Dans la cabine, la tension est palpable. Sauf que je suis assez grande pour savoir que si je fais ce qu'il me demande, il ne va pas se contenter de regarder. Je ne sais même pas si ce n'est pas moi qui finirais par le supplier de me toucher. Je rassemble tout le courage qui est actuellement présent dans mon corps et je recule de deux pas. Il comprend à cet instant que je ne vais pas me laisser amadouer. J'arrive à le lire sur son visage, dans ses yeux. Pourtant, il n'a pas l'air en colère. J'imagine qu'il pense que ce n'est que partie remise.
- Bon. D'accord. Je t'attends dehors.
C'était plus facile que ce à quoi je m'attendais. Je le regarde s'éloigner et je prends une profonde inspiration. Je me rends alors compte que j'avais arrêté de respirer alors qu'il était près de moi. Je reprends contenance et je me déshabille. J'enfile la robe et me regarde dans le miroir. C'est comme dans un rêve et j'ai l'impression d'être une Princesse. Avec mes cheveux et le maquillage, pour la première fois, je me regarde dans le miroir et je me dis que je suis jolie. J'ai envie d'être là où je suis en ce moment et je ne pense plus à tout ce que j'ai laissé en France.
J'enfile les chaussures qui étaient également dans la cabine et je vais vers la sortie. J'ai grandit d'environ 10cm et je me sens plutôt bien. Quand je sors, je sens les regards se tourner sur moi et je vois Easton qui lève la tête de son téléphone. Ses yeux bleus sont impénétrables mais j'aime ce que j'y vois. Je ne devrais pas mais j'aime ne plus y voir d'hostilité, comme au début.
- Vous allez faire des jaloux, Monsieur, déclare un homme qui passe dans les parages.
- J'en suis heureux, réplique celui-ci sans me quitter des yeux.
- On peut y aller ? je demande pour cacher mon malaise.
Je n'aime pas vraiment être le centre de l'attention et je me rends compte, seulement à ce moment que je vais être le sujet à toutes les lèvres, ce soir. Celle qui a été ramenée à une soirée de charité par Easton Montgomery. Mes mains se mettent à trembler, signe de mon stress avancé. Easton s'approche et comme d'habitude quand il voit que je panique, il attrape mes mains et se met à me rassurer.
- Je suis là. Ils ne te feront pas de mal, je m'en assurerais personnellement.
Je hoche la tête tout en maintenant mon regard rivé au sien. J'ai l'impression que ma vie dépend de lui, à présent. Il va falloir que je survive à cette soirée. Peut-être qu'ensuite, je pourrais être tranquille puisque les médias se diront qu'Easton a prouvé assez longtemps qu'il pouvait être un bon petit ami pour qui que ce soit. Je suis dans mes pensées et je sens ses doigts lâcher les miens pour venir caresser mes épaules. Il s'humecte les lèvres sous mes yeux et j'avale ma salive avec difficulté.
- Ce ne sera pas difficile de faire croire au monde entier que je te désire... murmure-t-il dans un souffle.
- Easton... je souffle à mon tour.
Je sais que je suis sur une pente glissante et qu'accepter ses avances me ferait pénétrer dans une spirale que je ne suis pas certaine d'être prête à endurer.
- Il faut qu'on y aille, bébé. La limousine nous attend. On va récupérer les autres.
Je hoche la tête et je détourne le regard. Nous nous mettons en route, en silence mais toujours main dans la main.
Kera est magnifique. Elle porte une robe rose pale, longue et coupe sirène qui met parfaitement sa silhouette en valeur. Jordan est comme son frère, très beau. Costume trois pièce et les cheveux en arrière, il est le parfait mari pour cette femme splendide. Les enfants sont tout aussi mignons. Ginny et Abby portent la même robe jaune pastel et Trevor est la copie conforme de son père. Ça me fait sourire. Kera me complimente sur ma tenue et la limousine se met en route.
Les rires emplissent l'habitacle et je me sens chanceuse. Je suis chanceuse d'être tombée dans cette famille si aimante et qui me considère comme faisant partie intégrante de la famille. Easton garde la main rivée sur ma cuisse et je surprends plus d'une fois le regard de Jordan sur celle-ci. Nous ne mettons pas très longtemps avant de nous garer devant un grand bâtiment qui est éclairé de mille feux. Quand la porte s'ouvrent, les flashs crépitent autour de nous. Jordan sort en premier avant de prendre la main de sa femme. Les enfants suivent et une boule commence à se former dans ma gorge. Je tourne la tête et surprend le regard d'Easton sur moi. Il ne semble pas bouger.
- On reste ici ?
- Jusqu'à ce que tu te sentes prête à sortir.
Mon coeur manque un battement. Il est vraiment soucieux de ce qu'il se passe en moi. S'il savait que j'ai l'impression qu'une tornade est en train de se déchaîner en moi et que je suis en train de passer par toutes les émotions possible, il ne m'aurait certainement pas dit ça.
- Tu es belle, Charlotte. Tu vas plaire à tout le monde, là dedans.
Je n'en suis pas aussi sûre que lui. Je suis la petite française arriviste et je sais déjà ce que pense les gens de moi sur les réseaux sociaux. Je ne suis pas appréciée et je ne suis pas sûre que ça change après cet événement. Il sent mon pessimisme parce qu'il se racle la gorge. Je détourne la tête et il m'embrasse sur le front. Comme le ferait un frère pour réconforter sa soeur. Je n'arrive pas à dire ce que je ressens. Je sais que j'aurais aimé qu'il m'embrasse à un autre endroit mais je n'ose pas y penser. Je suis juste contente qu'il arrive aussi bien à chasser tous mes doutes. Je prends une profonde inspiration avant de soupirer un grand coup.
- Je crois que je suis prête, j'annonce.
- Génial. Je serais tout le temps là.
- Je sais, je lui dis avec un sourire de connivence.
Il me fait un clin d'oeil et sort de la limousine. Il tend sa main alors qu'on entend déjà son prénom dans le dédale de journalistes. Ils veulent tous qu'il les regarde. Pas étonnant, je suis accompagnée d'une star nationale du Hockey sur glace et en plus de ça, j'imagine que c'est celui qui plait le plus aux femmes. Quand je pose un pied à l'extérieur, il semble y avoir un moment de flottement. Les flashs crépitent toujours mais je n'entends plus le prénom d'Easton. Je quitte la limousine et me concentre seulement et uniquement sur Easton. Je ne le quitte pas des yeux. Parce que je n'ai pas envie de perdre mes moyens en voyant ce qu'il se passe autour de nous. J'ai l'impression qu'il est mon ancre, ici. Je serre sa main à lui en faire mal et je l'entend rire doucement. Nous avançons sur le tapis rouge et je sens que si je regarde autour de nous, je ne serais même plus capable de mettre un pied devant l'autre. Pourtant, je commence à entendre mon prénom. Easton s'arrête au milieu du chemin entre la limousine et la porte.
- Il faut qu'on leur donne quelques chose, dit-il assez fort dans mon oreille pour que je l'entende.
Je lève les yeux vers lui quand il se redresse. Il hoche la tête et je sais que je dois regarder les objectifs des appareils photos qui sont devant moi. Je pivote sur mes pieds et il passe son bras autour de ma taille. Il pose sa main sur ma hanche et je me concentre sur les sourire que je dois laisser apparaître sur mes lèvres. Les flashs m'aveuglent ce qui rends plus facile le fait de regarder les gens autour de moi. Je ne sais pas combien de temps nous restons là mais je sens finalement les doigts de l'autre main d'Easton caresser mon épaule gauche, celle qui est collée contre lui. Je me retourne pour l'interroger du regard. On doit certainement avancer pour rejoindre les autres.
Quand je lève le visage vers lui, ses lèvres se posent presque directement sur les miennes. Je suis surprise mais j'essaie de ne pas le laisser paraître. Ses lèvres sont douces. On a l'habitude de se montrer quelques marques d'affection devant les enfants parce qu'on veut vraiment leur faire croire qu'on forme un couple. Seulement, ici, devant le monde entier, c'est différent. Les baisers habituels sont chastes et rapide. Je ne me souviens pas avoir déjà eu ses lèvres collées au miennes aussi longtemps. Quand j'entre-ouvre les miennes, il y insère sa langue. Un frisson me parcours. C'est très loin d'être un frisson de dégoût et je sais que je ne devrait pas ressentir ce désir qui m'anime. Seulement, c'est plus fort que moi. Je pose ma main droite sur son torse et profite un instant de ce moment. Il rompt le baiser peut de temps après et m'entraîne dans l'immeuble qui abrite la soirée organisée par l'entreprise de Jordan.
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Le feu et la glace
RomanceCharlotte a vingt trois ans et un tempérament de feu. Elle a toujours voulu vivre aux États-Unis et elle quitte finalement La France lorsqu'elle trouve une famille qui souhaite l'avoir comme fille au paire dans leur famille. Les enfants sont jeunes...