L'internat

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Camerone :


Ally se triture les doigts les yeux absents fixant un point invisible. Elle a l'air complètement plongée dans ses souvenirs. Et à en voir son corps qui tremblent et la pâleur de son visage sans parler des cicatrices que j'ai vues dans son dos la veille, il ne faut pas être un putain de génie pour comprendre qu'elle n'a pas vécue au pays des bisounours dans son internat de taré.


-En descendant de l'avion, j'étais effondrée, commence-t-elle toujours sans me regarder dans les yeux


Je descends de mon perchoir pour venir me poster près d'elle comme pour lui montrer mon soutien.


-Je pensais que je n'allais plus jamais te revoir, j'abandonnais Alex et mon père avaient enfin réussi à se débarrasser de moi. Toute ma vie venait d'être brisée en quelques heures. Mais malgré tout, je ne regrettais pas ma décision. Je savais que mon père allait mettre le tien en prison. Et te savoir en sécurité était tout ce qui m'importait.

Un sourire idiot naît sur mon visage avant de disparaître immédiatement en voyant la mine décomposé d'Ally.


-Je pensais atterrir dans un internat tout ce qu'il y a de plus normal. Enfin normal, des uniformes immondes et des douches communes. Mon enfer personnel en gros, essaye-t-elle de plaisanter Mais j'ai encore une fois sous-estimé mon père.


Pour la première fois ses yeux croisent les miens et s'accrochent à mon regard


-La première chose que le personnel a fait à mon arrivée c'est me conduire aux douches pour me déshabiller et me passer sous l'eau gelée. Ils ont ensuite fouillé ma valise à la recherche de je ne sais quoi, et me l'ont confisqué. J'ai dû me marcher nu, devant l'entièreté de l'internat spécialement réuni dans le hall pour ma présence et les supplier de me donner de quoi me couvrir


Je pose mes mains de chaque coté de l'évier essayant de canaliser la colère qui monte en moi en imaginant la scène.



-l'atteinte à ma dignité, n'etait que la première étape. Il voulait que je me sente humilié et terrifié dès mon arrivée. Que je me soumette à eux. Malheureusement ils m'ont sous estimé. Quoi qu'il me fasse, je m'étais juré de ne jamais les laisser m'atteindre.


Un sourire triste apparaît sur son visage. J'aimerais en faire de même pour lui montrer la fierté que je ressens à son égard mais tous ce que mon cerveau retient c'est que ce n'étais que la première putain d'étape


-La deuxième étape était la trahison. Je devais aller voir une psy, chaque matin de neuf heures à midi et lui parler d'absolument tout. Ils étaient malins, ils avaient engagé une femme, dans la trentaine, douce et compréhensive dans l'espoir que je lui accorde ma confiance et lui déballe toute ma pauvre petite vie de bisexuelle mal dans sa peau. Dans un sens c'est ce que j'ai fais, je lui ai parler d'une partie de ma vie, mais jamais de la plus importante et elle l'avait parfaitement compris. Mais ils avaient eu mon père au téléphone qui lui, leur avait évidemment confié l'orientation sexuelle de sa fille et ses « inquiétudes » par rapport à ça. Alors au lieu de respecter le "protocole" de base qui est d'attendre que je leur avoue ton existence, ils sont passés à la vitesse supérieur en se fiant à ce que leur avait dit mon père.


Elle prend une grande inspiration et chasse les larmes au coin de ses yeux d'un revers rageant de la main


-Une nuit trois hommes m'ont réveillé et amené violemment dans une espèce de cave.Ils m'ont installé au milieu de la pièce, juste en face d'une vieille télévision. Un des trois hommes s'est penché vers mon oreille et m'a chuchoté d'en profiter. Il a allumé la télé et a mis un porno lesbien. Le but était simple, dès que je montrais un signe d'excitation, il me brulait avec le mégo de sa cigarette. Évidemment c'était complètement ridicule, comme aurais-je pu être excitée dans ces conditions. Alors la donne a changé. Chaque fois que l'un des trois était excité, je devais être punie. Comme si tout était de ma faute.


Les larmes inondent son visage et moi je reste les bras ballants à la regarder, dans un état de colère proche du pétage de plomb. La seule chose qui me retient c'est elle justement. Je n'ai pas envie de me mettre dans ce genre d'état devant Ally maintenant alors qu'elle a juste besoin de mon soutien. Je m'avance doucement, et sens mon cœur défaillir quand elle s'effondre dans mes bras. J'allais l'embrasser quand j'entends la porte d'entrée s'ouvrir en trombe suivie de la voix portante de ma mère.


-Patrick dios mio fais attention avec ma valise bichito!


Quand elle m'aperçoit enfin avec Ally à côté de moi essayant de sécher discrètement ses larmes, elle se fige


-Camerone Torres j'espère que ce n'est pas à cause de toi si ma bella Allyson pleure!


-Mama bien sûr que non, dis-je offusqué pendant qu'Ally glousse à coté de moi


-Il y a intérêt! Je n'ai pas élevé une mauvaise fille.


Je rigole et m'avance pour la prendre dans mes bras.


-Vous ne deviez pas rester tous le week-end dans la maison que les Hathaway vous ont loués pour le mariage?


Patrick me lance un regard désespéré


-C'était en effet le projet, mais ta mère ne supportait pas tous ce luxe et m'a supplié de rentrer à la maison


-Supplier? (elle lui met un coup de sac) Je n'ai rien supplié dû tout! Je voulais rentrer alors nous sommes rentré.


Patrick et moi échangeons un regard complice devant la mauvaise foi de ma mère.


-Tu n'as pas une réunion toi? Me rappelle soudain cette dernière


-J'allais justement me préparer, mens-je. Ally tu viens?


Je lui tends une main qu'elle s'empresse de prendre


-Ravie de vous avoir revue Dominica


-De même Amor, et j'imagine que ça ne sera pas la dernière fois, lui dit-elle avec un clin d'oeil


Ally rougit instantanément et s'empresse de me suivre à l'étage. Arrivée dans ma chambre je la regarde incertaine et ridiculement angoissée de ce que je m'apprête à lui demander


-Ça te dirait de m'accompagner à ma réunion de ce matin?


Elle allait répondre mais je la coupe


-Je sais ce n'est pas la sortie la plus sexy mais je pense que ça pourrait te permettre de comprendre quelques trucs...


Ally s'approche de moi et me surprend en posant ces lèvres sur les miennes dans un baiser délicat


-Avec plaisir


Elle allait partir en direction de ma salle de bain mais je lui attrape le bras m'apprêtant à lui poser la question qui me brûle les lèvres depuis que ma mère a coupé notre conversation


-Comment tu es sortie de cette internat?


Les larmes lui remontent au yeux mais elles ne les laissent pas couler. Après quelques secondes elle finit par me répondre :


-Ma mère... C'est ma mère qui m'a sortie de là.


Et son petit corps disparaît dans la salle de bain.

Si loin de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant