Summer night [Terminé]

Chapitre 13

Et c'est à ce moment-là qu'il changea. Lisa l'avait remarqué. Elle sentait, à la façon dont il s'exprimait, qu'il était entré dans un nouveau chapitre de sa vie. Et oui, elle l'avait remarqué. Auparavant, lorsqu'il parlait de son père, il prenait toujours de grandes inspirations. Il avait le regard fuyant, ne sachant jamais où poser son regard et changeait rapidement de sujet. Il pouvait rester silencieux pendant quelques instants et ses mains avaient l'habitude de trembler nerveusement. Tandis que cette fois-ci, c'était tout le contraire. Ses mains étaient naturellement posées sur le siège, son regard était plongé dans celui de Lisa et son discours était fluide et sans interruptions.

« - Quand je suis arrivé, j'ai été accueilli par une infirmière qui m'a posé des questions. Elle m'a ensuite donné un badge, et m'a conduit en salle commune. Les visiteurs n'ont plus le droit de monter dans les chambres des résidents car ils ont eu beaucoup trop de problèmes au cours de cette période. La salle commune était entièrement vitrée, sûrement pour que les infirmières puissent garder un œil sur les résidents même s'il y a aussi des infirmières présentes dans la salle. Et en m'approchant de la porte, je l'ai vu. Je te mentirais si je te disais que ça ne m'a rien fait. J'ai senti mon corps se crisper. Peut-être de peur, ou seulement parce que c'est nouveau pour moi. L'infirmière est venue près de moi et elle m'a dit qu'ils étaient obligés de lui donner des antidépresseurs et un tas d'autres médicaments. Pour éviter qu'il se montre trop violent envers le reste de l'équipe médical. C'est pour ça d'ailleurs qu'il pouvait paraître aussi... vide. Aucun sourire, aucune expression, aucun sentiment. Il était juste présent physiquement. Je sentais qu'il avait la tête ailleurs.

-Mais tu as pu lui parler un peu ? S'interrogea la jeune femme.

-Pas vraiment. Disons que, je parlais et lui, il écoutait. Mais, c'était vraiment comme s'il était ailleurs. Il ne me regardait même pas. Enfin, si. Il m'a regardé à un moment. Un seul.

-C'est trop indiscret si je te demande lequel ? Elle le regardait et pour la première fois depuis le début de leur conversation, il fit une pause. Il baissa le regard une seconde, mais elle comprit que cette fois, c'était vraiment différent. Lorsqu'il plongea à nouveau son regard dans le sien, elle vit cette lueur dans ses yeux. La lueur qu'il essayait de cacher depuis leur rencontre. Les yeux d'Adrian commençaient à devenir humides mais il n'y accordait peu d'importance. Parce qu'il savait que la personne en face de lui était compréhensive et sans jugement.

-Il m'a regardé quand ... quand je lui ai accordé mon pardon. À cette phrase, il laissa une larme dévaler sa joue. Mais, ce n'était pas une larme de tristesse. C'était bien plus profond que ça. Une sorte de soulagement, d'apaisement et de douceur. Il apprenait à être indulgent envers lui-même et cette larme signifiait peut-être le début d'une nouvelle histoire. D'un renouveau. Un renouveau qu'il avait bien mérité.

Je lui ai pardonné pour tout le mal qu'il a fait. A ma mère, au petit garçon que j'étais, à l'image que j'avais de lui et... à cette fille. À l'entente de ce dernier mot, Lisa ne put empêcher son froncement de sourcil. Elle ne savait pas qui était cette fille, ni ce qu'elle avait à voir dans l'histoire. Mais il poursuivit.

A cette fille qui se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment. L'esprit d'Adrian se remémora cet évènement provoquant un court silence dans la conversation. Elle s'appelle Mariana. Finit-il par reprendre.

Elle se trouvait dans un bar très réputé dans le centre-ville. Elle était avec son copain. Ils avaient décidé de sortir pour fêter leurs deux ans de relation. Ce soir-là, il pleuvait des cordes. Il pleuvait à un point inimaginable. Alors pour être galant, son copain avait été cherché la voiture garée un peu plus loin. Mariana était restée au sec, dans le bar. Mon père était là lui aussi. Complètement ivre et drogué. Il lui a demandé une cigarette, un peu brusquement et elle n'en avait pas. Elle n'a jamais voulu nous raconter ce qu'il s'est passé après ça. Mais, à la police, elle l'a raconté. Elle a porté plainte pour agression et elle a eu raison. Mon père s'est fait arrêter quelques jours plus tard et ... la suite tu la connais.