IwaOi partie 3 : Demi-dieu et rivalité

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Hajime avançait lentement au cœur du tunnel de lave séchée. Ses yeux avaient du mal à s'habituer à l'obscurité. Les faibles lumières bleutées déposées par les Hommes étaient pour la plupart cassées, des traces de lutte paraient les murs. Le basalte était scarifié par des lames aiguisées.

-Je ne sais pas qui est responsable de ces marques, mais si c'est la jeune fille qu'on vient chercher, alors elle a dû leur donner du boulot... Murmura le brun en continuant de s'enfoncer.

-Si elle a été poursuivie par les Erinyes, c'est qu'elle le mérite. Affirma Tooru dans sa barbe.

Le fils de Zeus retient une réplique acerbe, il devait préserver l'union avec Tooru. Il n'avait pas le choix, c'était sa seule option de sortir de ce lieu. Il prit donc une profonde inspiration, essayant d'ignorer toute sa rancœur et ses répliques sarcastiques. Ils s'enfoncèrent davantage dans les profondeurs de la grotte. A chaque expiration, de la condensation d'eau s'échappait de ses lèvres. Il frissonna, le froid mordait sa peau. Les effluves terreux et boisés se mêlaient à ceux de la roche humide, formant une fragrance envoûtante. La résonance des lieux emportait le demi-dieu dans un autre univers, le plongeant dans une dimension nouvelle. Chaque goutte d'eau s'écrasant sur le sol retentissait dans l'ensemble de son corps, faisant hérisser ses poils, le surprenant à chaque fois par l'intensité de l'impact. A la sortie d'un couloir, les murs de roche volcanique se transformèrent, laissant place à un éclat de pureté qui coupa le souffle du brun.

Le son de l'eau ruisselant entre les roches envahit les lieux. Le plafond était couvert de fins et gracieuses stalactites tandis que dans des cavernes plus grandes, qu'il pouvait apercevoir de sa position, de fines cuves d'eau dans lesquelles baignaient d'imposants blocs de stalagmites. Les empilements de calcaire provenant des gouttelettes d'eau resplendissaient par une divine lumière, alternant entre l'améthyste et de délicates déclinaisons bleutées. Le sol était parsemé de blocs de glace à travers desquels la lumière se reflétait allégrement, embellissant ce spectacle à couper le souffle. La grotte semblait prendre vie sous leurs yeux, dévoilant les beautés de la nature, livrant les mystères enfouis des Dieux

-Tu as dû les confronter toi aussi... Que s'est-il passé ? Parvient à demander Hajime après de longues minutes de silence à contempler ce spectacle.

-Elles sont venues chercher mon père... Tu sais, le coup classique du demi-dieu violenté par sa famille à cause de sa différence. Mon père était un homme bien avant ma mère mais elle lui a brisé le cœur, laissant une ombre errer sur Terre, lui offrant un enfant quelques mois après sa disparition et le condamnant à une vie avec le souvenir perpétuel de son visage, une image corrompue et fausse. Une image qu'il désirait toucher, aimer mais qu'il ne pouvait pas.

-Il t'a...

Hajime ne parvient pas à finir sa phrase, l'horreur marquait ses traits.

-Non, mais j'étais protégé par ma mère. Je ne sais pas comment, elle ne s'est jamais intéressée à moi. Pourtant, je sais qu'elle m'a sauvé de sa démence. Je l'ai vu dans son regard flou, ravagé, détruis, drogué. J'ai entendu ces jeunes filles, si belles, si douces, se faire toucher par ce monstre. Il les a toutes souillées et je ne pouvais rien faire. J'étais condamné à l'entendre se réjouir et les écouter pleurer, supplier les dieux. Je ne suis pas un fils de Zeus tu comprends ? Je suis un fils d'Aphrodite, je prône l'amour ou la haine à la rigueur, mais je n'avais pas les pouvoirs de m'opposer à un tel homme. Et... J'étais terrifié à l'idée que s'il me remarquait, il s'intéresse à moi. Les Erinyes ont eu pitié de ces jeunes femmes, elles ont entendu les pleurs, la douleur, la souffrance, l'agonie, la détresse. Elles ont ouvert leur cœur et leur soif de vengeance à sonner. Puis, tel un glaive, elles se sont abattues sur mon père. Je les ai entrevus dans l'obscurité de la nuit. Pourtant, je peux te dire une chose, on ne les oublie pas. C'est un visage qui te marque au plus profond de tes viscères. Lorsqu'elles se sont tournées vers moi, les yeux et la bouche dégoulinants de sang, leurs ailes salies par le carnage, des restes de peau sous leurs doigts, les cheveux de serpent sifflant, j'ai cru que j'allais mourir. Une voix m'a simplement soufflé de retrouver la colonie des sangs mêlés. Je n'ai pas réfléchi, j'ai fui, encore. J'ai passé mon enfance à fuir. Murmura le héros d'une voix brisée. Je suis bien loin de ton passé héroïque.

Un brin d'amour OS HaikyūOù les histoires vivent. Découvrez maintenant