| ROY •

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EMINEM - Stan.
“La pluie du matin s'abat sur ma fenêtre
Et je ne vois plus rien
Et même si je pouvais, tout serait gris”

“La pluie du matin s'abat sur ma fenêtre Et je ne vois plus rien Et même si je pouvais, tout serait gris”

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|UNIVERSITÉ D'UCLA :

Les deux traits de poudre blanche parfaitement parallèle que j'ai placée devant moi sur le rebord de l'évier du vieux vestiaire de l'université, provoquent déjà sans le vouloir une sensation de plénitude en moi avant même d'avoir traversé mon corps.

En théorie, il m'avait été formellement interdit dès mon intégration dans l'équipe de venir défoncer pendant entraînements et les matchs. Mais je n'avais jamais réussi à respecter cette règle, au début, la drogue n'était réservée qu'aux soirées puis j'ai sauté le pas. J'en avais besoin pour me sentir fort, indestructible, intouchable. Plus j'en prenais, plus j'en avais besoin. La drogue m'aidait à garder la tête haute, elle m'aidait à rester droit sur mes jambes et à ne pas flancher.

Le temps entre ma première et ma deuxième prise de la journée était court, très court. En temps normal, mon cerveau m'aurait annoncée que c'était dangereux d'enchaîner autant de poudre à la suite, mais lui comme moi en avions besoin.

Mon visage que j'avais pu apercevoir avant d'installer la poudre sur l'évier ne reflétait rien d'autre que l'ombre de moi-même. Mes yeux étaient fatigués, ma tête s'était largement amaigri et mes cheveux ne ressemblaient plus à rien. Je n'étais plus qu'un camée en manque de sa prochaine dose, j'en étais conscient et pourtant ce n'est pas ce qui allait m'empêcher de continuer dans ma lancée.

Le coach n'avait jamais eu la possibilité de remarquer à quel point j'étais défoncée à chacun des entraînements. Ou alors, les seules fois où il m'en avait parlé, j'avais réussi à lui faire gober le mensonge du « je n'ai pas beaucoup dormi » étonnement celui-ci marchait à tous les coups. Me droguer voulait dire risquer ma place dans l'équipe, à vrai dire je jouais ma bourse et avec elle mon avenir. Mais finalement, qu'est-ce que ça pouvait me faire ? J'avais eu déjà beaucoup de chance d'obtenir une bourse pour le football, bourse que d'autres personnes méritaient sans doute plus que moi. J'étais une merde, je ne méritais rien de tout ça.

Parfois, j'enviais mon meilleur ami d'être aussi sur de lui, je l'enviais d'être le meilleur dans tous ce qu'il pouvait entreprendre. Colin n'était pas mon binôme pour rien, il était trop sur de lui, alors que moi je ne l'étais pas assez. C'était la principale raison qui était la cause de mon besoin addictif d'être défoncé, mon manque de confiance. Me droguer me permettait d'être au-dessus des autres.

Happé par mes pensées, mon corps s'était déjà mis en oeuvre pour aspirer les traces blanches devant lui. Je n'avais même pas entendu les éclats de voix dans mon dos entrain de se rapprocher à une vitesse folle.

– Roy, putain, t'abuse ! S'écrie l'écho de la voix de Colin furibond.

Je ne lui adresse pas un mot, mon cerveau mis momentanément en pause pendant que la drogue se trace un chemin à l'intérieur de mon nez.

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