Chapitre 8 - Poudlard ?

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Drago ouvrit doucement les yeux, enivré par une douce odeur de parfum sauvage et boisé. Étonné, il regarda autour de lui et vit une Hermione endormie et calme, détendue, reposant sur son torse. Figé, il se rendit compte qu'un de ses bras encerclait la taille de la jeune demoiselle et il se dégagea doucement sans la réveiller. Heureusement qu'elle ne s'était pas réveillée en premier, sinon il aurait eu droit à une scène! S'étirant, il alla prendre une bonne douche avec ravissement puis vint réveiller Hermione, en douceur. Elle marmonna puis se réveilla, visiblement de bonne humeur.

« Salut! lui lança Drago d'un ton hésitant. Bien dormi?
- Plutôt, oui, répondit-elle. Et toi?
- Aussi! Allez, file à la douche, je vais nous chercher de quoi grignoter. »

Et il déguerpit avant qu'elle ne puisse se rappeler que la veille, elle l'évitait comme la peste. Lorsqu'il remonta, elle sortait de la salle de bain, visiblement très excitée.

« Drago! Je viens de penser à quelque chose! s'exclama-t-elle.
- Quoi donc? demanda ce dernier, méfiant.
- Mangeons, tu le sauras après! ordonna-t-elle. »

Trop curieux pour faire état de fierté, il s'exécuta et, juste après le petit déjeuner, elle le prit par la main et sortit de l'hôtel en courant. Elle le conduisit jusqu'à une petite rue et, souriante, l'enlaça par la taille, fermement, puis transplana.

Le voyage fut court, même si chaotique, et ils atterrirent devant un pub tout neuf, où un sanglier ornait la porte d'entrée. Éberlué, Drago regarda le bar avec la bouche grande ouverte.

« La tête du sanglier! annonça fièrement Hermione.
- On est à Près-au-Lard? demanda Drago qui n'y croyait pas vraiment.
- Exact! Je ne savais pas si Poudlard existait pour de bon, alors j'ai tenté Près-au-Lard, expliqua Hermione. J'ai besoin de la bibliothèque du château pour comprendre d'où venait cet enfant sur le bateau, alors j'ai pensé que Poudlard pourrait exister ici aussi, étant donné que nos sorts marchent...
- C'est... Hermione, tu es géniale! s'exclama Drago en la soulevant dans ses bras et tournicotant avec elle, fou de joie. Tu es merveilleuse! Brillante! Fantastique!
- Je tâcherai de m'en souvenir, blagua-t-elle lorsqu'il la reposa enfin. Pour la prochaine fois que tu seras normal... ajouta-t-elle en baissant les yeux, tiste d'un seul coup. »

Cette phrase venait de lui rappeler une conversation qu'elle avait eu avec Ron, et ça lui faisait mal. Ses amis lui manquaient et même si Drago était finalement sympa, elle ne pouvait se résoudre à l'idée de ne plus les voir... Secouant la tête pour chasser ses idées noires, elle se mit en route, Drago sur ses talons, et partit vers Poudlard. Elle aurait beaucoup aimé aller au chemin de Traverse, mais cela n'aurait servi à rien: à cette époque, son compte à Gringotts n'existait pas, et elle n'aurait rien pu retirer pour les aider dans leur voyage! Lorsqu'ils virent le château, un sourire éclaira leur visage. Voir un lieu familier leur faisait un bien fou! Hermione hésita avant d'entrer, mais poussa la grille. Elle s'ouvrit sans difficulté et la jeune femme soupira: Voldemort n'existait pas, la terreur non plus par conséquent... Elle ne prit pas la peine d'aller voir le directeur, car elle ne savait absolument pas comment expliquer leur visite ici. De plus, il y avait de faibles chances qu'elle rencontre quelqu'un qu'elle connaisse ici! Elle se rendit donc immédiatement à la bibliothèque. Consultant rapidement sa montre elle réfléchit. Il était à peine dix heures. Par conséquent, tout dépendait du jour. Si c'était dimanche, ils étaient assurés d'avoir pas mal d'élèves! En revanche, en pleine semaine et le samedi, ils auraient la bibliothèque pour eux seuls.

« Nous sommes en 1927, chuchota la jeune femme. C'est-à-dire que nous ne connaissons personne ici normalement... Viens, lui ordonna-t-elle en se glissant dans la bibliothèque. »

Drago la suivit immédiatement, sans rechigner, et ils se mirent au travail, rapidement. Cependant, Hermione mit bien vite un terme aux recherches, soupirant.

« Cela ne sert à rien, murmura-t-elle. La moitié des livres qui sont ici sont inférieurs et moins performants que les plus simples livres de notre époque! »

Soupirant à son tour, Drago s'approcha d'elle et l'enlaça doucement dans l'espoir de la réconforter. Elle ne protesta à nouveau pas. Elle se sentait en effet si bien ainsi! Calée confortablement contre le torse du beau blond, au creux de ses bras... Elle en aurait presque ronronné! Quant à lui, trop heureux de sentir à nouveau son odeur, de pouvoir à nouveau l'avoir contre lui, il osait à peine respirer de peur de la voir se dégager.

« Ne t'en fais pas, dit-il d'une voix douce pour ne pas la brusquer. Tu trouveras! Nous trouverons... ajouta-t-il en esquissant un petit sourire triste.
- Je trouverai, c'est certain! s'exclama la brune en s'ôtant promptement des bras du jeune homme. Mais je n'aurai pas besoin d'aide! »

Drago resta immobile un instant puis soupira et baissa la tête, avant de tourner les talons. Il avait encore voulu être gentil, prendre soin d'elle, lui prouver qu'il pouvait être quelqu'un de bien, et tout ce qu'elle trouvait à faire, c'était de l'envoyer balader! Il en avait assez d'être pris pour un idiot. Il ne savait plus sur quel pied danser avec elle, et il souffrait! Oh oui, il souffrait... D'incompréhension, de rage, de désespoir. Ses pas le menèrent jusqu'au hall, où il s'arrêta net. Son père avait eu raison depuis le début: tomber amoureux ne valait rien! Ce n'était que source de douleur et de problèmes! Il allait redevenir cet homme froid et cruel qu'il avait toujours été, et Granger verrait bien qu'il n'était pas aussi idiot qu'elle le croyait! Son vieux sourire narquois reprit du service et il plissa les yeux en voyant arriver une silhouette vers lui. C'était elle, qui lui avait couru après, un livre à la main. Elle n'avait pas compris ce qu'il s'était passé. Il s'était soudain décomposé devant elle alors qu'elle se dégageait de ses bras pour reprendre une attitude où elle était certaine de ne pas perdre la face sous ses beaux yeux puis était parti. Sans un mot, comme ça...

« Drago! l'appela-t-elle en arrivant derrière lui. Qu'est-ce que tu as? »

Le blond serra les dents, prit une profonde inspiration et se retourna vers elle.

« Qu'est-ce que tu veux Granger? lança-t-il le plus méchamment qu'il pût. T'as fini ton boulot de rat de bibliothèque? C'est bon? Alors on y va! »

Ne lui laissant pas le temps de répliquer, il l'attrapa violemment par le bras et la traina jusqu'à la porte d'entrée, ignorant ses cris de protestations et ses sanglots de douleur. Tout son cœur lui hurlait d'arrêter de lui faire mal, mais il voulait le faire, juste pour se soulager du mal qu'elle lui avait fait! Mais la frustration le gagna: plus elle avait mal, moins il se sentait bien! Lorsqu'ils passèrent les grilles, il transplana, juste à côté de l'hôtel où ils étaient avec Dimitri, Anya et Vlad et il la lâcha. La riposte ne se fit pas attendre et la gifle qui lui teinta la joue d'une magnifique couleur rouge calma la colère du jeune homme. Il lui lança un regard ébahi, prêt à lui hurler de tout, mais elle tourna les talons et partit en courant et surtout... en pleurant?! Drago resta un instant quoît puis se rendit à leur chambre, ne sachant trop que faire. Après tout, il s'était laissé emporter par sa colère et n'avait pas réfléchi avant d'agir... Pouvait-il vraiment en vouloir à la jeune fille? Il s'apprêta à frapper pour lui proposer de s'expliquer, sans toutefois lui laisser le choix, lorsqu'il entendit des sanglots et la voix d'Anya, se voulant appaisante.

« C'est injuste! s'exclamait Hermione en pleurant de plus belle. Je ne lui ai rien fait, et il s'est renfrogné avant de partir sans un mot! Après il m'a emportée par le bras en se moquant pas mal de savoir s'il me faisait mal, comme si j'étais une enfant qui avait fait une bêtise! J'avais trouvé un livre pour nos problèmes, au hasard, et j'ai du le laisser là-bas parce que je l'ai lâché sous la douleur! Je le déteste! hurla finalement la lionne en poussant un sanglot plus plaintif.
- Allons Hermione, lui dit Anya. Je suis certaine que ce n'est qu'un malentendu et...
- Il m'a appelée par mon nom de famille, et de la même manière qu'à Poudlard! riposta la brune. Il faisait mine d'être ami avec moi, mais au final, c'est toujours la même ordure orgueilleuse que j'ai connue!
- Hermione! s'exclama Anya d'un ton sévère. Drago t'apprécie beaucoup, ça se voit dans ses yeux! De plus, dois-je te rappeler que tu es amoureuse de l'ordure en question?
- TAIS-TOI! hurla la brune d'un seul coup. AIMER UNE POURITURE N'EST PAS UNE FIERTE! »

Drago eut alors tout juste le temps de plonger dans un coin d'ombre qu'Hermione sortait de la chambre à toute vitesse, rouge de colère. Le jeune homme resta sans voix pendant un bon moment. Ainsi elle l'aimait? Et lui, pauvre imbécile, il n'avait même pas été fichu de s'en apercevoir, de lui avouer que lui aussi... Il serra le poing et partit à sa suite. Elle était dans le parc, seule, immobile. Immédiatement il sut que ce n'était pas le moment d'aller la voir. Il eut soudain une idée et partit dans la petite ruelle isolée avant de retourner en transplanant puis courant dans le hall du château. Cherchant rapidement du regard le livre oublié par Hermione, il finit par le trouver et le ramassa.

« Phénomènes temporels, murmura-t-il en lisant le titre. »

Il fronça les sourcils. Un phénomène temporel? L'enfant? Il feuilleta alors le grimoire et son souffle eut des ratés lorsqu'il tomba sur une page marquée sans doute par la lionne, où figurait la photo d'un petit garçon roux, avec deux adolescents roux également. Son regard fut accroché par une phrase...

« ... Dans les phénomènes temporels, nous avons également celui des prédictions. Elles peuvent soit prendre la forme de rêves prémonitoires, soit d'apparitions très claires, soit de vision chez des personnes étant particulièrement lucides. Dans le cas d'apparitions claires, seule(s) la(ou les) personne(s) concernée(s) par l'apparition la voi(en)t. En effet, cette apparition montre souvent un enfant futur à deux personnes, même si celles-ci ne sont pas encore ensembles. Ce n'est qu'un exemple mais le célèbre mage noir Raspoutine aime particulièrement les créer. Elles sont véridiques, certes, mais parfois ne devraient pas être révélées car elles sont trop révélatrices et parfois, dangereuses... »

Drago resta immobile un long moment, le regard vide. Si ce bouquin disait vrai, alors ils avaient vu leur futur fils – adorable, nota-t-il malgré lui – et ce grâce à...

« Raspoutine! siffla-t-il avec hargne. »

Décidément, il était encore plus pénible que Voldemort, à l'avis du jeune homme. L'autre malade, au moins, ne se mêlait pas de la vie privée amoureuse de ses victimes, excepté celle de Potter, qui aurait pu lui servir! Mais surtout, il ne jouait pas les entremetteurs! Soupirant, il se décida à partir, prenant le livre avec lui afin de le donner à Hermione. Un petit raclement de gorge l'arrêta cependant et il se retourna, vif comme l'éclair, baguette en main... sur du vide! Fronçant les sourcils, il se retourna et reprit son chemin. Arrivé aux grilles, il se retourna pourtant une dernière fois et, là, en haut des marches, il fut certain de voir, ne serait-ce qu'une fraction de seconde Albus Dumbledore avec presque un-demi siècle de moins...

**

« Hermione, appela-t-il doucement. »

Aucune réponse ne vint et il soupira. Il était revenu de Poudlard, assez intrigué par sa rencontre, et essayait à présent de parler à la jeune brune, obstinément muette.

« Hermione, je suis désolé! s'exclama-t-il. Je ne voulais pas... Je...
- Tu me sors toujours le même refrain Malfoy, le coupa sèchement Hermione. J'en ai plus qu'assez, tu dis des choses mais tu ne t'y tiens pas! Maintenant va-t-en! »

Seul le silence, confus, du jeune homme lui répondis. Il savait qu'il l'avait blessée, offensée et malmenée... et il s'en voulait! Cependant, il saisit une feuille de parchemin et fit apparaître une plume avec sa baguette. Les yeux morts, il écrivit quelques mots puis fit disparaître la lettre et la plaça dans le livre, qu'il posa aux côtés de la jeune femme. Finalement, il partit, lui lançant un dernier regard lourd d'émotion.

**

Ils étaient tous assis sur un banc, attendant qu'un bus de ville arrive afin de se rendre chez Sophie. Seule une personne manquait à l'appel...

« Comme toujours! pesta Hermione. Il faut toujours qu'il se fasse remarquer! Quelle impolitesse! C'est bien un Serpentard! »

En effet, Drago n'était pas là. Il n'était toujours pas revenu de sa « promenade » alors qu'il savait pertinemment qu'ils devaient voir Sophie au plus vite. La gryffondor fulminait! Soudain, elle plongea la main dans son sac et fouilla quelques secondes avant d'en retirer le livre qu'il lui avait apporter, un peu honteuse de son emportement. Mais après tout, il méritait tout ce qu'il avait reçu dans la figure après sa colère à Poudlard, y compris la gifle! Soupirant, elle ouvrit le livre et une feuille s'en échappa. Elle vit que c'était son écriture, à lui, et elle la ramassa. Ses yeux la parcoururent rapidement et, lorsqu'elle parvint à la fin, elle la lâcha, le reste de son corps figé comme le marbre.

« Hermione? l'appela Anya. »

Aucune réponse ne lui vint et, alors qu'elle regardait Dimitri d'un air de totale incompréhension, un hurlement de souffrance retentit et Hermione tomba à genou en hurlant de désespoir:

« DRAGO!! »

Loin du froid de décembreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant