Baptiste avança vers la tour de son ordinateur pour l’allumer. Avant même d’avoir effleuré le bouton power, il sentit la crise arriver. Il se recula précipitamment jusqu’à se retrouver dos au mur, et se laissa glisser le long de celui-ci, tremblant, la respiration erratique.
Son téléphone glissa de ses doigts sans force, toujours ouvert sur le message de son modo qui voulait savoir s’il y aurait un live le soir même.
Non, pas de live ce soir, se dit-il. Peut-être plus jamais de lives.
Dans sa tête, les voix de Lucas et de sa copine le narguaient, pendant que dansaient devant ses yeux les messages qu’il avait vu.
L’angoisse l’étouffait de plus en plus, et son estomac se retourna, contracté par une violente nausée. Il se pencha en avant, mis la tête entre ses jambes, et se concentra pour calmer sa respiration, une inspiration douloureuse après l’autre.
Lucas avait raison, il faisait vraiment pitié. Il resta prostré de longues minutes, avant de récupérer suffisamment d’emprise sur lui-même pour pouvoir se lever et sortir de son studio, ramassant son portable au passage.
Il gagna la salle de bain et se passa de l’eau sur le visage, faisant attention de ne pas mouiller sa main bandée. Son reflet dans le miroir lui rendit un regard morne et vide tandis qu’il se séchait.
Que dirait ses viewers si ils le voyaient dans cet état ? Seraient-ils d’accord avec Lucas ? Autant il s’était senti soutenu par sa communauté pendant le Zevent, porté par l’amour qu’elle lui témoignait, autant il doutait complètement désormais. Et il se retrouvait désormais seul comme un con, enfermé chez lui, incapable d’allumer son pc pour régaler ses viewers, paralysé par la panique à l’idée qu’on lui dise qu’il n’était qu’un imposteur, qu’il ne servait à rien et ne méritait pas d’être là.
Le seul live qu’il avait tenté de faire, après son retour à Malte, s’était écrasé en vol. Il avait démarré l’ordinateur, fait une notif de live, et s’était retrouvé incapable d’aller plus loin, saisi par une crise de panique violente au moment d’ouvrir le micro et la caméra. Après plus d’une trentaine de minute, il avait pu envoyer un message à Lidros disant qu’il s’était blessé à la main et prenait congé. Le modo, réactif, s’était alors chargé de faire passer le message aux viewers.
Depuis Baptiste était incapable de s’approcher de son ordi, et même lui trouvait ça pathétique.
Il était toujours devant la glace quand son téléphone vibra. Corentin essayait une nouvelle fois de le joindre. Un instant il hésita entre répondre ou non, et il le bascula finalement sur répondeur avec un soupir.
Après quelques secondes, il reçut une notification de message vocal, qu’il effaça aussitôt, comme les précédentes. Il aurait pu le bloquer, mais une sorte de pulsion masochiste l’en empêchait. Il préférait se faire du mal à se demander combien de temps, encore, il lui restait avant que Corentin ne se lasse et qu’il ne soit définitivement seul. C’était idiot, c’était tout lui.
Quant à répondre… il avait bien trop peur d’entendre ce que son ami avait à lui dire. Des critiques, des mots de soutien ? Les premières seraient sûrement méritée, les seconds.. peut-être faux pour ce qu’il en savait. Après tout, il pensait jusqu’à il y a peu que Lucas était son ami.
Merde, Baptiste, reprends-toi ! s’admonesta-t-il. Peut-être que manger lui ferait du bien ? Il n’avait presque rien avalé ces derniers jours.
Il se dirigea vers la cuisine, et sortit une poêle pour se faire cuire des œufs au plat, qu’il pourrait agrémenter d’une salade. Vaillamment, il tenta d’ignorer sa nausée à l’idée de manger et termina sa préparation. C’est en prenant la poêle chaude pour se servir qu’il eut une vision de Lucas. En plein confinement celui-ci l’avait appelé en visio pour se plaindre d’avoir raté ses œufs au plat et demander des conseils. Baptiste s’était moqué à n’en plus pouvoir des compétences culinaires inexistantes de son ami.
La poêle s’écrasa au sol dans un bruit sourd, les œufs se répandant tout autour. Baptiste se précipita dans ses toilettes et rendit tout le contenu de son estomac.
Dehors, l’orage grondait.
.......
Petit mot de scribouillarde : il était temps de revoir un peu les sentiments du principal concerné non? ˆˆ;
Merci à tous ceux et celles qui m'encouragent et me laisssent des commentaires, qui me font très plaisir et me font avancer dans cette histoire! (j'essaye de répondre à tout le monde, râlez si je vous oublie. :) )
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Tu le mérites
RomanceAprès le week-end émotionnellement chargé qu'il vient de passer, Locklear n'aspire plus qu'à se reposer et à passer à autre chose. Mais il a rarement ce qu'il veut, et cette fois-ci ne va pas faire exception à la règle...