Est-ce que je suis fou?

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-          Hé Lock ! Tu te bouges ? Faut pas qu’on rate le train ! cria Corentin à l’adresse de son ami.

Ils devaient repartir ensemble sur Paris par le train de 17h, Baptiste s’offrant quelques jours off avant de repartir sur Malte, mais le brun était planté en plein milieu du couloir, son sac dans une main, son téléphone dans l’autre, contemplant ce dernier en fronçant les sourcils.

Corentin plissa les yeux et s’approcha de son ami, inquiet.

-          Ho, Baptiste ! Tu fous quoi ? Y a un souci ?

Il espérait que ce n’était pas encore des abrutis critiquant les choix de vie de Locklear, il y en avait eu assez pendant le week-end. Celui-ci releva la tête et demanda :

-          Hey, Gota, heu… Tu sais pas où il est Squeezie en ce moment ?

Corentin haussa les sourcils, surpris.

-          Bah, il doit être chez lui pourquoi ?

-          Pour rien, répondit Baptiste en remettant son téléphone dans sa poche.

Il ajusta son sac de voyage sur son épaule et se mit en route sans rien ajouter. Corentin le regarda partir avec perplexité, puis haussa les épaules et le suivit.
 
Le trajet jusqu’à la gare fut silencieux. Baptiste s’était enfermé dans un mutisme qui n’avait rien d’inhabituel pour qui le connaissait un peu : en dehors de ses streams, ce n’était pas forcément quelqu’un de très volubile, il était même plutôt discret. C’était toujours un étonnement renouvelé pour Corentin de voir ces deux facettes de son ami, le Locklear public, exubérant, criant et riant en live et le Baptiste privé, plus silencieux, solitaire et presque renfermé, dont il était parfois difficile de deviner les pensées certains jours.

Une fois installés dans le train, il tenta d’amorcer la conversation une ou deux fois, mais le brun ne fit même pas mine de l’écouter et Corentin abandonna bien vite, se contentant de lui jeter des coups d’oeils de temps en temps, inquiet tout de même.

La tête rejetée en arrière sur le dossier, ses écouteurs vissés dans ses oreilles, Baptiste se moquait bien des inquiétudes de Corentin. Il repensait au message qu’il avait reçu un peu plus tôt et se demandait à quel moment il était devenu fou. Il n’avait pourtant pas rêvé la présence de Lucas dans sa chambre cette nuit, si ?

Quand il s’était réveillé en début d’après midi, son premier réflexe avait été de chercher son ami du regard. Mais la chambre était vide, et rien ne laissait penser que quelqu’un d’autre y était venu à un moment. Après s’être rafraîchi et avoir changé de vêtements (parce que vraiment, il n’allait pas rester dans ses fringues de la veille), il était descendu à la réception pour demander le numéro de chambre de Lucas. Mais la réceptionniste lui avait assuré qu’elle n’avais ni de Lucas Hauchard, ni de Squeezie d’enregistré à l’hôtel. Personne non plus, lui assura-t-elle, n’avait téléphoné ou demandé après lui ou son numéro de chambre, ni laissé de message à son attention.

Il avait alors regagné sa chambre en envoyant un sms à Lucas pour savoir où il se trouvait. Et la réponse, reçue alors qu’il allait quitter l’hôtel avec Gotaga, l’avait complètement décontenancé : « Hé, où tu veux que je sois frérot ? Dans mon canapé ! J’ai bossé tout le week-end, moi, je suis cre-vé ! ».

Putain, il ne s’était quand même pas fait un film tout seul ? Ok, il était super fatigué, et le week-end avait été long, mais de là à inventer une histoire pareille ? Son cerveau avait complètement vrillé ou quoi ? Mais en même temps, pourquoi Lucas mentirait sur sa localisation ?

Se sentant mal à l’aise, il remua nerveusement dans son fauteuil, attirant sur lui l’attention de Corentin.

-          Ca va ? demanda celui-ci.

-          Tu crois que je suis cinglé ? répondit Baptiste sans réfléchir.

Au moins, la tête de Corentin valait le détour.

-          C’est quoi cette question débile, Lock ? T’as encore eu des commentaires à la con sur les réseaux ? s’agaça son ami. Je t’ai dit d’arrêter de regarder ce qu’écrivent tous ces trolls ! T’es un gars super !

-          Ouais, non, t’as raison, je vais arrêter… mentit Baptiste, content de cette porte de sortie.

Franchement, est-ce qu’il pouvait dire à Gota qu’il avait rêvé de Lucas lui ôtant ses chaussures ? Clair qu’il se retrouverait enfermé chez les fous dans la minute.

-          … faut qu’ils se calment ces débiles, je croyais que Zera les aurait calmé, franchement c’est abusé et… continuait Corentin, sans remarquer que Baptiste ne l’écoutait de nouveau plus, se contentant de hocher vaguement la tête, les yeux dans le vide.

Tu le méritesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant