Echange

Chapitre 13

PDV Inès:

Le cours de finances était trop marrant, on a conruit une banque avec des tables et on a dû embobiner le type qui était au guichet pour récupérer 500 balles. On s'est fait plein de potes, surtout Robin, le mec du guichet. Il nous a dit que les premiers cours sont marrants pour rassurer les nouveaux, mais qu'après ça se corse. On a quitté la salle de finances pour aller dans un grand hangar plein de trucs électroniques. Robin prend une caisse en carton et se dirige vers une salle ronde. Il explique:

"Maintenant, on a obstacles. Vous allez manger un peu et serez projetés dans un jeu vidéo où vous devrez survivre.
À la clé, si vous réussissez tous les obstacles, vous aurez droit à une mixture secrète qui révèle le ou les potentiels de chacun. Pour les amateurs de fictions, les potentiels sont appelés pouvoirs mais ce mot n'est pas très scientifique, nous ne l'utilisons pas."

Il nous distribue une ration de viande et on la mange. Elle n'a pas de goût.
Le paysage s'efface peu à peu, pour se reformer dans ma tête. Le jeu puise dans mes souvenirs.
Je suis sur le terrain de paintball de mon oncle. Sauf que sur le sol, il y a un Magnum 77. Et je peux vous dire tout de suite que c'est pas une délicieuse glace au chocolat.
Je me sais en danger et le prend. Je le range dans la poche arrière de mon jean. Un couteau de chasse y est déjà.

Une voix:

"Vous avez franchi l'étape 1, vous n'avez pas peur des armes"

"Étape suivante"

Je me relève et avance pour chercher les toilettes. Derrière un mur, je vois un homme, la tête fracassée contre un rocher. Dans sa poche, je vois une enveloppe couverte de sang. Je sais qu'elle est importante.
Les mots "à protéger " sont inscrits à l'encre noire.
Je surmonte mon dégoût et la tire de son logement.

"Vous avez franchi l'étape 2, vous n'avez pas peur des cadavres"

"Étape suivante"

Je commence à me demander combien d'étapes compte ce jeu.

"4 "

Ok ! Il/elle peut lire dans mes pensées ?

"Oui, mais seulement jusqu'à l'étape 4"

Bon, on va faire avec.
Un enfant approche.
Il me tend la main, laquelle est constellée de taches bleues.
Ahhhh ! Mon cousin est mort de cette étrange maladie !
Je ne me sens pas bien, j'ai envie de pleurer, les souvenirs remontent en masse !
La souffrance ressentie est bien pire que la mort !
Mais... ha ! J'ai compris ! Je dois le tuer.
Je me place en face de lui, tire mon magnum de ma poche et en pointe l'extrémité sur sa tête avec mes deux mains.
Il est si mignon !
J'appuie !

"Vous avez franchi l'étape 3, vous n'avez pas peur de tuer"

"Étape suivante"

Le corps de l'enfant n'a pas touché terre. Il a tout simplement disparu.
J'ai une mort sur la conscience.

Je lève les yeux et me voit, belle et habillée de rouge, les cheveux tachés de sang et le regard hautain.
Je m'approche de moi et remarque le Tazer posé dans ma main.
Je l'approche de mon cou et enclenche le mode maximum.
Le miroir posé devant moi reflète un autre moi. Et le premier moi doit mourir.
J'appuie.

"Vous avez franchi...

Les voix s'éteignent. Tout s'éteint.

Je suis dans un désert noir. Le ciel est bleu, le sol est noir.
Un aigle royal tournoie dans le ciel.
Une plume se détache de son aile gauche et descend lentement vers moi. Elle se pose sur mon tatouage de rose et pénètre ma peau.
L'aigle est plus proche maintenant. D'autres plumes se détachent et pénètrent sur mon bras gauche, autour de la première.
Je n'ose pas crier de peur de troubler le silence. La douleur est indescriptible, je sens les plumes broyer la chair devant elles et la reformer derrière elles.
L'aigle n'avait plus de plumes à l'aile gauche.
J'avais une aile gauche.

Le sable commence à bouger, tournoyer et écrire en lettre noires sur le fond bleu du ciel:

Le savoir du passé et le savoir du futur donnent le savoir infini

Le savoir infini est le pouvoir infini.
Tu est l'élue divisée !

Le passé et le futur sont divisés mais peuvent être assemblés !

Euuuuuuu, traduction ?

Le sable paraît énervé (je sais pas comment je le sais mais bon...)
et gronde en parlant comme maître Yoda:

Toi le futur voir et ta moitié le passé deviner, à vous deux être l'espoir d'un jour des trois temps délivrer

J'entends comme un téléphone que l'on raccroche.
Soudain, le vent commence à souffler, un tourbillon d'air m'emporte je ne sais où (je ne vois rien, le sable est noir).
Je suis emportée de plus en plus vite, je n'ai aucune notion du temps, les secondes sont des heures, des siècles.
Enfin, le rugissement du vent s'atténue, le tourbillon s'élargit et ne bouge plus.
Je vois apparaître une petite forme recroquevillée, Juliette !

Mais... elle a une aile ! Comme moi ! Et la droite ! Donc on est complémentaires !
Je cours vers elle et veut la serrer dans mes bras. Au moment où mon doigt rencontre son épaule nue...