Si loin de toi

Home sweet home

Camerone :

Assise dans le vieux canapé vert de chez moi, mon vrai chez moi, je n'ose pas lever les yeux sur ma mère assise dans le fauteuil en face de moi depuis que j'ai commencée mon monologue il y a presque quarante minutes.

-Dis quelque chose mama, s'il te plait, lui dis-je en sentant des larmes remplir mes yeux

Je lui ai tout dis. Absolument tout sur les trois dernières années de ma vie, si ce n'est plus. Je lui ai parlé d'Ally, de notre relation jusqu'à son départ soudain au même moment ou mon géniteur avait faillit nous tuer. Ma descente aux enfers arrivée à New-York, comment Jordan à été un rock pour moi, puis sa trahison que je n'arrive pas à digérer, la réapparition d'Ally et sans oublier ma dépendance à l'alcool. Quand je prend enfin mon courage à deux mains pour regarder ma mère, c'est son visage baigné de larmes qui me fait face et me brise instantanément le cœur. Elle me regarde et je suis surprise de ne trouver aucune trace de colère ou de déception dans ses yeux, seulement une profonde tristesse. Causé par moi.

-Mi amor, dit-elle dans un souffle en portant une main à sa bouche pour retenir un sanglot

Je me rue vers elle pour le prendre dans mes bras et m'effondrer à mon tours. Je ne sais pas qui de nous deux rassure vraiment l'autre mais ça n'a pas d'importance. J'ai besoins d'elle. Lui cacher tout mon mal-être et l'avoir tenue à distance pendant si longtemps a été une de mes plus grosses erreurs. Après quelques minutes, elle attrape finalement mon visage de ses grandes mains bronzées et plonge son regard dans le miens d'un air sérieux.

-Plus jamais tu m'entends Camerone? Plus jamais tu me caches à qu'elle point tu as mal.

-Si tu savais à quel point j'avais peur de te décevoir mama, je suis devenue exactement comme lui. Il avait raison maman, je ne suis qu'une bonne à rien ! dit-je sans parvenir à m'arrêter de pleurer

-Stop tu arrêtes ça tout de suite! Tu ne te met pas à pleurer sur ton sort Camerone Torres! dit elle en tapant du point sur la table basse du salon. Peu importe notre passé ou même nos liens de sang, on choisit toujours qui l'on veut être! Ce n'est pas parce que ton père était un sale alcoolique qui ne savait pas contrôler ses excès de colère que tu es automatiquement condamnée à être la même personne.

Je la regarde les yeux toujours baignés de larmes et l'écoute comme si ses paroles avaient des bienfaits cicatrisants sur mes blessures les plus profondes.

Elle se penche finalement vers moi et caresse délicatement ma joue.

-Tu n'es pas comme lui mi vida et tu ne seras jamais comme lui. Tu sais pourquoi?

Je lui fait non de la tête n'arrivant pas à prononcer le moindres mots.

-Parce que tu es quelqu'un de bien Camerone. Tu es quelqu'un de bien! Répète t'elle plus fort comme pour essayer de me l'encrer dans le tête

Elle passe sa main sur mes joues pour essuyer mes larmes et me dis :

-Maintenant on va régler tout ça mi amor. Tu vas réussir à te sortir de tout ça te prometo mi hija.

Deux jours plus tard :

Je me réveil difficilement en entendant le bruit strident et agressant de l'aspirateur de ma mère. J'allume mon téléphone pour regarder l'heure : 8h

Voilà une chose qui ne m'avait pas manqué ça c'est sur...De toute façon je ne devais pas me réveiller tard ce matin je dois me rendre à un groupe de parole pour alcoolique anonyme. Honnêtement je fait plus ça pour rassurer ma mère qu'autre chose parce que les réunions pour AA, j'ai déjà donnée à New-York, et on sait comment ça a fini..Mais Patrick, le fiancé de ma mère m'a assuré que celle là avait aidé de nombreuses personnes et qu'elles se sentaient de nouveau elle même grâce à ce groupe de parole blablabla. Un de ses amis et ancien alcoolique y travail comme bénévole (comme le monde des alcoolo est petit...). Je veux m'en sortir, vraiment. Et si pour ça je dois passer par un milliard de réunions je le ferait. Je descends en direction de la cuisine attirée par l'odeur des tostadas et du café cubain le petit déjeuné spéciale "remonte morale" de ma mère.