Le feu et la glace

B E A C H

La plage n'est pas à plus d'une heure de route de la maison de la famille. Nous ne mettons pas longtemps à la rejoindre. Quand nous y arrivons, les enfants se dépêchent de rejoindre les autres enfants qui jouent déjà dans le sable. J'aide Kera et Jordan à sortir les affaires. J'ai décidé d'oublier tout ce qui est en train de changer dans ma vie et de juste profiter du soleil pour bronzer un peu et faire en sorte que la journée se passe bien. 

- Est-ce que tu veux de la crème solaire ? demande Kera alors que je suis en plein soleil depuis bientôt dix minutes. 

Je secoue la tête. Je prends très rarement des coups de soleil et je sens qu'il n'est pas encore assez fort pour me brûler. Je préfère donc prendre de l'huile de Monoï et m'en enduire un peu partout sur le corps. 

Je prends une photo de mes jambes déjà un peu halée par le soleil et brillantes grâce au Monoï avec en second plan les enfants qui jouent sur la plage. Je décide de la poster sur ma story Instagram parce que je refuse de m'empêcher de vivre. Mes amis ont le droit de voir ce que je suis en train de vivre. 

J'ai tellement mal dormi cette nuit que, derrière mes lunettes de soleil, je m'endors profondément, allongée sur le sable chaud. 

Je suis réveillée par un mouvement sur ma droite, là ou normalement il n'y a personne. Je crois d'abord que ce sont les enfants qui jouent un peu trop près de nous. Je change de côté, décidant que mon ventre a assez pris le soleil, je m'allonge sur celui-ci. Ce n'est que lorsque je place ma tête sur mes bras, tournée du côté du mouvement que j'ai perçu tout à l'heure que je le vois. 

Easton est là, sur sa serviette, en train de me regarder avec envie. Je fronce les sourcils, me redresse et lance un regard à Kera par dessus mes lunettes. 

- Je croyais qu'il ne venait pas. 

- Il n'était pas censé venir, réplique-t-elle en lançant un regard noir à son beau-frère. 

- J'ai vu ta photo sur Instagram, bébé, dit-il avec un sourire dans la voix. 

Je me retourne pour le fusiller à mon tour du regard. Mais ça l'amuse plus qu'autre chose. 

- Je me suis dit que je ferais bien d'être à l'endroit où est ma petite amie quand elle est à moitié nue. 

Je serre la mâchoire et il sourit de plus belle. Ça m'énerve d'autant plus parce que je le trouve attirant. Irrésistiblement attirant. Je le trouve beau autant que je le trouve détestable. Les deux idées que je me fait de lui s'entrechoquent dans mon cerveaux et je ne suis plus capable de parler quand il est aussi près de moi. Il ne sait et ça me rend folle de rage. 

- Prenons une photo tous les deux. 

- Hors de question, je déclare en tournant la tête de l'autre côté. 

- Pas grave, je poste une photo de tes fesses... Elles sont parfaites, dans ce maillot... 

Je me redresse et il éclate de rire. Je regarde Kera qui se marre, elle aussi. Je me lève et me dirige vers les enfants. J'aurais un peu de compassion auprès d'eux, au moins. Abby coure vers moi lorsqu'elle me vois arriver. 

- Oncle Easton est venu, finalement ? demande-t-elle. 

- On dirait. 

- Je vais lui dire de partir, si tu veux. 

- Je te remercie de cette merveilleuse proposition mais je refuse de me mettre entre ton oncle et toi. Vous l'aimez et je ne veux pas que ça change. Vous jouez à quoi ? 

Il m'explique les fondations de leur châteaux de sable et je suis admirative. Ils ont tous les trois une manière bien a eu de faire les châteaux. Trevor utilise un seau carré avec des remparts alors qu'Abby fait les siens avec un seau plat et rond. Ginny, quant à elle, se contente de faire des montagnes de sable avec ses petites mains potelées. Elle est ravie et à leur contact, je souris réellement. 

- Je vais me baigner, vous voulez venir ? je propose. 

Abby accepte alors que son frère préfère rester sur la plage avec sa soeur. Quand je me redresse, je fait quelques pas en continuant de regarder Trevor et en lui disant d'emmener Ginny remettre de la crème solaire parce que j'ai peur qu'elle prenne un coup de soleil. Je me retourne et frappe de plein fouet un gars qui est en train de jouer au Beach volet avec ses amis. Je manque de tomber en arrière mais il me rattrape inextremis par la taille. 

- Je suis désolée, je ne regardais pas où j'allais, je m'excuse en reculant que quelques pas pour m'éloigner de lui. 

Je le regarde alors et remarque qu'il est plutôt mignon. Il est musclé et blond. On dirait un surfeur californien qui se serait perdu. Il me gratifie d'un sourire Colgate et d'un clin d'oeil avant de dire : 

- Continue de ne pas regarder où tu vas, ma belle petite frenchie. 

Je hausse les sourcils avant de rire. Je crois que c'est la pire technique de drague de tous les temps. Il semble penser que je ris à cause de son humour, ne comprenant pas que je suis clairement en train de me moquer de lui. Il me regarde des pieds à la tête et je semble à son goût. Il s'avance vers moi et demande : 

- C'est quoi ton nom, ma belle ? 

- Montgomery, tonne une voix dans mon dos. 

Je ferme les yeux et soupire. Quand je les ouvre, Easton est à côté de moi et lance des éclairs avec ses yeux. Abby me tient la main. Elle la serre plus que de raison. 

- Eh mec, je savais pas qu'elle était avec toi... déclare le surfeur en reculant de quelques pas. 

- Ne t'approche pas d'elle, ok ?

- East, je gronde. 

Mais il semble ne pas m'entendre. Je suis spectatrice de la colère d'Easton. Abby a peur. Je pense qu'elle a déjà vu son oncle dans une colère noire et qu'elle sait ce qu'il peut se passer. Il est en train d'avancer vers le type alors que ce dernier ne fait même plus attention à moi. 

- Easton ! je crie cette fois. 

Il s'arrête et tourne la tête vers nous. Abby est cachée derrière moi et il remarque qu'il lui a fait peur. Il oublie instantanément le surfeur et se met à genoux près de moi pour être à la hauteur de sa nièce. 

- Abby... souffle-t-il. 

Sa tête n'est qu'à quelques centimètres de mon ventre et tous mes muscles sont tendus. La petite ne veux pas avoir à faire avec lui. Elle lâche ma main et cours vers ses parents. Jordan est debout, il était près à intervenir s'il y avait eu besoin. Easton est toujours à genoux et il se passe la main dans les cheveux. Quand il lève la tête vers moi, je vois les larmes dans ses yeux qui menacent de couler.