et soupire de soulagement.

-Laisse-moi Nina...

-Si tu ne viens pas de toi-même, je serais contrainte d'appeler Aïcha et tu sais que je ne le veux pas. »

Si c'est une menace, ce que je doute car Nina est bien trop timide et gentille pour se permettre, elle marche très bien car ma main s'approche du loquet de la porte avant de s'arrêter subitement.

J'ose relever la tête avec de l'appréhension du fait de voir mon état et surtout mon visage dans le miroir rond. J'ai quand même une petite mine... Puis je déverrouille la porte et l'entrebâille légèrement pour voir si je distingue la silhouette de Maxime. Je lâche un soupir de soulagement, je ne le vois pas, il doit être sur la plage, en train de servir les vacanciers.

J'ouvre entièrement la porte, Nina m'attend patiemment derrière cette dernière. Je remarque entre les mains de mon amie du bar qu'elle tient un pot de miel accompagné d'une petite cuillère. Je devine que ma meilleure amie est à l'origine du cadeau mystère.

C'est notre petite tradition si je peux dire ça comme ça. Lorsque je vais mal, Lila m'offre du miel en raison de mon surnom tandis qu'elle a droit à des bonbons à la violette. Lila et Violette, deux noms, deux couleurs et deux fleurs.

« Ça va May' ?

Je lui adresse un sourire forcé et lui répond avec mon ton le plus enjoué :

-Oui oui, ne t'inquiète pas pour moi, je suis juste un peu patraque. J'ai dû mettre trop de lait dans mes Mielpops, je n'aurais pas dû, je ne digère pas bien le lactose.

Nina lève un sourcil suspicieux.

-Si si je t'assure ! Le lactose et moi ça fait...

J'émets un léger sifflement et écarte le plus possible mes bras pour

créer un écart entre mon bras 'lactose' et mon bras 'moi'.

Nin' se permet un sourire timide d'amusement avant de reprendre :

-Tiens -elle me tend le pot de miel et la cuillère -, de la part de Lila-la-meilleure-de-tous-les-temps ?

-Merci, et juste Lila-tout-court lui suffira.

Elle rigole et me conseille :

-Tu devrais l'appeler, lorsqu'elle est venue déposer ça -elle désigne vaguement ce que Lila m'a offert- ton amie avait l'air inquiète.

-Je tacherais d'y penser. »

Nina est quelqu'un qui veut toujours faire au mieux, qui est gentille et serviable malgré le fait qu'elle pense beaucoup aux réseaux sociaux, à son image, et sa superficialité physique due à son manque de confiance en soi.

Elle se trouvait souvent laide alors elle à eu recours à des chirurgies esthétiques pour ressembler à la personne qu'elle voulait être. À présent, elle est blonde au lieu d'être brune, cheveux lisses jusqu'aux hanches alors qu'avant elle avait des cheveux bouclés. Son corps aussi a subi les conséquences de son manque de confiance en soi et elle regrette qu'aucun retour en arrière ne soit possible.

C'est quand même triste d'arriver à ce point où l'on n'arrive pas à s'accepter soi et que l'on va jusqu'à changer son apparence.

Je sais que la confiance en soi est très dure à obtenir mais si facile à perdre.

Dans des centaines de paroles positives, une seule suffit à détruire le château de cartes déjà fragile.

Un souffle et tout s'évapore.

Nous commençons à marcher en direction de la terrasse et je lui demande :

« Tu aurais vraiment appelé Aïcha ?

-Bien sûr que non. De toutes façons aujourd'hui Tim, Timmy, Tom et Thomas passeront toute leur journée au bar alors tu sais bien qu'elle n'aura pas le temps pour des futilités pareilles. »

S'il y a bien quelque chose à savoir sur Aïcha, c'est que même si elle est un peu sévère, c'est une véritable mère poule (quoique un peu étrange) et aimante alors dès qu'elle voit ses enfants, elle veut en profiter quitte à oublier tout ce qui se passe autour d'elle.

Je saisis mon téléphone à l'écran éternellement fissuré puis envoie à Lila un simple 'merci', elle comprendra. De toute façon, je n'ai jamais étais très bavarde pour exprimer mes sentiments.

Afin de cacher mon précieux lieu sûr, je me dirige vers la petite pièce exigüe cachée au fond du bar, réservée aux employés.

Elle peut aussi bien servir comme vestiaire ou comme entrepôt. En effet, il y a parfois des caisses de boissons dans un coin qui ne bloque jamais les casiers des salariés de La Sirène. Aïcha est une bonne patronne, elle fait toujours attention à ce que cela ne gêne aucun d'entre nous.

J'ouvre mon casier grâce à un code super dur que personne ne peut trouver (c'est 0,0,0,0) et y dépose toutes mes affaires, pour la seconde fois en quelques heures.

Repenser à la confrontation que j'ai eu avec Maxime suffit à me donner des frissons.

Je me recoiffe en un chignon approximatif, prends une pastille à la menthe (qui, hélas, gâche le goût sucrée du miel) avant de retourner en extérieur, prête à affronter cette journée coûte que coûte, sous l'air chaud et finit par saluer les quatre frères qui m'adorent. Je sais, je suis irrésistible !

Mais lorsque je me retourne, Maxime m'attrape violemment le bras et m'entraîne en dehors de la zone de La Sirène.

« Lâche-moi putain !

-Nous devons parler seul à seule » me répond t-il avec un ton sombre que je ne connais pas et qui m'effraie et qui me fige sur place de terreur. Je le sais. Je sais qu'il va me refaire souffrir. Mentalement ou physiquement. Peu m'importe, j'ai vécu bien pire et je veux juste qu'il sorte une bonne fois pour toute de ma vie.

Et je ferais tout pour que ce soit le cas. 

BeeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant