38.

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Taehyung soupira lourdement, comme soulagé du poids des mots qu'il venait de formuler, mais son expression restait contrite, démontrant toute une tension interne et un malaise qui se révélait graduel au fur et à mesure des minutes. Le silence entre nous fut saisissant et sidéré, estomaqué par ce qu'il venait d'annoncer. Je balbutiai, pris de panique :

-Comment ça tu ne veux pas que je parte avec toi ? C'est une blague, c'est ça...

-Ce n'est pas une blague, répondit-il doucement. Je te l'ai dit, je sais ce que je fais et j'ai mûrement réfléchi avant de prendre cette décision.

-Visiblement pas assez, répliquai-je durement.

-Yoongi, je veux aller en Allemagne, mais seul.

La troisième répétition fut celle de trop et mon corps reprit soudainement le contrôle de mon esprit, s'animant avec brusquerie :

-Tu ne trouves pas qu'il y a quelque chose qui cloche dans ta phrase ?

Je me sentais à deux doigts de m'énerver pour de bon.

-Y a rien qui cloche. Je sais que tu penses que je suis incapable de partir tout seul et tu as raison. C'est justement pour ça, qu'il faut que je le fasse.

-Ce n'est pas logique, c'est complètement stupide !

-Ce n'est pas stupide, répondit-il d'un ton plus grave. C'est nécessaire. Tu ne le vois pas, mais moi, je le vois. C'est nécessaire maintenant.

J'étais confus, mais par-dessus tout, je me sentais irrité et irritable, tendu.

J'avais le sentiment que je perdais le contrôle de quelque chose.

Il prit une grande inspiration, fermant les yeux un instant avant de marmonner :

-Il faut qu'on se sépare. Il faut qu'on mette de la distance entre nous.

-Pourquoi faire ? répliquai-je, piqué à vif. D'où sort cette idée ? C'est quoi ce bordel ? Non mais tu entends ce que tu dis ?

-Écoute-moi, insista-t-il en prenant ma main, s'il te plaît écoute-moi très attentivement.

-Pour quoi j'écouterais quelque chose de complètement délirant ? rétorquai-je abruptement.

-Il faut que je m'en aille, autant pour moi, que pour toi.

-Quoi ? Non ! Enfin, qu'est-ce que c'est que cette idée à la con ?

Je sentais que je m'emportais, que quelque chose surgissait de moi, prenait le contrôle de mes pensées.

-Ne t'énerve pas... chuchota-t-il, presque fatigué de devoir lutter contre moi.

C'est moi qui luttais contre lui.

-Que je ne m'énerve pas ? Tu viens me dire que tu veux te barrer à des kilomètres d'ici et me laisser là. Pourquoi ? « Pour moi » ? Ne te fous pas de ma gueule ! Tu veux que je reste planté là alors que tu vas peut-être essayer de te suicider en Allemagne ?

-Je ne vais pas me suicider en Allemagne ! répliqua-t-il, soudain blessé. Pourquoi tu penses toujours à ça ?

Mais avant que je ne puisse rétorquer, il me coupa d'un mouvement de main.

-Je ne veux pas me disputer avec toi, je veux qu'on essaye de se comprendre...

-Moi aussi je veux qu'on essaye de se comprendre, grognai-je brusquement, mais tu dis des choses qui n'ont pas de sens !

-Tu crois ? Moi je crois que ça a un sens justement et que tu refuses de le voir, insista-t-il en me fixant droit dans les yeux.

-C'est moi qui refuse de voir quelque chose ? m'offusquai-je.

L'AccidentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant