Chapitre 10

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—ELIOTT—

'' De plus en plus de vautours me tournent autour
Au secours ça commence à sentir la fin des beaux jours."

Orelsan, le chant des sirènes

Mes points encore crispés, je pénètre dans ma suite d'hôtel. Je fais signe à Aaron de ne pas entrer et de retourner dans sa suite, j'ai besoin d'être tranquille. Une goutte de sang tombe sur la moquette blanche et je peste. En me dirigeant vers la salle de bain, j'essuie brièvement ma lèvre avec mon bras.

Quand j'entre dans la pièce, je soupire. Tout est trop luxueux. C'est juste une salle de bain ! A quoi ça sert d'avoir des dorures au plafond ? D'avoir deux douches, une baignoire qui ressemble plus à une piscine qu'une baignoire et un jacuzzi ? Tout ce luxe me dégoûte presque. Presque parce qu' après avoir vécu une enfance aussi merdique que la mienne, on a bien le droit de vivre comme un roi.

Je referme la porte toute en extravagance et la verrouille. Puis j'enlève mon T-shirt blanc plus si blanc que ça et le laisse tomber sur le carrelage en marbre.

Lorsque je relève ma tête salement amochée et me regarde dans le miroir américain, mon sang se glace aussitôt. Je lui ressemble. Je ressemble à mon putain de géniteur, à James Carter, mon psychopathe de père.
Mon regard est orageux, du sang s'échappe de ma lèvre inférieure, des hématomes commencent déjà à apparaître un peu partout sur mon corps et mes cicatrices mal refermées forment des stries rouges sur mon dos.
Heureusement que les brûlures sur mes bras sont camouflées par des tatouages.

Je suis presque mal à l'aise d'être là, moi et mes cicatrices. Ce n'est pas parce que j'ai arrêté d'appeler 'au secours' il y a longtemps que je n'ai pas besoin d'aide.

Ma respiration se fait courte et je titube jusqu'à la douche italienne. Je m'adosse sur la mosaïque ocre et tente tant bien que mal de reprendre ma respiration, en chassant mes vieux démons.

J'ouvre le robinet de la douche, met de l'eau froide.

Inutile de préciser que le liquide se teinte immédiatement de rouge.

J'ai l'impression d'avoir fait un bond dix-sept ans en arrière.

Je n'ose imaginer l'état de la salle de bain après mon passage. Heureusement que Harper a la sienne.

***

Une fois sorti de la douche, propre et sans hémoglobine sur mon corps, j'enfile un T-shirt - il est tout simplement hors de question que quiconque voit mes cicatrices - et un jogging large. Il n'est que 15 heures mais je n'éprouve aucune envie de sortir dehors. De nouvelles mélodies me viennent en tête et il n'y a pas de doute que je passerais la suite de ma journée à griffonner des débuts de morceaux sordides qui ne verront jamais le jour.

BeeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant